Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Pour la première fois en 11 mois, l’inflation ralentit au Nigéria ; Le président Buhari approuve un investissement de 4,13 Md USD pour la construction de 44 routes ; Le Nigéria est le premier importateur de carburant et de générateurs diesel en Afrique ; Les exportations non-pétrolières ont augmenté de 40% en 2022.

 

- Ghana : Seconde hausse des tarifs de l’électricité et de l’eau en moins de 6 mois ; Le Ghana repousse pour la troisième fois la date limite d'échange de la dette intérieure.

Le chiffre à retenir:

2% C’est le pourcentage d’augmentation de la production de bière en 2021, faisant du Nigéria le 2ème pays producteur du continent, après l’Afrique du Sud.

  

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Nigéria

Pour la première fois en 11 mois, l’inflation ralentit au Nigéria

En décembre 2022, et pour la première fois depuis 11 mois, le taux d’inflation sur un an glissant au Nigéria a diminué. En novembre 2022, les prix avaient en effet augmenté de 21,5% sur un an, tandis que cette hausse n’était que de 21,4% en décembre. Depuis le mois de janvier 2022, le taux d’inflation n’avait cessé d’augmenter, traduisant l’accélération de l’augmentation des prix (+5,9 points). Si l’inflation n’accélère plus, le rythme de la hausse des prix reste très élevé : +1,7% en seulement un mois entre novembre et décembre.

L’inflation est toujours largement tirée par l’augmentation des prix des produits alimentaires (+1,9% en un mois et de 23,8% sur un an, celle-ci ralentit également de 0,38 point de pourcentage. Alors que traditionnellement l’inflation est plus élevée lors du mois de décembre en raison d’une hausse de la demande qui semble cette année être restée relativement stable. Par ailleurs, la stabilité du taux de change de la naira lors du mois de décembre a également permis de limiter les répercussions sur l’inflation. En effet, plus une monnaie se dévalue, plus les produits importés sont chers, hausse qui se répercute ensuite sur l’ensemble des produits. On observe toutefois une forte hausse des prix du transport, dont le taux d’inflation sur un an glissant est passé de 19,5% en novembre à 20,2%, reflétant notamment l’augmentation du prix de l’essence et du diesel.

Le président Buhari approuve un investissement de 4,13 Md USD pour la construction de 44 routes

Le Nigéria fait face depuis plusieurs mois à des difficultés d’approvisionnement en essence, particulièrement dans le nord du pays. Si les associations de pompistes accusent la société nationale pétrolière (NNPC) de politiser les pénuries afin d’augmenter les prix de vente, la NNPC quant à elle pointe du doigt le réseau routier. Plus de 15 mois après avoir fait part de son intérêt pour investir dans la reconstruction de routes à l’Etat fédéral, la NNPC vient de recevoir l’accord du Président Buhari pour un investissement de 1 900 Md NGN (soit 4,13 Md USD).

Grâce à cet investissement, ce sont plus de 4 554 km sur 44 routes fédérales qui pourraient être rénovées à terme. La région centrale du Nigéria, autour de la capitale Abuja, bénéficiera notamment de 245 Md NGN (soit 530 M USD) pour la réhabilitation de 791 km de route. Cet investissement a notamment été facilité par un décret présidentiel pris en 2019, qui a permis la création d’un crédit d'impôt à l'investissement pour le développement et la remise en état des infrastructures routières. L’objectif de cette réduction fiscale était d’accroître la part des investissements privés dans la création et la réhabilitation d’infrastructures routières.

Le Nigéria est le premier importateur de carburant et de générateurs diesel en Afrique

D’après le dernier rapport de l’Agence Internationale des Energies Renouvelables, le Nigéria est le premier importateur de générateurs diesel sur le continent. Sur les 6,5 M de générateurs utilisés sur le continent, 3 M se trouvent au Nigéria. Ce chiffre s’explique par la fragilité du réseau électrique national. L’électricité disponible sur le réseau est fournie à 86% par des centrales à gaz et 14% par des centrales hydrauliques. Cependant, les ruptures d’approvisionnement en gaz, en eau et la mauvaise maintenance des infrastructures font que la capacité disponible sur le réseau national n’est que de 5 500 MW contre une demande cinq fois supérieure. Pour répondre à leurs besoins, 84% des ménages urbains et 86 % des entreprises ont donc recours à des générateurs fonctionnant aux énergies fossiles, coûteux et polluants. 

D’après Transmission Company of Nigeria (TCN), la réhabilitation et l’extension du réseau national requièrent 1 Md USD par an pour les dix prochaines années. La faiblesse du réseau et des infrastructures électriques offre un contexte idéal au virage vers les énergies renouvelables. Aujourd’hui, elles représentent seulement 16% du mix énergétique dont 1% de solaire alors que le potentiel est de taille.

Les exportations non-pétrolières ont augmenté de 40% en 2022

Le Conseil nigérian de promotion des exportations (Nigerian Export Promotion Council, NEPC) a annoncé que les exportations non-pétrolières s’élevaient à 4,8 Md USD pour l’année 2022, contre 3,5 Md USD en 2021, soit une augmentation de 40%. C’est le plus haut résultat enregistré depuis la création du NEPC en 1947. C’est également la première année où les exportations de produits manufacturés et semi-manufacturés dépassent les exportations de produits agricoles bruts à 36% contre 33%.

Sur l’année 2022, le Nigéria a exporté 200 produits non-pétroliers dans 122 pays, ses principaux clients étant le Brésil (12%), l’Inde et les Etats-Unis. Les produits qui ont été le plus exportés sont l’urée et les fertilisants. Représentant 33% du total des exportations (1,6 Md USD), les engrais nigérians ont bénéficié des conséquences de la guerre en Ukraine qui a entraîné rupture des approvisionnements. Dans un contexte de baisse des exportations de pétrole due à la chute de la production, la diversification des exportations est un enjeu de taille pour que le Nigéria puisse alimenter ses réserves de change.  

Ghana

Seconde hausse des tarifs de l’électricité et de l’eau en moins de 6 mois

La Commission régulatrice des services publics a annoncé une révision à la hausse des tarifs de l’électricité et de l’eau. Ils entreront en vigueur le 1er février 2023 et entraîneront une hausse de 30% pour l’électricité et de 8,3% pour l’eau. Il est indiqué que la nouvelle révision des tarifs est due à la volatilité du taux de change, à la hausse de l'inflation, à l’évolution du mix de production et au coût moyen pondéré du gaz naturel. C'est la deuxième fois en six mois que les tarifs sont révisés. Le 1er septembre 2022, la commission avait approuvé une augmentation de 27,15% pour l'électricité et de 21,55% pour l'eau.

Le Ghana repousse pour la troisième fois la date limite d'échange de la dette intérieure

Le Ghana a de nouveau prolongé la date limite d'inscription à son programme d'échange de dette intérieure, cette fois jusqu'au 31 janvier, a déclaré lundi le ministre des Finances Ken Ofori-Atta. Le pays en crise a lancé son plan d'échange de dette début décembre, quelques jours avant de conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un programme de 3 Md USD. Le FMI a déclaré que son conseil d'administration n'approuverait l'accord que si le Ghana procédait à une restructuration complète de sa dette, tant domestique qu’externe. La date limite pour l'échange de dette, initialement fixée au 19 décembre, avait été reportée au 30 décembre, puis au 16 janvier.

Des révisions de l'offre initiale ont permis d'accorder des exemptions aux pensions de retraite après des protestations, mais ont ensuite permis d'inclure des détenteurs d'obligations individuels qui en étaient initialement exemptés. Contrairement aux prolongations précédentes, celle de lundi n'a pas offert d'incitations supplémentaires aux détenteurs d'obligations. La semaine dernière, le Ghana a proposé de verser aux détenteurs de son obligation 2023 une commission en espèces de 2% en échange de leur inscription à l'échange, mais l'opposition au programme est restée importante. Sans révision des conditions, les investisseurs craignent que le programme ait du mal à attirer des participants.