Conférence de Genève pour la reconstruction du Pakistan. (i) engagement à mobiliser 10,57 Mds USD dont 8,7 Mds USD par les contributeurs multilatéraux. (ii) La France est le deuxième contributeur bilatéral de la reconstruction après l’Arabie saoudite.

 

Conférence de Genève pour la reconstruction du Pakistan : engagement à mobiliser 10,57 Mds USD dont 8,7 Mds USD par les contributeurs multilatéraux.

Des responsables d'une quarantaine de pays ainsi que des donateurs privés et des institutions financières internationales se sont réunis à Genève le lundi 9 janvier pour couvrir environ la moitié d'une facture de recouvrement totale de 10,7 Mds USD au titre du 4RF (« Resilient Recovery, Rehabilitation & Reconstruction Framework ») sur un besoin total de 16,3 Mds USD dont le solde doit être en principe pris en charge par le gouvernement pakistanais.

Ce programme qui devra être mis en place au cours des trois prochaines années aura pour fonction de résister au changement climatique.

Les 8,7 Mds USD d’engagements annoncés par les contributeurs multilatéraux se sont distribués de la façon suivante : Banque islamique de développement (4,2 Mds USD) ; Banque mondiale (2 Mds USD) ; Banque asiatique de développement (1,5 Md USD) ; Asian infrastructure  investment bank (1 Md USD).

 

La France est le deuxième contributeur bilatéral de la reconstruction après l’Arabie saoudite.

La France qui était le seul pays à participer à la conférence avec un chef d’Etat (le Président de la République a effectué une allocution en vidéo-conférence) contribue à hauteur de 380 M€ au 4RF (360 M€ AFD, 10 M€ urgence humanitaire et 10M€ Fonds mondial santé) est le deuxième contributeur bilatéral après l’Arabie saoudite (Fonds saoudien de développement – FSD) qui a annoncé une aide de 1 Md USD (devant les Etats-Unis (100 MUSD), la Chine (100 MUSD), l’UE (93 MUSD), l’Allemagne (88 MUSD) et le Japon (77 MUSD).

Le Pakistan a remboursé le prêt de 1,2 Md USD d’un consortium bancaire émirien et va devoir financer une euro-obligation de 1 Md USD en avril prochain.

Il semble qu’après le remboursement d’un prêt à court terme d’1 Md USD effectué la semaine dernière à des banques émiriennes, les réserves de change de la Banque centrale (SBP) s’élèvent désormais à 4,34 Mds USD (soit trois semaines de réserves en moyenne annuelle d’importations), au plus bas depuis mars 2014. L’agence Bloomberg annonce par ailleurs que le Pakistan devra rembourser un Eurobond de 1 Md USD au début du mois d’avril prochain. Selon l’agence, l’Euro-obligation se négocierait avec une décote de 46 %.

En matière de réserves de change, les premiers versements de l’aide liés au programme 4 RF ainsi que l’augmentation des fonds détenus par le Fonds saoudien de développement au sein de la Banque centrale devraient permettre -s’ils sont effectués rapidement- d’échapper au défaut de paiement.

En revanche, l’agence Bloomberg considère que l’année budgétaire 2023/2024 sera celle de tous les dangers car « au moins 11 Mds USD d’échéances (dont des prêts bancaires et d’obligations à court et moyen terme) devront être remboursés ».

– Programme FMI – la rencontre à Genève n’a pas donné lieu à une annonce concernant une mission des services du FMI dans le cadre de la 9ème revue du programme.

Une rencontre entre Ishaq Dar, le ministre des Finances du Pakistan et M. Athanasios Arvanitis, directeur adjoint du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI a eu lieu à Genève le 9 janvier 2023 en marge de la réunion des donateurs.  A l’issue de la réunion, le début d’une mission de la 9ème revue du programme FMI, qui devait avoir lieu le 3 novembre, n’a pas été annoncée.

S’il n’y a toujours pas d’avancées en vue concernant la mission de la 9ème revue du programme, on voit mal comment dans la situation financièrement tendue actuelle, le Pakistan pourrait se passer des deux dernières tranches du programme qui restent à débourser pour un montant de 2,5 Mds USD. On notera qu’au cours de la semaine le ministre des finances a communique sur le fait que le pays se met au diapason des attentes du FMI notamment en matière de subventions énergétiques aux sociétés exportatrices.

Les Saoudiens au secours de la crise des liquidités pakistanaise.

Suite au premier déplacement du nouveau Chief of Army Staff (COAS), le général Syed Asim Munir à Riyad et à la conférence de Genève du 9 janvier dernier, l’Arabie saoudite est de plus en plus évoquée comme le véritable sauveur de la crise pakistanaise des liquidités (avec l’annonce du Fonds saoudien pour le développement -SFD- d’une participation bilatérale de 1Md USD et avec l’annonce du Fonds islamique de développement perçu ici comme essentiellement saoudien de 4,2 mds USD), alors que la Chine avec son engagement de 100 MUSD de dépenses bilatérales et son milliard USD de prêt via Asian infrastructure  investment bank (1 Md USD) apparait en retrait, et se situe en dessous des espoirs pakistanais.

Qu’on en juge, en conférence de presse, le Prince héritier Mohammed Bin Salman a annoncé:

- qu’il avait commandé une étude regroupant des projets potentiels visant à investir dans l’économie pakistanaise à hauteur de 10 Mds USD (ont été évoqués : le méga projet pétrolier et pétrochimique de Gwadar ; le projet de l’engagement potentiel de sociétés saoudiennes dans un possible train de privatisations dans le secteur de l’énergie ; des projets d’investissements privés dans l’agriculture) ;

- que la durée du dépôt à la banque centrale (SBP) de 3 Mds USD via le Fonds saoudien pour le développement (SFD) allait être prolongée d’une année et augmenté à 5 Mds USD.

Par ailleurs, si le renouvellement de la facilité de paiement sur le pétrole saoudien, actuellement fixée à 1,2 Md USD/ an, n’a pas été évoqué, un accord de facilité d’achat d’une valeur de 1 Md USD - s’agissant de produits dérivés du pétrole (huiles de moteurs, produits issus de la pétrochimie) - a été signé en marge du déplacement du COAS.

La crise des liquidités entraine une pénurie de farine qui touche de plus en plus la ruralité et les pauvres de plus en plus en situation de sous-nutrition

La presse communique sur les effets du contingentement de lettres de crédit, désormais effectué au niveau des banques pakistanaises et plus directement par la banque centrale, sur l’alimentation de l’élevage (soja, qui entraine un début de baisse du nombre de poulets disponibles sur le marché et le doublement du prix des poulets depuis trois mois) ; des médicaments ; de l’urée (les stockages ont baissé de 75% par rapport à décembre 2022) et de la farine pour la province du Balouchistan qui n’importe pas de blé étant donné que la province ne compte pas de minoterie. (On notera que depuis le 18ème amendement de la constitution sur les prérogatives des provinces, celles-ci sont en charge de la sécurité alimentaire, elles subventionnent la farine et elles font en sorte d’empêcher les échanges interprovinciaux de farine)

Selon l’UNICEF, la sous-nutrition des enfants a fortement progressé depuis aout 2022 sous le double effet des inondations catastrophiques et de la crise de liquidités. 40% des enfants pakistanais en dessous de 5 ans sont dans une situation de sous-nutrition persistante ; 28% sont en dessous du poids normal.

Premières livraisons de blé russe depuis la Russie depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.

Un communiqué du ministère de l'Alimentation et de la Sécurité nationales annonce que deux navires transportant du blé russe ont livré près de 120 000 tonnes de blé au Pakistan et que le pays doit importer un total de 700 000 tonnes de blé russe via un contrat cadre.