Trente ans après la restauration de son indépendance, une adhésion rapide à l’Union européenne (mai 2004) et à la zone euro (janvier 2009), et être devenue le plus grand producteur automobile par habitant au monde, la Slovaquie a enchainé des performances économiques encourageantes. Pour autant, la presse économique slovaque se veut lucide rappelant que l’appréciation sur la transformation économique doit être mise en perspective avec les performances des autres Etats membres de l'UE.

1 – L’écart croissant avec la République tchèque sur le plan économique

Après trois décennies d’indépendance, les médias observent que la différence de niveau de vie n’a jamais été aussi élevée, soulignant la dégradation récente des indicateurs économiques. Ainsi, se référant au PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat, la presse rappelle le bon parcours initial de la Slovaquie (76,7%) qui « collait » à la Tchéquie (84,4%) en 2010. Depuis une décennie, du fait de réformes insuffisantes cet écart a repris son essor avec un taux en 2021 de 69,4% pour la Slovaquie et 91,6% pour la Tchéquie. De même, en se référant à la Banque mondiale, le PIB par habitant en 2021 en Tchéquie était d’environ 45 000 dollars contre seulement 33 000 dollars en Slovaquie, cet écart de 12 000 euros étant le plus important jamais observé entre les deux pays (contre un écart en 2012 de 2 366 dollars).

2- La fin du rattrapage avec les pays les plus avancés économiquement de l’UE

Aux yeux des observateurs, les dernières statistiques suggèrent que la convergence de la Slovaquie avec la moyenne de l'UE ne s'est pas seulement arrêtée, mais pourrait même avoir commencé à diverger à nouveau. De manière consensuelle, les analystes attribuent ce retournement de tendance au fait que, contrairement aux pays voisins, la Slovaquie n'a pas investi dans une économie de la connaissance et de l'innovation. Plusieurs journalistes rappellent ainsi que le modèle slovaque de rattrapage basé sur une main-d'œuvre bon marché sur un secteur industriel limité à l’automobile, et ce depuis 30 ans, s'épuise progressivement. A terme, si la Slovaquie ne veut pas se retrouver dans le piège des revenus moyens intermédiaire, son modèle doit être au plus vite modernisé sur la base d'une plus grande implication de la recherche et du développement, de l'éducation et de l'innovation. 

3- Une démographie en définitive résiliente.

Les données démographiques font l’objet d’un traitement plus favorable sans doute en raison du fait que le nombre des slovaques n’a pas fondamentalement changé. Alors qu’en 1993 5,325 M de personnes étaient recensées, trois décennies plus tard, ce chiffre a augmenté d’un peu plus de 100 000 citoyens, soit 5 441 000 habitants en 2021. En 1993, l’espérance de vie des femmes était de près de 77 ans et celle des hommes de plus de 68 ans. En 2019, avant la pandémie, elle avait atteint 81 ans pour les femmes et à plus de 74 ans pour les hommes. Par ailleurs, tous les médias relèvent le vieillissement rapide de la population (âge moyen de 41 ans en 2021 contre 34 ans en 1993). Enfin, le nombre des naissances a diminué rapidement. Ainsi pour un nombre de naissances de 73 000 en 1993, celui-ci est désormais calé sur un plateau bas de 57 000 nouveaux nés par an depuis 2015.

4 -  Le retour du plein emploi et de l’augmentation des salaires réels

Les progrès obtenus dans le domaine de l’emploi et de l’augmentation du niveau de vie sont souvent repris pas les médias. Lors de la déclaration de son indépendance, le taux de chômage était de 14% pour atteindre 20% à la fin des années 90, désormais il est proche de 6%. Le salaire moyen sur 30 ans a été multiplié par sept, le salaire minimum par huit. En prenant en compte l’évolution des prix les analystes de la banque slovaque Post ont calculé que les salaires réels avaient augmenté de plus de 70% entre 1993 et 2018, la Banque centrale de Slovaquie estimant que le salaire moyen à prix constants avait doublé entre 1993 et 2021. Selon les données d’Eurostat, le revenu annuel moyen en Slovaquie est ainsi de 16 160 euros devançant la Pologne (14 430 euros), la Hongrie (12 620 euros) et la Grèce (15 880 euros,) mais après la Tchéquie (18 170 euros) et loin derrière l’Autriche (48 720 euros).

5 -  Une adhésion à l’Union européenne pleinement assumée.

Cette absence de thématiques sur les sujets européens est avant tout le fruit d’un consensus que la Slovaquie est par nature européenne et que son avenir économique s’inscrit dans l’Union européenne où l’Etat slovaque est en définitive plus récent que l’Institution européenne. L’évocation d’un « SlovExit » » n’est donc pas d’actualité, tout comme la remise en cause de la monnaie commune (qui a fait preuve de sa résilience lors de la crise actuelle), la population étant majoritairement proeuropéenne.