Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 2 du 9 au 15 janvier 2023

Faits saillants:

- Nigéria : Malgré un rebond de la production pétrolière, la Banque mondiale abaisse ses prévisions de croissance ; Le projet de remplacement des billets de banque aurait déjà des effets visibles sur la quantité de monnaie en circulation ; Les cinémas nigérians ont généré en 2022 près de 7 Md NGN ; L’Etat fédéral organise la première vente de blocs pétroliers depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de régulation du secteur.

- Ghana : L’inflation des prix à la consommation atteint un nouveau pic à 54,1% en décembre 2022 ; Le ministre du commerce et de l'industrie, Alan Kyerematen, a démissionné de son poste.

Le chiffre à retenir:

Nigéria

Malgré un rebond de la production pétrolière, la Banque mondiale abaisse ses prévisions de croissance

La Banque mondiale a publié ce mardi son document biannuel de prévisions économiques mondiales, le « Global Economic Prospects ». L’institution abaisse les prévisions de croissance réalisées par son bureau à Abuja pour 2023 et 2024, contre 3,1% précédemment. Ce changement s’explique principalement par l’apathie du secteur pétrolier et l’inflation. Malgré un troisième mois de hausse successive en novembre 2022 de la production pétrolière (+8,6% pour atteindre 1,2 millions de barils par jour, d’après l’OPEP), le taux de croissance devrait rester relativement faible – d’autant plus que le taux de croissance démographique annuel est estimé à environ 2,5%.

En seulement 6 mois, depuis juin 2022 et le précédent opus de sa publication phare « Global Economic Prospects », la Banque mondiale a diminué ses estimations de croissances pour 2022, 2023 et 2024 de 0,3 point de pourcentage.

Le projet de remplacement des billets de banque aurait déjà des effets visibles sur la quantité de monnaie en circulation

Alors que le Nigéria fait face à un taux d’inflation de 21,5% en novembre 2022 (dixième mois de hausse consécutif), la Banque centrale cherche à limiter la quantité de monnaie papier en circulation. Elle a donc annoncé le remplacement des anciens billets par une nouvelle version d’ici au 31 janvier 2023. D’après les données récoltées, ce renouvellement aurait permis de réduire la quantité de monnaie en circulation de 140 Md NGN (soit 310 M USD) en seulement un mois – soit une réduction de 4,2% de cet agrégat.

Cette baisse intervient alors que les nouvelles versions des billets de Naira ne sont disponibles aux guichets des banques que depuis ce lundi 9 janvier. Cependant, et si la Banque centrale affirme le contraire, il semblerait que de nombreux guichets continuent de dispenser les billets ancienne version, en raison d’une disponibilité encore trop faible. 

Les cinémas nigérians ont généré en 2022 près de 7 Md NGN

Selon le président de l’Association des Cinémas du Nigéria, M. Opeyemi Ajayi, les salles de projection du pays ont enregistré 6,9 Md NGN (14,2 M EUR) de revenus en 2022. Il s’agit d’un record par rapport aux années précédentes, même en période pré-Covid. Ce chiffre était en 2021 de 4,7 Md NGN (9,7 M EUR), année qui avait déjà enregistré un doublement par rapport à 2020. Cette hausse des recettes s’explique principalement par la hausse des prix des tickets d’entrée, puisque la fréquentation est demeurée relativement constante. Le fort dynamisme du cinéma nigérian, avec un nombre de films produits localement en hausse, est également un facteur d’attractivité. Ils enregistrent en effet un succès croissant. Par ailleurs, le film « Black Panther : Wakanda Forever » à lui seul pourrait représenter plus d’1 Md NGN de recettes, et deviendrait le premier film à atteindre un tel niveau au Nigéria. L’Association des Cinémas du Nigéria prévoit une poursuite de l’augmentation des prix des tickets de cinéma de l’ordre de 10 à 15% en 2023, sans que cela affecte la fréquentation.

Cinq nouveaux cinémas ont ouvert dans le pays au quatrième trimestre 2022 et au moins trois autres sont prévus pour début 2023. Au total, le pays compte environ 70 cinémas (pour une population de 220 millions d’habitants), concentrés dans les principales villes, au premier rang desquelles figure Lagos. Ce chiffre est relativement faible en comparaison avec le nombre total de cinémas en Afrique subsaharienne (environ 1 600).

L’Etat fédéral organise la première vente de blocs pétroliers depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de régulation du secteur.

Le gouvernement fédéral a lancé un appel d’offres pour la mise en vente de 7 blocs pétroliers off-shore. Il cherche ainsi à attirer de nouveaux investissements dans le secteur et à motiver de nouveaux forages en eaux profondes. La commission de régulation des activités d’exploration pétrolière (Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission) a déclaré que les passations de marché seraient transparentes et compétitives, afin d’attirer les investisseurs qui ont la capacité et les compétences pour opérer en eaux profondes, notamment des compagnies étrangères. C’est le premier appel d’offres lancé par le gouvernement depuis l’entrée en vigueur du Petroleum Industry Act (2021), la nouvelle loi régulant du secteur pétrolier.

Pour rappel, la dernière vente de la sorte s’était tenue en 2007, et avait concerné 45 blocs situés dans les bassins intérieurs d’Anambra, de Benue, du Tchad et du Plateau continental du Delta du Niger. L’opération avait été un succès, attirant 615 M USD de promesses d’investissements, dont 351 M USD immédiatement engagés.

Une conférence de pré-soumission se tiendra à Lagos le lundi 16 janvier pour présenter les premiers détails de l’appel d’offres aux candidats potentiels. Les candidatures de pré-soumission devront être déposées avant le 31 janvier. Le gouvernement fédéral espère que cette vente permettra de redynamiser le secteur pétrolier, fragilisé par la baisse de production, le vol de pétrole brut et la faiblesse des investissements.  

Ghana

L’inflation des prix à la consommation atteint un nouveau pic à 54,1% en décembre 2022

L’inflation a continué d’augmenter au Ghana pour atteindre 54,1% en glissement annuel en décembre 2022 contre 50,3% en novembre 2022. Le taux d'inflation du Ghana a augmenté plus que prévu en décembre, en raison de la forte hausse des prix des aliments, des transports et du logement. Il s'agit du septième taux d'inflation le plus élevé au monde parmi les 120 nations suivies par Bloomberg. L’inflation pour les marchandises importées est de 61,9%, alors que celle des articles produits localement est de 51,1%. L’inflation des produits alimentaires – 59,7% – est supérieure à celle des produits non-alimentaires (49,9 %).

La poussée de l'inflation pourrait ne pas se traduire par une nouvelle hausse des taux d'intérêt par le comité de politique monétaire de la Banque du Ghana, qui se réunira dans le courant du mois. La croissance des prix devrait ralentir en janvier en raison de la baisse des prix des carburants et du renforcement du cedi après que le Ghana a signé un accord avec le Fonds monétaire international le 12 décembre pour une facilité de crédit élargie de 3 milliards de dollars.

Le ministre du commerce et de l'industrie, Alan Kyerematen, a démissionné de son poste

Le ministre du commerce et de l’industrie a présenté sa lettre de démission au Président de la République du Ghana et a annoncé quitter son poste le 16 janvier prochain. La décision de M. Kyerematen est perçue comme influencée par l'intention de se concentrer sur sa carrière politique en vue des élections présidentielles de 2024. Le New Patriotic Party – NPP, parti au pouvoir – n'a cependant pas encore fixé de date pour les primaires présidentielles.

L'une des réalisations notables sous sa direction en tant que ministre est l’assemblage de voitures au Ghana par des géants de l'automobile tels que Suzuki, VW, Nissan et Sino Trucks: le Ghana a l’ambition d’être un hub automobile dans la sous-région. Alan Kyerematen a également joué un rôle central dans le programme phare gouvernemental "One District, One Factory". C’est l’actuel ministre des Finances, Ken Ofori-Atta, qui reprendra son portefeuille en attendant la nomination d’un nouveau ministre.