Le Pakistan demande au FMI d’alléger les conditions du programme en cours

Le Premier ministre Shehbaz Sharif s’est entretenu avec la directrice du Fonds monétaire international pour demander un allègement des conditions du programme en cours, en particulier sur l’augmentation des prix de l’énergie et l’imposition de nouvelles taxes. Cet échange devrait se poursuivre lors d’une rencontre bilatérale prévue en marge de la Conférence internationale pour un « Climate Resilient Pakistan », qui se tiendra à Genève le 9 janvier prochain. La hausse des prix de l’énergie – qui doit permettre d’enrayer une partie de la dette circulaire qui pèse sur le secteur de l’énergie - était une condition importante à la reprise des discussions avec le Fonds et à une « staff visit » des services du Fonds dans le cadre de la 9ème revue du programme. Dans un souci d’augmenter ses revenus fiscaux, le gouvernement pakistanais a annoncé que le gouvernement travaillait à la création d’une « taxe inondations » et d’une taxe sur les bénéfices des comptes en devises des banques commerciales. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé cette semaine la mise en place d’un plan de sobriété énergétique « National Energy Conservation Plan » pour réduire les dépenses énergétiques, qui se traduira notamment par une réduction de la consommation d’électricité de 30% dans les administrations, la fermeture des marchés, restaurants, hôtels à partir de 20h30, la transition du parc de motos vers des scooters électriques – ces mesures visant une économie de l’ordre de 62 Mds PKR par an.

Dégradation à CCC+ de la note souveraine du Pakistan par S&P Global Ratings

L’agence de notation S&P Global Ratings a dégradé la note souveraine du Pakistan, de B - à CCC +, suivant en cela la dégradation de la note par Moody’s et Fitch, intervenue fin 2022. Cette dégradation vient refléter la crise économique et financière que traverse le pays, marquée par une détérioration constante du niveau de ses réserves de change, une forte hausse de l’inflation et une baisse de sa croissance. S&P note également le retard pris dans le programme en cours avec le Fonds monétaire international qui pèse sur la confiance des acteurs économiques. Les inondations de l’été 2022 devraient continuer de peser sur la croissance lors de l’exercice budgétaire 2022/2023. Enfin, les élections générales prévues en octobre 2023 continueront d’alimenter l’instabilité et l’incertitude sur la situation politique du pays.

Le niveau des réserves de change de la banque centrale (State bank of Pakistan) atteint son plus bas niveau depuis 8 ans.

Au 30 décembre 2022, le niveau des réserves de change détenues par la banque centrale du Pakistan était de 5,576 Mds USD, la baisse enregistrée courant décembre correspondant à des remboursements d’échéances de l’ordre de 539 M USD. Le niveau actuel des réserves de change ne permet plus de couvrir un mois d’importations (pour mémoire, le niveau des importations avait augmenté pour atteindre 80,02 Mds USD lors de l’exercice budgétaire 2021/22). Compte-tenu des échéances de remboursements extérieurs (20 Mds USD) au cours de l’exercice budgétaire en cours et du déficit du compte-courant (10 Mds USD) qui viendront peser sur la demande de financements externes, la situation des réserves de change continuera d’être sous tension malgré les annonces régulières d’une aide extérieure – le ministre des Finances, Ishaq Dar, a ainsi annoncé lors d’une conférence de presse tenue cette semaine en réponse au « White paper » publié par le  PTI sur l’état de l’économie pakistanaise, qu’il attendait une aide de l’Arabie saoudite et de la Chine d’ici la fin janvier qui viendrait augmenter le niveau des réserves de change.

La banque centrale du Pakistan (State Bank of Pakistan) supprime les restrictions sur les lettres de crédit et opérations d’importation.

Dans une circulaire publiée par la SBP le 28 décembre 2022, la banque centrale a décidé de lever à compter du 2 janvier 2023 les restrictions sur les devises, ouvrant la voie à l'acceptation des demandes d'opérations d'importation déjà soumises à la SBP. Cette décision fait suite aux recommandations du Fonds monétaire international et à la pression de l’ensemble de la communauté d’affaire, mais – compte-tenu du faible niveau des réserves existantes – risque de se traduire par un transfert de la responsabilité aux banques commerciales, la banque centrale ayant demandé aux banques de prioriser les articles à importer selon une liste établie par la SBP : sont prioritaires l'importation d'articles essentiels tels que les biens alimentaires (blé, huile comestible, etc.) et les produits pharmaceutiques (matières premières, médicaments vitaux/essentiels), les instruments chirurgicaux (stents, etc.). Les produits énergétiques pourront également être importés sans autorisation préalable de la SBP. Enfin, la SBP autorise les importations pour les industries exportatrices. Cette décision intervient alors que de nombreux acteurs industriels locaux (dans l’industrie textile : Suraj Cotton Mills, Nishat Chunian, Crescent Fibres, dans le secteur de l’industrie : Millat Tractors Limited,  KSB Pumps Company Limited, Indus Motor, Baluchistan Wheels Limited, Pak Suzuki) ont annoncé avoir stoppé leur production, compte-tenu des difficultés rencontrées (liquidités, inflation, accès aux devises).

Inflation en très forte hausse – 24,5% en décembre 2022 en g.a.

D’après les données du bureau des statistiques, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 24,5% en décembre 2022, en glissement annuel. Le taux d'inflation le plus élevé a été enregistré dans les zones rurales où il a grimpé à 28,8% alors qu'il est resté inchangé à 21,6% dans les zones urbaines. Le taux d'inflation a dépassé les prévisions du ministère des Finances, qui prévoyait qu'il se maintiendrait entre 21% et 23%. L’inflation sur les produits alimentaires a elle progressé de 35,5% en décembre en glissement annuel. Par exemple, le prix de la viande de poulet a déjà atteint 650 PKR/Kg en janvier et pourrait encore progresser jusqu’à 800 PKR. Le prix de la farine a quant à lui progressé de 57% sur fond de pénurie de blé et de spéculation entre les provinces (pour mémoire, en vertu du 18ème amendement à la Constitution, les prix des produits de première nécessité sont contrôlés au niveau des gouvernements provinciaux en charge d’assurer la sécurité alimentaire et qui peuvent ainsi subventionner le prix de certains produits entrainant ainsi des déséquilibres de prix entre provinces).

Projet d’externalisation de la gestion des principaux aéroports pakistanais

L’autorité de l’aviation civile annonce que la gestion des principaux aéroports du pays (Islamabad, Karachi et Lahore) pourrait être transférée à des opérateurs privés. Un appel d’offres international devrait être lancé dans le courant du mois de janvier. Par ailleurs, la stratégie présentée par la CAA prévoit également une externalisation des services aéroportuaires (parking, stockage, cargo, service sanitaire), la CAA restant compétente pour la sécurité de l’aéroport le contrôle du trafic aérien. La CAA a toutefois précisé qu’il ne s’agissait pas de privatisation, mais de concessions aéroportuaires.