Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : L’Etat de Kaduna et la France posent la première pierre du projet de transport par bus ; La Banque centrale limite les retraits de liquide à seulement 100 000 NGN par semaine ; Au troisième trimestre 2022, les importations nigérianes de biens et services russes ont été divisées par plus de 10 ; La banque nigériane Access obtient une licence d’exploitation pour ouvrir une filiale en France.

 

- Ghana : Le FMI et le Ghana parviennent à un accord au niveau technique pour un programme de prêts de trois milliards de dollars sur trois ans ; L’inflation atteint un nouveau pic à 50,3% en novembre 2022.

Le chiffre à retenir:

1,41 Millions C’est la production quotidienne de barils de pétrole au Nigéria en novembre, en hausse de 15% sur un mois grâce à la reprise d’activité d’un terminal de production de Shell.

  

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Nigéria

L’Etat de Kaduna et la France posent la première pierre du projet de transport par bus

L’Ambassadrice de France au Nigéria, Emmanuelle Blatmann, s’est rendue dans la ville de Kaduna afin d’inaugurer le Kaduna Bus Rapid Transit (KBRT), en présence du Gouverneur M. Nasir El-Rufai. Ce projet, financé par l’Agence française de développement à hauteur de 110 M EUR et dont la première pierre a été posée à l’occasion de cette visite, prévoit la construction et la mise en place d’un réseau de transport urbain par bus dans la ville de Kaduna. Cette ville, située dans le nord du pays, connaît une forte croissance démographique : on estime que sa population est comprise entre 2 et 3 millions d’habitants. 

L’Etat de Kaduna et sa population devraient donc bénéficier de plus de 24 km de voies de bus dédiées et 30 stations, afin d’améliorer les conditions de transports. Le projet prévoit également l’achat d’environ 120 bus pouvant à terme transporter 160 000 passagers par jour.

La Banque centrale limite les retraits de liquide à seulement 100 000 NGN par semaine

Le gouverneur de la Banque centrale du Nigéria a annoncé la semaine dernière la mise en place d’une limite aux retraits d’argent liquide. Ils seront désormais limités à 100 000 NGN (environ 222 USD) par semaine pour les particuliers et 500 000 NGN (soit 1 110 USD) pour les entreprises. Au-delà de ces montants, une taxe de respectivement 5% et 10% sera prélevée. La limite quotidienne a été fixée à 20 000 NGN (soit seulement 44 USD). Cette annonce survient alors que les nouveaux billets sont entrés en circulation ce jeudi 15 décembre. Pour rappel, le Nigéria a annoncé un renouvellement de l’ensemble de ses billets, les anciennes versions cessant d’avoir cours à partir du 31 janvier 2023.

Cette décision pourrait entraîner de nombreuses conséquences, l’économie nigériane étant très largement informelle et repose en grande partie sur l’utilisation de monnaie papier. Par ailleurs, la Banque centrale souhaite accroître son contrôle sur la quantité d’argent liquide en circulation dans le pays. Elle pourra ainsi mieux lutter contre l’inflation d’une part, que plusieurs hausses du taux directeur n’ont pour l’instant réussi à ralentir, mais aussi promouvoir son idée d’une économie sans cash. Depuis le début de 2022, la valeur des transactions électroniques a augmenté de 41,75% au Nigéria, pour atteindre 318 660 Md NGN (soit 708 Md USD), tandis que celles en e-Naira ont atteint 8 Md NGN (18 M USD) après un an d’existence.

Au troisième trimestre 2022, les importations nigérianes de biens et services russes ont été divisées par plus de 10

Le Bureau national des statistiques du Nigéria a publié son rapport trimestriel sur les importations pour le T3 2022. Selon le rapport, le Nigéria a importé 1,7 Md NGN (3,6 M EUR) de produits russes, contre 22 Md NGN au T2 2022. Cela représente une baisse de plus de 92%, ou une division par plus de 10. Traditionnellement, le Nigéria importe principalement du blé et des produits issus de la pêche depuis la Russie, mais le conflit en Ukraine a réduit ces importations aux seuls produits de la mer surgelés (maquereaux, chinchards, la Russie est son 3e fournisseur) pour 1,2 Md NGN, complétés par du soufre pour 0,5 Md NGN (2e fournisseur). Ainsi, l’augmentation soudaine d’importations de blé dur depuis la Russie au moment du déclenchement de la guerre a été une anticipation de la rupture de fourniture qui s’en est suivie, en raison des huit paquets de sanctions imposées par l’Union européenne à la Russie. A titre de comparaison, le Nigéria a importé 108 Md NGN de biens depuis la France sur la même période (230 M EUR).

Au total, les importations du Nigéria ont représenté 5 664 Md NGN (11,9 Md EUR) au T3 2022, en provenance principalement de la Chine (27%), des Pays-Bas (10%), de l’Inde (8%), de la Belgique (7,5%) et des Etats-Unis (6,5%), la France étant hors du Top 10. Les importations totales sont en augmentation de 4% au T3 2022 par rapport au trimestre précédent. Si la balance commerciale était excédentaire tout le long de cette année 2022, avec un excédent au T2 2022 au plus haut depuis le T2 2018, la forte diminution des exportations au T3 2022, qui retombe à son niveau du T4 2022, ne permet pas d’écarter un retour vers une balance commerciale déficitaire sur la fin de 2022 et début 2023. Elle est en revanche la troisième destination des exportations nigérianes (7,3%) après l’Espagne (14,7%) et l’Inde (10,4%) ce trimestre.

La banque nigériane Access obtient une licence d’exploitation pour ouvrir une filiale en France

Le Directeur général d’Access Holdings, Herbert Wigwe, a annoncé l’obtention de la licence d’exploitation pour ouvrir une filiale en France. Access Holding devient ainsi la troisième banque nigériane à s’implanter à Paris après UBA et First Bank. Fondé en 2002, Access est aujourd’hui le premier groupe bancaire du Nigéria en termes d’actifs avec 21% de part de marché. Le groupe est présent dans 11 pays africains, au Royaume-Uni et à Dubaï où il opère dans les secteurs de la banque, de l’assurance, du courtage et de la gestion de fonds de pension. L’expansion panafricaine d’Access est motivée par la volonté de combler les vides laissés par les groupes bancaires internationaux qui ont réduit leur présence sur le continent à mesure que la réglementation bancaire est devenue plus restrictive. Désormais, le groupe bancaire souhaite étendre ses activités en Europe afin de diversifier sa base de revenus et augmenter ses bénéfices en s’implantant dans des pays où les taux d’inflation sont relativement faibles.

Pour rappel, le secteur bancaire nigérian se structure autour de huit banques qui concentrent 70% des actifs, toutes ont développé des stratégies de développement panafricain en ciblant d’abord les pays anglophones de la zone. Depuis les réformes de 2018, le système bancaire nigérian affiche des ratios solides : en 2021 le ratio de PNP s’élève à 5,3%, le ratio d’adéquation du capital à 14,6% en avril 2022 et celui de liquidité à court terme à 43,7% en avril.  

Ghana

Le FMI et le Ghana parviennent à un accord au niveau technique pour un programme de prêts de trois milliards de dollars sur trois ans

Le Fonds monétaire international (FMI) et le Ghana ont conclu un accord au niveau technique (Staff Level Agreement) pour une facilité de crédit élargie d'environ 3 milliards de dollars sur trois ans, a annoncé le FMI dans un communiqué du 13 décembre 2022. Le Ghana s’était adressé au FMI en juillet en vue d’obtenir un programme et les négociations se sont terminées avant la fin de l’année 2022, en accord avec le calendrier annoncé par le gouvernement ghanéen. L'accord au niveau technique est désormais soumis à l'approbation du conseil d'administration du FMI et conditionné à des assurances de financement par les partenaires et créanciers du Ghana. Le gouvernement ghanéen a commencé à restructurer sa dette intérieure la semaine dernière en mettant en place un plan d'échange de 10,5 milliards de dollars d'obligations locales contre de nouvelles obligations. Un fonds de stabilité financière a également été mis en place pour amortir cette opération d’échange. La stratégie concernant la dette extérieure n’a pas encore été annoncée.

La nouvelle d’un accord a été accueillie favorablement sur les marchés internationaux : le cedi, qui avait perdu plus de 50% de sa valeur par rapport au dollar cette année, s'est renforcé de plus de 4% par rapport au dollar après l'annonce pour atteindre 10 cédis ghanéens pour un dollar, son niveau le plus fort depuis la mi-octobre.

L’inflation atteint un nouveau pic à 50,3% en novembre 2022

La hausse des prix à la consommation continue d’accélérer au Ghana pour atteindre 50,3% en glissement annuel en novembre 2022 contre 40,4% en octobre 2022. Elle est désormais plus de quatre fois supérieure à la fourchette cible supérieure de la Banque centrale (8±2 pour cent). L’augmentation de l’inflation s’accélère fortement : les prix ont augmenté de 2,7% entre septembre et septembre 2022, puis de 8,6% entre octobre et novembre 2022. L’inflation pour les marchandises importées est de 55,1%, elle est supérieure à celle des articles produits localement, qui est de 48,3%. L’inflation des produits alimentaires – 55,3% – est supérieure à celle des produits non-alimentaires (46,5%). C’est néanmoins les prix du logement, de l’électricité et du carburant qui sont les premiers postes d’augmentation.

Les augmentations successives du taux directeur de la Banque du Ghana ne sont à ce stade pas parvenues à juguler l’inflation.