Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : D’après la banque Stanbic IBTC, l’activité continue de progresser au Nigéria ; La Banque centrale du Nigéria continue de financer l’Etat fédéral, au détriment de sa politique monétaire ; Selon la banque Mondiale, 87 % des routes rurales du Nigéria sont en mauvais état ; Le président Buhari inaugure le premier forage pétrolier en dehors du Delta du Niger, au Nord du Nigéria.

 

- Ghana : La Banque du Ghana a relevé son taux directeur de 24,5% à 27% ; Moody’s a abaissé la note souveraine du Ghana mais change la perspective de négative à stable.

Le chiffre à retenir:

76,5% C’est la part du Nigéria dans l’ensemble des films produits en 2021 en Afrique de l’Ouest, selon l’Unesco. Nollywood a produit 2600 films sur les 3400 de la région. 

  

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Nigéria

D’après la banque Stanbic IBTC, l’activité continue de progresser au Nigéria

La banque nigériane Stanbic IBTC publie chaque mois son indice PMI, Purchasing Manager’s Index, permettant de mesurer l’évolution de l’activité. Si celui-ci dépasse la barre des 50, il souligne une amélioration. Lors du mois de novembre 2022, l’indice PMI du Nigéria s’est établi, selon Stanbic, à 54,3 – soit une hausse de 1,3% par rapport au mois précédent, traduisant une nette amélioration des conditions pour le secteur privé. Il s’agit du 29e mois consécutif où le Nigéria atteint un score supérieur à 50.

Ainsi, malgré des vents contraires comme la hausse de l’inflation et la dépréciation de la naira, le secteur privé nigérian continue de croître. Grâce une augmentation de la demande, tirée par la croissance de la population, les entreprises font part d’une hausse de leur activité et de leur intention de créer des emplois. On observe, lors de ce mois de novembre, la plus forte augmentation du nombre de créations d’entreprises sur les six derniers mois, selon le rapport de la Stanbic IBCT. Paradoxalement, l’optimisme du secteur privé continue de se dégrader, avec une quatrième baisse consécutive, atteignant son point le plus bas depuis la création de l’étude en janvier 2014.

La Banque centrale du Nigéria continue de financer l’Etat fédéral, au détriment de sa politique monétaire

Face au phénomène inflationniste qui touche le Nigéria depuis le début de l’année 2022, la Banque centrale du Nigéria a augmenté son taux d’intérêt directeur de plus de 500 points de base. Ce durcissement de la politique monétaire a pour objectif de réduire la création monétaire et donc la hausse des prix. Mais dans le même temps, la CBN continue de financer le déficit public. En effet, lors des 10 derniers mois, l’Etat fédéral aurait emprunté 6 310 Md NGN (soit environ 14,3 Md USD) à la CBN grâce au mécanisme de « Ways and Means Advances ». Entre décembre 2021 et octobre 2022, la dette publique détenue par la CBN a augmenté de 36% pour atteindre 23 770 Md NGN.

Or cet endettement pourrait, selon la CBN, aller à l’encontre de sa propre politique de lutte contre l’inflation et de dévaluation de la naira, en raison d’un excès de liquidités injectées dans l’économie.

Selon la banque Mondiale, 87% des routes rurales du Nigéria sont en mauvais état

Le directeur de la Banque mondiale pour le Nigéria, M. Shubham Chaudhuri, a déclaré lors de l'inauguration présidentielle du projet pour l’accès aux marchés ruraux (RAAMP) que 87% des routes rurales du pays étaient en mauvais état. Le pays compte environ 230 000 km de ces routes, dont 30 000 km seulement sont utilisables. Cette situation freine fortement les projets de développement de l’activité économique et agricole dans les zones rurales, où vit la moitié de la population du pays.

 Le projet RAAMP, qui vient d’être lancé officiellement par le président Buhari, devrait mobiliser 575 M USD, dont 230 M USD sont apportés par l’Agence française de développement, afin de financer des projets d’infrastructures et agricoles dans 19 Etats. Il s’inscrit dans le Plan de relance national du Nigéria, dont l’efficacité dépendra en partie de la qualité du réseau routier du pays. M. Chaudhuri a également rappelé le coût exorbitant de la subvention au carburant, qui devrait dépasser les 5 000 Md NGN (11 Md EUR), suggérant qu’un tel montant pourrait servir plutôt à la rénovation du réseau routier.

Le président Buhari inaugure le premier forage pétrolier en dehors du Delta du Niger, au Nord du Nigéria

La semaine dernière, le Président Muhammadu Buhari a inauguré le Projet de Développement Kolmani (Kolmani Development Project), au Nord du Nigéria. Il s’agit du premier forage pétrolier en dehors du Delta du Niger. Les réserves du champ en question, situé entre les Etats de Gombe et de Bauchi, sont estimées à 1 Md de barils de pétrole et 15 Md de mètres cube de gaz. Le site sera exploité par la NNPC, Sterling Global Oil et Nigeria Development Commission, un conglomérat détenu par 19 Etats du Nord. Aucune major pétrolière n’est impliquée dans le projet. Pour rappel, la détérioration de la situation sécuritaire dans le Delta du Niger les incite à céder leurs actifs onshore et à se concentrer sur les champs en eaux profondes dans le Golfe de Guinée.

La NNPC s’était lancée dans la prospection de champs pétroliers dans le nord du pays avec Shell il y a trente ans déjà. Face à l’absence de résultats, les recherches avaient été suspendues jusqu’à l’entrée en fonction du Président Buhari qui a relancé la prospection dans les Etats nordistes. En 2019, la NNPC a annoncé la découverte de pétrole en quantité commerciale à Kolmani.

Une raffinerie, une unité de traitement de gaz, une centrale électrique d’une capacité de 300 MW et une usine de fertilisant devraient être construites sur le site d’exploitation. La NNPC et ses partenaires devront relever le défi du financement alors que le projet se situe dans une région mal équipée en infrastructures et soumise à la menace des groupes insurrectionnels djihadistes.  

Ghana

La Banque du Ghana a relevé son taux directeur de 24,5% à 27%

La Banque du Ghana a relevé son taux directeur de 250 points de base pour le porter à 27%, une hausse plus importante que les attentes, dans un contexte d'élargissement des pressions sur les prix et de modération de la croissance économique. Les hausses cumulées au cours de l'année 2022 s'élèvent désormais à 13,5 points de pourcentage. Néanmoins, les taux directeurs réels restent négatifs, alors que la hausse des prix à la consommation a atteint 40,4% en octobre 2022. Le comité de politique monétaire de la Banque centrale estime que l’inflation devrait atteindre un pic au premier trimestre 2023 et retomber à 25% d’ici à la fin de l’année si la politique monétaire restrictive est maintenue, et si des outils sont déployés pour limiter l'excès de liquidités. Dans le projet de loi de finances pour 2023, le gouvernement est même plus optimiste, projetant une inflation de 18% d’ici la fin de l’année 2023.

Moody’s a abaissé la note souveraine du Ghana mais change la perspective de négative à stable

Moody’s a abaissé la note de l'émetteur à long terme du Ghana de Caa2 à Ca et a changé la perspective de négative à stable à la suite de la présentation du budget 2023 par le ministre des Finances ghanéen. L’agence de notation a abaissé la note du fait de pertes qui seraient dues à une potentielle restructuration de la dette publique ghanéenne, étant donné son poids élevé et la nécessité de démontrer sa viabilité pour conclure un programme FMI. La perspective stable reflète les attentes selon lesquelles la restructuration se fera de manière ordonnée, en coordination avec les créanciers et dans le cadre d'un programme de financement du FMI.