Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : French Week 2022 : célébrer et renforcer les liens économiques qui unissent la France et le Nigéria ; Le Président Buhari dévoile les nouveaux visages de la naira ; La Banque centrale du Nigéria annonce une nouvelle hausse de son taux d’intérêt ; La Banque mondiale épingle le Nigéria sur le maintien de subventions.

 

- Ghana : Le Ministre des Finances ghanéen a présenté le budget 2023 devant le Parlement ; Le Ghana obtient une subvention de 27,9 millions de dollars du Fonds africain de développement.

Le chiffre à retenir:

+2,25% C’est la croissance économique en glissement annuel du Nigéria au troisième trimestre 2022, soit une diminution de 1,29 points de pourcentage par rapport au trimestre précédent. 

  

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Nigéria

French Week 2022 : célébrer et renforcer les liens économiques qui unissent la France et le Nigéria

La French Week est organisée chaque année par la Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Nigériane au mois de novembre à Lagos. Cet évènement est l’occasion de célébrer et de renforcer les liens commerciaux qui unissent la France et le Nigéria à travers une série de conférences et de rencontres. Pour l’édition 2022, le focus a été mis sur trois thématiques principales : la résilience des entreprises françaises dans un contexte de dégradation de l’environnement des affaires, la féminisation des postes de managements alors que seuls 7% des CEO sont des femmes au Nigéria, et enfin sur les opportunités que présente l’écosystème start-up nigérian. Pour la première fois cette année, un évènement attractivité spécifiquement dédié aux start-up a été organisé pour présenter les aides et les outils disponibles pour les entrepreneurs qui souhaiteraient investir en France.

Pour rappel, le Nigéria est le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne et le 4ème en Afrique derrière le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Le pays accueille près de 80 entreprises françaises qui opèrent dans des secteurs variés (Danone, Sanofi, CMA-CGM, Thalès, Nutriset, Schneider Electric, Betastore…) et emploient directement environ 10 000 personnes. Le chiffre d’affaires généré au Nigéria par les entreprises françaises est de 3 Md EUR, soit plus de cinq fois le montant des exportations françaises (587 MEUR). Grâce à cette préférence nette pour les investissements, les sociétés françaises contribuent activement à l’activité économique du Nigéria à travers la création d’emplois, la formation et le développement des capacités de production nationales. A titre d’exemple, la société Danone a inauguré en juin dernier une ferme laitière dans l’Etat d’Ogun (sud-ouest).

Le Président Buhari dévoile les nouveaux visages de la naira

Annoncée il y a plusieurs semaines, l’émission de nouveaux billets de 200, 500 et 1 000 nairas devrait commencer début 2023. Le Président Buhari a ainsi dévoilé, en présence du gouverneur de la Banque centrale du Nigéria Godwin Emefiele, leurs nouvelles versions.

Cette décision répond à plusieurs priorités du gouvernement. D’une part, elle viserait à limiter la contrefaçon de billets et les kidnappings opportunistes dont les rançons sont payées grâce aux nombreux billets sortis depuis longtemps du système bancaire. Il y aurait au Nigéria environ 3 000 Md NGN (6,5 Md EUR) sous forme fiduciaire, en circulation hors du système bancaire. D’autre part, le remplacement des billets permettra à la Banque centrale de mieux contrôler la masse monétaire et donc la politique monétaire, dans un contexte d’inflation en hausse continue.

Cependant, l’émission de nouveaux billets pourrait avoir des effets négatifs à court terme sur le taux de change de la naira, en raison notamment de la volonté des détenteurs de stocks importants de billets de s’en débarrasser. Il est par ailleurs fort possible que cette décision contribue à renforcer l’usage de la e-naira, et des autres types de transferts électroniques, ce qui est l’un des autres objectifs de la CBN. Le gouverneur a annoncé que cette politique sera répétée tous les cinq à huit ans.

La Banque centrale du Nigéria annonce une nouvelle hausse de son taux d’intérêt

Lors de la dernière réunion de politique monétaire, ce mardi 22 novembre, la Banque centrale du Nigéria a annoncé une nouvelle hausse de son taux d’intérêt directeur de 100 points de base, à 16,5%. Il s’agit de la quatrième hausse en moins d’un an pour une augmentation totale de +500 pb. Un tel taux n’avait pas été atteint par le Nigéria depuis 2001. Cette hausse a pour objectifs, selon le communiqué de la CBN, de juguler l’inflation et restaurer la confiance des investisseurs. En effet, le Nigéria a connu un neuvième mois consécutif d’augmentation des prix, avec un taux qui s’établissait à +21,09% en octobre 2021 et qui pourrait encore augmenter en cette fin d’année.

Cette série de remontées du taux d’intérêt directeur, initiée au mois de mai 2022, ne semble pas avoir eu d’effet sur le phénomène inflationniste. Selon le FMI, les pays avec un déficit fiscal comme le Nigéria n’auraient pas besoin d’augmenter leur taux d’intérêt pour combattre l’inflation. En effet, une diminution du déficit fiscal, par une hausse des recettes, permettrait de diminuer la demande globale tout en assurant une meilleure redistribution vers les ménages les plus pauvres. Or, les recettes fiscales du Nigéria entre 2015 et 2020 ne représentaient que 6,9% du PIB, un des taux les plus faibles au monde dont la moyenne est de 24,2%.

La Banque mondiale épingle le Nigéria sur le maintien de subventions 

La Banque mondiale, à l’occasion de la publication d’un rapport sur l’état des finances publiques nigérianes, a souligné les impacts négatifs de la politique de subvention. En effet, les subventions accordées afin de fixer le prix du litre d’essence, de l’électricité ou de limiter la dévaluation de la Naira bénéficieraient principalement aux ménages les plus aisés. En raison d’une consommation énergétique plus importante et de leurs besoins en devises étrangères, ils bénéficient plus largement d’un prix de l’essence à 165 NGN par litre et d’un taux de change « fixé » aux alentours de 430 NGN pour 1 USD. Or ces subventions réduisent fortement la capacité de l’Etat à lutter contre la pauvreté. En 2021, le Nigéria aurait mobilisé plus de recettes publiques en subventions qu’en dépenses destinées à l’éducation, la santé et la protection sociale.

Dans le même temps, le Bureau national des statistiques a révélé qu’environ 133 millions de Nigérians, soit près de 63% de la population, seraient dans une situation de pauvreté multidimensionnelle. Celle-ci se définit comme un manque de revenu, la difficulté d’accès aux services de santé, à l’éducation, à l’eau, ou à l’énergie. En zone rurale, ce taux de pauvreté grimpe à 72% de la population. Au niveau des Etats, l’Etat d’Ondo dans le sud-ouest détient le taux le plus faible avec 27% de la population, tandis qu’il atteint 91% dans l’Etat de Sokoto au nord-ouest.  

Ghana

Le Ministre des Finances ghanéen a présenté le budget 2023 devant le Parlement

Le Ministre des Finances ghanéen, Ken OFORI-ATTA, a présenté ce jeudi 24 novembre le projet de loi de finances de l’année 2023 devant un Parlement hostile, une partie de la majorité ayant menacé de ne pas assister à la présentation du budget. Il a annoncé une série de mesures visant à augmenter la mobilisation des ressources domestiques, dont une augmentation de la TVA de 2,5%, une réduction du taux de la E-Levy de 1,5% à 1% avec une suppression du seuil plancher de 100 GHS par jour et une mise en œuvre du programme de la plateforme sur les impôts fonciers. Il a également souligné la nécessité de l’augmentation de la production locale (notamment par le soutien à l’agribusiness local et la réduction des importations par les institutions publiques) ainsi que la réduction des dépenses publiques (citant la baisse de certaines allocations aux fonctionnaires et la révision des dépenses statutaires).

Le Ghana obtient une subvention de 27,9 millions de dollars du Fonds africain de développement

Le Conseil d'administration du Fonds africain de développement (FAD) – le guichet de prêt à taux concessionnels du groupe de la Banque africaine de développement – a approuvé un don de 27,9 millions de dollars au Ghana pour le développement de chaînes de valeur agricoles dans la région Savannah. La subvention devrait permettre d'accroître une production de maïs, de riz et de soja résistante au climat, de soutenir la chaîne de valeur de la volaille et de créer des emplois pour les femmes et les jeunes. Le projet de développement de la chaîne de valeur de l'agriculture dans la région Savannah, dans le nord du pays, sera mis en œuvre par le ministère ghanéen de l'alimentation et de l'agriculture de 2023 à 2027. Globalement, le projet bénéficiera à au moins 150 000 personnes indirectement et 50 000 directement. Il permet de soutenir le gouvernement dans ses efforts pour produire suffisamment de produits de base pour répondre aux défis de la sécurité