Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

Nigéria : La production de pétrole au Nigéria repart à la hausse et dépasse le million de barils par jour ; Fitch souligne le besoin de réforme économique au Nigéria ; Le taux d’inflation au Nigéria dépasse 21% au mois d’octobre 2022 ; Eutelsat s’associe à la Tizeti dans la fourniture du haut débit au Nigeria.

 

- Ghana : La hausse des prix à la consommation atteint un nouveau pic à 40,4% en octobre 2022 ; Le salaire minimum journalier augmente de 10% pour 2023.

Le chiffre à retenir:

28 120 Md NGNC’est le montant des crédits bancaires alloués à l’économie nigériane entre le 1er septembre 2021 et le 31 août 2022, soit environ 62 Md USD – un montant est en hausse de 24,3% par rapport à l’année précédente.

  

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Nigéria

La production de pétrole au Nigéria repart à la hausse et dépasse le million de barils par jour 

De juillet à octobre 2022, le Nigéria a vu sa production quotidienne de pétrole diminuer constamment. De 1,158 millions de barils par jour en juin 2022, celle-ci est passée à 938 000 barils en octobre 2022, soit une baisse de 19% en seulement quatre mois. Le Nigéria a par conséquent perdu son statut de premier producteur sur le continent, passant derrière la Libye, l’Algérie et l’Angola.

Les mesures prises par l’Etat fédéral afin de lutter contre les actes de vandalismes et de vols semblent toutefois avoir récemment porté leurs fruits. Selon les données de l’OPEP en effet, la production pétrolière est repassée au-dessus de la barre du million de barils par jour (1,014 mbp/jour, soit une augmentation de 8% par rapport au mois précédent). Le recrutement de milices privées pour assurer la sécurité des infrastructures pétrolières et la multiplication des démantèlements de raffineries illégales serait à l’origine de cette hausse. Selon le directeur général de la NNPC, société nationale du pétrole, ce sont plus de 295 pipelines illégaux qui ont été identifiés lors des derniers mois. Cette hausse intervient alors que deux agences de notation, Moody’s et Fitch, ont dégradé la note souveraine du Nigéria, en raison notamment de revenus pétroliers trop faibles.

Fitch souligne le besoin de réforme économique au Nigéria

En visite à Lagos, les équipes de l’agence de notation Fitch ont tenu une conférence au cours de laquelle ont été soulignés les défis de l’économie nigériane pour les années à venir, notamment en termes de finances publiques. Si l’agence écarte tout risque de restructuration de la dette à court terme, elle a tout de même abaissé la note de risque de défaut de « B » à « B » tout en précisant qu’il n’y aurait pas d’abaissement supplémentaire dans un avenir proche.

Selon l’agence, le poids du service de la dette reste trop élevé, tout comme le niveau d’endettement au niveau fédéral comme fédéré. En 2022, selon Fitch, le service de la dette devrait représenter 160% des recettes fédérales et 50% de l’ensemble des recettes publiques, contre 10% en moyenne pour les pays notés « B ». Cela est aggravé par le très faible niveau des ressources fiscales de l’Etat (le Nigéria est l’un des pays au monde ou les recettes fiscales rapportées au PIB sont les plus faibles), et à long terme par la tendance baissière de la production pétrolière (-12% en 2022, -15% en 2023). Les experts de l’agence ont mis en avant le taux d’investissement insuffisant, de l’ordre de 12% du PIB, alors qu’il est de près de 30% en Indonésie par exemple. Ainsi, ils prévoient une croissance à horizon 2026 inférieure à la moyenne du continent, et en moyenne de 3,2% sur la période 2022-2031.

Le taux d’inflation au Nigéria dépasse 21% au mois d’octobre 2022

Le Nigéria voit son taux d’inflation augmenter pour un 9e mois consécutif, à +21,09% sur un an glissant. En seulement un mois, les prix ont augmenté de 1,24%. Cette inflation provient principalement d’une augmentation de 23,7% des prix des produits alimentaires. Les inondations d’une ampleur historique qui ont frappé le Nigéria et entravé sa production agricole, ainsi que la dévaluation de sa monnaie qui renchérit les importations, permettent d’expliquer cette hausse. Or les produits alimentaires représentent plus de 50% du panier type des ménages, retenu pour le calcul du taux d’inflation. La hausse des prix des denrées alimentaires importés se maintient à un rythme élevé (+1,4% mensuel), tout comme celle du panier moyen (+1,3%), sans qu’il n’y ait toutefois d’accélération de la hausse comme lors du mois précédent.

Faut-il y voir l’effet de la politique monétaire restrictive mise en place par la Banque centrale du Nigéria ? Les conséquences à moyen terme des inondations sur les récoltes agricoles, conjuguées à la période de fin d’année favorable à une augmentation des prix, devraient néanmoins accentuer les pressions inflationnistes dans les prochains mois.

Eutelsat s’associe à la Tizeti dans la fourniture du haut débit au Nigeria

L’opérateur de satellite français Eutelsat et le fournisseur d’accès internet nigérian Tizéti ont annoncé la signature d’un accord pour améliorer l’accès au haut débit en marge de l’AfricaCom 2022, un événement rassemblant les acteurs des télécommunications, des médias et de la technologie. Ce partenariat doit permettre d’accélérer la pénétration de l’accès à internet grâce à l’infrastructure haut débit du satellite Konnect d’Eutelsat et la plateforme de gestion Wifi communautaire de Tizeti, pour offrir un service de hot-spot Wifi à travers tout le pays. La technologie spatiale fournie par la société française permettra d’atteindre les zones rurales les plus reculées, difficile d’accès pour les réseaux terrestres des opérateurs télécom. En outre, les systèmes hot-spot de Tizeti fonctionnent à l’énergie solaire, répondant ainsi au défi de l’accès au réseau électrique.

Pour rappel, seuls 45% de la population a accès au haut débit contre une pénétration internet de 70%, permise par le développement de la téléphonie mobile. Dans un contexte de transformation numérique, l’amélioration de la connectivité pour l’ensemble de la population est un enjeu majeur pour le pays.  

Ghana

La hausse des prix à la consommation atteint un nouveau pic à 40,4% en octobre 2022

L’inflation continue d’augmenter au Ghana pour atteindre 40,4% en glissement annuel en octobre 2022 contre 37,2% en septembre 2022. Elle est désormais quatre fois supérieure à la fourchette cible supérieure de la Banque centrale (8±2 pour cent). Alors que l’augmentation de l’inflation montrait des signes de ralentissement cet été, elle s’accélère depuis : les prix ont augmenté de 2% entre août et septembre 2022, puis de 2,7% entre septembre et octobre 2022. Le cedi a chuté de 57 % depuis janvier par rapport au dollar, soit la plus forte chute parmi les 148 devises suivies par Bloomberg, tandis que les prix des produits de base internationaux ont bondi, faisant grimper le coût des marchandises importées. L’inflation pour les marchandises importées est de 43,7%, alors que celle des articles produits localement est de 39,1%. L’inflation des produits alimentaires – 43,7% – est supérieure à celle des produits non-alimentaires (37,8%).

Le 28 novembre, le comité de politique monétaire de la Banque du Ghana décidera s'il convient de relever son taux directeur pour la cinquième fois cette année. Elle a augmenté les taux de 10 points de pourcentage depuis mars.

Le salaire minimum journalier augmente de 10% pour 2023

Les négociations du comité national tripartite – composé du gouvernement, des syndicats et des employeurs – se sont achevées le 16 novembre concernant le salaire minimum journalier. Il passera de 13,53 GHS en 2022 à 14,88 GHS en 2023, soit une augmentation de 10%. L’indemnité de coût de la vie à verser en plus a été fixée à 15% du nouveau salaire minimum quotidien national. Les syndicats dénoncent néanmoins une diminution du salaire minimum si l’on prend en compte l’augmentation du coût de vie, vu les niveaux d’inflation – les prix ont augmenté de 40,4% en octobre 2022 par rapport à octobre 2021.