Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 42 du 17 au 23 octobre 2022

Faits saillants:

- Nigéria : L’économie nigériane subit les conséquences d’inondations d’une ampleur historique ; Le gouvernement annonce la conversion de ses emprunts auprès de la Banque centrale en titre de dette ; Le président Buhari signe la Nigeria Startups Bill ; La construction du deuxième pont traversant le fleuve Niger est achevée.

- Ghana : Dépendance alimentaire du Ghana : Le pays importe 90% de ses tomates fraîches du Burkina Faso ; Le Président ghanéen inaugure la mise en service d’une ligne de transport d’électricité financée par l’AFD.

Le chiffre à retenir:

Nigéria

L’économie nigériane subit les conséquences d’inondations d’une ampleur historique

Alors que plus de 600 personnes ont trouvé la mort et 1,3 millions ont été déplacés, les inondations qui frappent le Nigeria risquent d’impacter lourdement son économie. Le Ministère des affaires humanitaires a annoncé lors d’une conférence de presse que plus de 108 000 hectares de terres agricoles étaient partiellement détruits et plus de 332 000 ha l’étaient totalement. Ces inondations pourraient provoquer des pénuries alimentaires dans un pays où la situation alimentaire a été jugée préoccupante dans l’édition 2022 du Global Hunger Index. Cet indice, qui classe les pays selon le degré de sécurité alimentaire, place le Nigéria 103ème sur 121.

Dans le même temps, la société nationale exportatrice de gaz NLNG a invoqué le cas de force majeure, provoquant l’arrêt d’une partie de ses activités. En effet, la montée des eaux a entraîné de nombreux retards de livraisons de la part de ses fournisseurs locaux. Le Nigéria produit entre 4% et 6% de l’approvisionnement mondial en gaz naturel liquéfié, cet arrêt des exportations devrait donc également affecter le continent européen. La société portugaise GALP a ainsi déjà annoncé de possibles retards de livraison en raison des difficultés d’approvisionnement.

Le gouvernement annonce la conversion de ses emprunts auprès de la Banque centrale en titre de dette

Lors d’une interview donnée la semaine dernière au site Bloomberg, la Ministre des finances avait annoncé un rééchelonnement de la dette domestique du Nigéria. Cette opération a pris la forme d’une opération comptable, approuvée par le Président Buhari, à savoir la transformation des avances de trésorerie par la Banque centrale en titres de dette à long terme. Ce plan prévoit la conversion de 20 000 Md NGN (soit 45,4 Md USD) en obligations d’une maturité de 40 ans, au taux de 9%. Au mois de juin 2022, l’endettement auprès de la Banque centrale, non comptabilisé dans la dette publique nigériane, représente 45% de la dette domestique et 33% de la dette publique totale. Selon la Ministre des finances, cette opération devrait entraîner une augmentation du ratio dette sur PIB de 12 points de pourcentage, de 23% à 35% du PIB.

Pour rappel, entre mai 2015 et juin 2022, l’endettement de l’Etat fédéral auprès de la Banque centrale du Nigéria a été multiplié par environ 24.

Le président Buhari signe la Nigeria Startups Bill

Le Président nigérian a signé, ce mercredi 19 octobre 2022, la nouvelle loi sur les startups du Nigéria, également nommée Nigeria Startup Act. Le processus d’élaboration jusqu’à sa signature finale aura duré un peu plus d’un an. Son application et sa mise en œuvre seront supervisées par le Conseil pour l’Innovation Digitale et l’Entrepreneuriat. Son objectif est d’une part la simplification des normes s’appliquant aux acteurs de l’innovation digitale, des allègements fiscaux, et l’attraction de capitaux étrangers. Elle s‘accompagne d’un fonds pour l’innovation de 10 Md NGN (23 M EUR). Outre la création de ce Conseil, présidé par le président de la République du Nigéria, cette nouvelle loi prévoit un forum national rassemblant des startups, investisseurs et incubateurs, ainsi que d’un « Startup Portal » qui donne accès à des ressources et soutiens publics aux startuppers nigérians.

Dans cette dynamique, Microsoft a annoncé vouloir former cinq millions de nigérians aux métiers du secteur. Cet intérêt rapide, via une loi créée et signée en une année seulement, en comparaison avec le temps plus long de certains autres textes et procédures, se justifie par le poids exponentiel du secteur dans le PIB du Nigéria (18% du PIB pour les TIC en 2022 à date) et l’avantage comparatif dont dispose le pays en termes de taille de marché, de nombre d’acteurs et de poids par rapport au reste de l’Afrique.

Pour mémoire, cinq des sept licornes africaines sont nigérianes, et le pays était le premier en termes de levées de fonds du continent en 2021, à 1,4 Md USD.

La construction du deuxième pont traversant le fleuve Niger est achevée

L’Etat fédéral a annoncé l’achèvement du second pont du Niger. L’inauguration officielle a été toutefois reportée en raison des graves inondations qui affectent la région. La construction d’un deuxième pont traversant le Niger, troisième plus long fleuve d’Afrique après le Nil et le Congo, est un projet datant des années 1970. Finalement lancé par l’administration de Goodluck Jonathan en 2012, il a été repris par l’administration Buhari en 2018 dans le cadre du Plan présidentiel de Développement des Infrastructure (Presidential Infrastructure Development Plan).

Ce pont de 1,6 km qui relie les villes d’Asaba, située dans l’Etat du Delta, et Onitsha, dans l’Etat d’Anambra, constitue un tronçon majeur de la route transafricaine n°8 qui reliera Lagos à Mombasa. L’ouvrage comprend également une autoroute à 6 voies de 10,3 km, un échangeur à Owerri (Etat d’Imo) et une station de péage à Obosi (Etat d’Anambra). Le chantier a été réalisé par la filiale nigériane de la société allemande Julius Berger pour un coût total de 206 Md NGN, soit 472 M USD. Jusqu’à aujourd’hui, un seul et unique pont permettait de relier l’Est et l’Ouest du pays.

Construit en 1965, le premier pont du Niger concentre un trafic important et connait de fortes congestions au quotidien. Pour rappel, Onitsha abrite le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest et le principal port fluvial du pays ; l’amélioration des infrastructures de transports revêt donc une importance stratégique pour faciliter le mouvement des marchandises.

Ghana

Dépendance alimentaire du Ghana : Le pays importe 90 % de ses tomates fraîches du Burkina Faso

En 2022, la valeur des importations de tomates en provenance du Burkina Faso a atteint 400 millions de dollars, contre une estimation de 99 millions de dollars en 2018. Selon l’Association des producteurs et exportateurs de légumes du Ghana (Ghana Vegetables), la hausse des importations et l'effondrement de la production locale sont dus au coût des engrais et au manque de mécanisation – notamment pour le système d’irrigation – et de machines. Elle a demandé que l'irrigation mécanisée, les intrants et l'accès au capital soient prioritaires dans la culture des fruits et légumes afin de lutter contre les tendances changeantes du climat erratique actuel, ainsi que le soutien et les politiques du gouvernement pour attirer les jeunes dans la culture des légumes.

En outre, les mauvaises pratiques agronomiques, le manque de variétés pour l'agro-transformation commerciale, ainsi que le fait que les agriculteurs continuent de planter des variétés locales - généralement avec une teneur en eau élevée et de nombreuses graines - ont tous été identifiés comme des obstacles majeurs à la production. L’exemple des tomates illustre la forte dépendance alimentaire du Ghana, qui importe plus de la moitié des produits alimentaires de base comme le riz, le maïs ou le poulet, même si ces denrées sont produites localement. Le Ghana reste en effet un importateur majeur de produits alimentaires, avec des importations de produits agricoles et connexes estimées à 1,9 Md USD en 2021. Les importations alimentaires et agricoles continueront de croître car le secteur ghanéen est sous-développé en matière de transformation des aliments et n'est pas en mesure de répondre à la demande croissante. Les importations alimentaires comprennent principalement des produits en vrac, intermédiaires et destinés aux consommateurs tels que le riz, le blé, la farine de soja et la volaille.

Le Président ghanéen inaugure la mise en service d’une ligne de transport d’électricité financée par l’AFD

Le projet a été financé par l’Agence française de développement (AFD) pour un coût de 174 M USD, avec une subvention de l’Union européenne de 4,8 M EUR. Il consiste en la construction d'environ 550 km de ligne de transmission de 330kV de Kumasi à Bolgatanga, la construction de sous-stations de 330kV à Kumasi, Kintampo, Tamale et Bolgatanga, l'extension des sous-stations de 161kV existantes à ces endroits et la mise en œuvre de mesures d'atténuation des effets sur l'environnement et d'un plan d'action de réinstallation pour le projet. Le Président ghanéen Nana Akufo-Addo a mis en service le projet de transmission d'électricité à la sous-station Anwomaso de la Ghana Grid Company (GRIDCo). Le projet de transport d'électricité vise à renforcer le système de transport d’électricité ghanéen et à assurer l'exportation d'au moins 100 mégawatts vers le Burkina Faso.