Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein, des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

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Edito - 2023, annus horribilis ?

Le FMI a publié cette semaine l’actualisation de ses prévisions économiques. Si les perspectives — mauvaises — pour cette année restent inchangées par rapport à juillet — la croissance devrait reculer de 6 à 3,2 % entre 2021 et 2022 —, la croissance mondiale attendue pour 2023 est revue à la baisse, à 2,7 %, soit 0,2 point de pourcentage en moins. Il s’agit de la croissance la plus faible depuis 2001, hors années de crise (2009 et 2020). Les chocs économiques de cette année “vont rouvrir les plaies économiques qui avaient été partiellement guéries depuis la pandémie”, selon les mots du chef économiste du FMI. 

La région Moyen-Orient Asie centrale est celle qui devrait le mieux s’en sortir cette année, à 5 % de croissance contre 1,6 % aux Etats-Unis, 3,1 % dans la Zone-euro, et 4,4 % en Asie. Mais, comme dans le reste du monde, dès 2023, la croissance de la région devrait être ramenée à 3,6 %, malgré des prix du pétrole qui resteront élevés selon le Fonds (98,2 USD le baril en 2022, 85,5 USD en 2023). 

L’OPEP est encore plus sévère. Dans son rapport mensuel paru cette semaine également, le cartel a baissé sa prévision de croissance mondiale pour 2023 de 0,6 point de pourcentage, à 2,5 %, contre 3,1 % le mois dernier. La croissance de la demande de pétrole a été revue à la baisse aussi pour cette année, à +2,6 Mb/j (0,5 Mb/j en moins par rapport aux prévisions précédentes) et l’année prochaine, à +2,3 Mb/j (0,4 Mb/j en moins). 

Ces prévisions fournissent une justification économique à la coupe décidée par l’OPEP+ la semaine dernière. Les ministres des pays membres de l’Organisation ne cessent en effet de répéter qu’il s’agit d’une décision technique, ce qui est largement mis en doute. Alors que nous fêterons dans un an les 50 ans du premier choc pétrolier, les relations entre producteurs et consommateurs de pétrole semblent ainsi n’avoir jamais été aussi politiques ; et les perspectives économiques, rarement aussi noires.

 

Graphique de la semaine - Evolution des prévisions de croissance en 2023 du FMI

Prévisions du FMI pour 2023

 

Pétrole et gaz

Brent (cours au 13/10/2022 à 19h GST) :  92,9 USD 
- 0,3 % depuis un mois
+ 17,6 % depuis début 2022 

Les prix du pétrole ont globalement baissé au cours de la semaine écoulée. Le Brent s’échange ce jeudi en fin de journée GST à un peu moins de 93 USD le baril après avoir dépassé le seuil de 98 USD à trois reprises au cours des sept derniers jours. 

Les fondamentaux liés à l’offre et ceux liés à la demande ont tour à tour tiré la valse des prix de leur côté. La dynamique haussière des prix, en fin de semaine dernière, correspondait à la récente décision de l’OPEP+ de réduire ses quotas de production de 2 M barils par jour à partir de novembre prochain. Cette décision, critiquée par les pays occidentaux importateurs de produits pétroliers, a été motivée par la révision à la baisse de la demande de pétrole par le cartel des producteurs. 

Les premiers jours de cette semaine ont cependant été les témoins d’une baisse globale des cours liée à des fondamentaux de demande. L’économie chinoise est toujours en proie à de potentiels confinements supplémentaires sous l’égide de la politique zéro-covid qui ne devrait pas s’arrêter de sitôt. Le Quotidien du Peuple, contrôlé par le parti communiste Chinois, a d’ailleurs indiqué mercredi que « lying flat has no way out » en référence à une expression populaire chez les chinois souhaitant un assouplissement de la politique sanitaire. 

La volatilité est donc toujours d’actualité, le prix du Brent étant passé de 86 USD fin septembre à plus de 98 USD cette semaine, avant de retomber à moins de 92 USD ce jeudi 13 septembre au matin

Plus qu’une valse, c’est un tango

 

Brèves économiques

Region

Le FMI a publié son rapport semi-annuel World Economic Outlook et a mis à jour ses principaux agrégats économiques. Au niveau international, l'organisation de Washington confirme la reprise économique mais met en garde contre trois importants risques : la guerre en Ukraine et ses conséquences sur le prix des hydrocarbures et de certaines denrées alimentaires, la hausse du coût de la vie causée par des pressions inflationnistes “persistantes et croissantes” ainsi que le ralentissement de l'économie chinoise. A l'échelle régionale, le FMI se montre toutefois plus optimiste. La croissance économique moyenne des six pays du CCG est anticipée en 2022 à 5,4 %, contre 3,2 % en Chine, 1,6 % aux Etats-Unis et 3,1 % pour la zone Euro au niveau régional. Les pays du CCG bénéficient pleinement de la conjoncture sur les marchés pétroliers qui améliore à la fois leurs finances publiques et leurs positions extérieures. Un facteur de vulnérabilité est tout de même présent dans la région : l'inflation, dont le FMI prévoit un taux annuel supérieur à 4 % au Koweït/Qatar et de plus de 5 % aux EAU. 

Prévisions du FMI

Les échanges commerciaux entre l'Arabie saoudite et le Qatar ont atteint 214 M USD lors du premier semestre 2022. Pour rappel, l’Arabie saoudite avait imposé un blocus à son voisin qatari entre juin 2017 et janvier 2021. Les relations entre Doha et Riyad s’améliorent donc, comme en témoigne la récente rencontre entre le ministre saoudien de l'investissement, Khalid Al-Falih, et le président et les membres du Conseil d'affaires saoudo-qatari au siège de l'Union des Chambres saoudiennes. Au cours de la réunion, le rôle et l'agenda du conseil dans le renforcement des relations économiques du Royaume d'Arabie Saoudite avec l'État du Qatar ont été discutés. Mettant en avant l'ordre du jour de la réunion, le ministre de l'investissement a souligné l'intérêt dont bénéficient les relations saoudo-qataries au plus haut niveau. Ce montant reste toutefois faible par rapport aux relations économiques d’avant le blocus : selon les données mensuelles de la Direction des statistiques du commerce du FMI (DOTS), les importations bilatérales de Doha et Riyad s'élevaient à plus de 890 M USD au premier semestre 2016. 

Arabie saoudite 

L’inflation saoudienne atteint son plus haut niveau depuis 15 mois à 3,1 % en septembre en g.a. Par rapport à août dernier, l’inflation a très légèrement augmenté de 0,3 %. Le principal contributeur à la hausse de l’indice sur un an est le poste alimentation et boissons (+4,3 %). L’inflation en Arabie saoudite est en progression quasi-continue depuis octobre 2021. 

L'Arabie saoudite consacrera 503 M USD pour 15 projets hydrauliques au nord du pays. Sur ce total, 13 projets seront réalisés par la National Water Co. La société a également mis en œuvre deux projets visant à renforcer la couverture des services d'eau par la création de réservoirs d'eau opérationnels d'une capacité totale de 6 000 mètres cubes, l'extension de plus de 105 km de lignes principales et secondaires, et la mise en œuvre de plus de 2 200 raccordements d'eau domestiques pour desservir plus de 21 700 nouveaux bénéficiaires dans les districts d'Al-Dahiya, Al-Mubarakiya, Al-Jawhara et Al-Rawabi dans la ville d'Arar.

Aramco maintiendra ses livraisons de pétrole à l'Asie en novembre malgré les réductions de l'OPEP+. Saudi Aramco a annoncé à au moins sept clients en Asie qu'ils recevraient la totalité des volumes contractuels de pétrole brut en novembre, avant le pic de la saison hivernale, ont déclaré lundi plusieurs sources non officielles. Le producteur maintient l'approvisionnement de l'Asie à un niveau stable malgré les réductions probables de la production en puisant dans ses stocks.

L'indice de la production industrielle (IPI) a augmenté de 16,8% en août 2022 par rapport à août 2021. L'IPI a continué à afficher un taux de croissance positif en raison de la production élevée dans les secteurs des mines et carrières, de l'activité manufacturière et de la fourniture d'électricité et de gaz. En prenant une perspective à plus long terme, la croissance de l'IPI est devenue positive en mai 2021 après une longue période de taux de croissance négatifs en 2019 et 2020. Depuis la mi-2021, la croissance de l'IPI a affiché une tendance positive, s'accélérant à la fin de 2021.

Plusieurs entreprises émiriennes ont récemment annoncé des prix d’introduction en bourse.  Arabian Drilling Company, une société de services pétroliers, a annoncé fixer le prix de son IPO à 100 riyals par action (26,6 USD) et qu'elle devrait lever 710,58 M USD. Le prix final se situe dans le haut d'une fourchette de prix annoncée le mois dernier, qui le valoriserait à 2,4 Mds USD. Quant à l'entreprise Marafiq (Power and Water Utility Company for Jubail and Yanbu), elle souhaite lever 897 M USD. L'entreprise publique détenue en partie par Saudi Aramco et le PIF prévoit de vendre plus de 73 millions d'actions et a fixé le prix de l'offre entre 10,90 USD et 12,24 USD par action.

Alstom remporte un contrat d’exploitation et de maintenance pour l'aéroport de Jeddah. Ce contrat O&M est évalué à 53 M USD (200 M SAR) et couvre la période de juin 2022 à juin 2027. Alstom avait auparavant obtenu un contrat similaire pour la période allant d'août 2019 à juin 2021. 

Bahreïn

GFH Financial Group, une banque d'investissement basée à Bahreïn et cotée à Dubaï, a investi 400 M USD dans plusieurs cliniques médicales situées aux États-Unis. L’ensemble des actifs immobiliers liés au secteur médical de GFH aux Etats-Unis serait désormais évalué à 1 Md USD. Pour mémoire, ce secteur contracyclique a été particulièrement résilient et performant pendant la pandémie du Covid-19. 

561 candidats ont déposé leur candidature pour les élections parlementaires et municipales prévues le 12 novembre. Dans le détail, 379 candidats sont en lice pour les 40 sièges du Parlement et 192 candidatent aux 30 sièges des conseils municipaux. A noter que 107 femmes ont décidé de se présenter, contre 49 en 2018. Le nombre définitif de candidats sera toutefois communiqué après révision. Quant aux votants, plus de 344 000 citoyens ont été confirmés éligibles pour se rendre aux urnes (- 6 % par rapport à 2018). 

Emirats arabes unis 

Le Premier ministre des EAU, Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, a approuvé le budget fédéral pour les exercices 2023-2026. Concernant l’année 2023, le gouvernement fédéral anticipe un revenu global de 63,6 Md AED (17,3 Md USD ; en hausse de 11 %) et des dépenses à hauteur de 63,1 Md AED (17,2 Md USD ; en hausse de 3,9 %). Les deux principaux postes du budget sont, de loin, le développement et les bénéfices sociaux (39 %) et l’item dit des affaires gouvernementales (38 %). Quant à l’ensemble de la période 2023-26, le budget prévoit des recettes de 255,7 Md AED (69,6 Md USD) et des dépenses totales de 252,3 Md AED (68,7 Md USD). 

Abu Dhabi National Energy Company (TAQA) a présenté ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 dans le cadre de sa nouvelle stratégie de réduction des émissions dans le cadre de sa nouvelle stratégie ESG (Environnement, Social, Gouvernance). L’entreprise vise une réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l'ensemble de son portefeuille d'ici 2030 par rapport au niveau de référence de 2019. Plus précisément concernant ses actifs situés aux EAU, TAQA a indiqué viser une baisse de 33 % des émissions de GES dans le pays, d'ici à la fin de la décennie et ce, afin de soutenir l'ambition de zéro émission nette des EAU (2050). Pour rappel et selon sa stratégie 2030 publiée l’année dernière, l’entreprise émirienne souhaite produire plus de 30 % de son électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030, contre 5 % en 2021.

International Holding Company (IHC) a investi 734 M AED (200 M USD) dans Lulo Bank, la plus grande banque numérique réglementée de Colombie. Cette transaction, qui reste soumise aux approbations réglementaires, s'inscrit dans la stratégie d'internationalisation d'IHC et fait suite à l'expansion de ses activités d'investissement, plus tôt dans l'année, au Royaume-Uni, en Inde et en Turquie. Selon l’agence de presse WAM, Lulo Bank est la première banque entièrement numérisée de Colombie et possède actuellement plus de 120 000 utilisateurs (avec l’objectif affiché d’en avoir 1 M d’ici les trois prochaines années).

Burjeel Holding a été introduite à la bourse d'Abu Dhabi (ADX) le lundi 10 octobre. L'IPO a permis à l'entreprise, créée en 2007, de lever 1,1 Md AED (300 M USD) pour l'offre de 11 % du capital social émis. L'offre a été sursouscrite 29 fois. Ce jeudi 13 octobre, les actions de Burjeel Holding s’échangeaient à 2,41 AED (contre un prix d’offre final de 2 AED lors de l’IPO), témoignant ainsi de l’appétit des investisseurs. La nouvelle capitalisation boursière correspondante est 12,5 Md AED (3,4 Md USD). L'agenda des introductions en bourse est donc particulièrement riche aux EAU. Cette dynamique devrait se poursuivre, le pays souhaitant développer ses marchés financiers. 

ADNOC Drilling a obtenu, au cours de la semaine écoulée, plusieurs contrats d’ADNOC d’un montant total d’environ 2,5 Md USD. Ces contrats concernent la location et la fourniture de quatorze plateformes dites jack-up, de deux plateformes insulaires et des services de forage associés. Pour rappel, ADNOC Drilling est la principale entreprise nationale du Moyen-Orient en ce qui concerne la flotte d'appareils de forage et est cotée à la bourse d’Abu Dhabi depuis octobre 2021. 

Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum a annoncé le lancement d'un programme national visant à appuyer la transformation technologique. Ce programme vise à développer 1 000 projets technologiques dans l'optique d'exporter 15 Md AED (4,2 Md USD) produits technologiques avancés émiriens par an. Le projet s’inscrit dans la volonté des Emirats de développer le secteur industriel comme en témoigne la stratégie Opération 300 milliards lancée en mars 2021 avec l’objectif de porter la contribution au PIB du secteur industriel à 300 Md AED en 2031 (contre 133 Md AED en 2021 selon l’agence de presse WAM).  

Koweït   

Le gouvernement nouvellement désigné la semaine dernière a directement démissionné dans sa totalité, dans la foulée de sa nomination, moins de 48h après le décret émirien annonçant sa composition. Les raisons invoquées seraient le mécontentement d’une majorité de députés de la nouvelle assemblée face à la reconduction de nombreux ministres du gouvernement précédent, jugés comme responsables de la paralysie politique actuelle du pays. Face au statu quo qui se profilait et la rapidité avec laquelle le nouveau gouvernement avait été nommé, la levée de bouclier a été spectaculaire, et a entrainé la démission de l’ensemble des ministres. Le feuilleton politique koweïtien n’est pas près de se terminer.

Oman

Le Sultanat d’Oman a enregistré un excédent budgétaire de 1,09 Md OMR (2,6 Md USD) au cours des huit premiers mois de l’année 2022, contre un déficit de plus de 1 Md OMR au cours de la même période l'année précédente. Cette forte amélioration des finances publiques est directement liée aux prix élevés sur les marchés pétroliers. Pour rappel, le FMI a récemment anticipé un excédent budgétaire de 5,5 % du PIB en 2022. Selon l’organisation internationale il s’agira du premier excédent budgétaire du gouvernement depuis 2013. Quant à la dette publique du Sultanat, le FMI anticipe un ratio dette sur PIB de 45,4 % en 2022 contre 69,7 % fin 2020.

Oman se fixe un objectif de zéro émission nette de carbone d'ici 2050. Le sultan Haitham a adopté un décret royal mardi 11 octobre afin d’approuver cette échéance, conforme à la Vision 2040 du pays. Mascate rejoint ainsi plusieurs pays du CCG qui ont déjà fixé de tels objectifs : l'Arabie saoudite, Bahreïn (en 2060 pour les deux pays) et les Émirats arabes unis (en 2050). 

Qatar

Qatar Sports Investments (QSI) achète 21,67 % des parts du club de football portugais Sporting Braga, actuellement troisième du championnat Primeira Liga et évoluant aussi en Ligue Europa. 

L’indice des directeurs d’achat (PMI) enregistre une forte chute ces trois derniers mois pour s’établir à 51 points en septembre contre 68 points au mois de juin. Cette chute s’explique par une faible demande marquée par une baisse des ventes tous secteurs confondus, dont notamment la construction, alors que de nombreux projets sont suspendus d’ici la fin de la Coupe du Monde.

Le ministre de l’énergie et PDG de QatarEnergy Saad Sherida Al Kaabi a annoncé que trois autres partenaires internationaux participeront au projet North Field South d’extension des capacités de liquéfaction de gaz d’ici 2028, outre TotalEnergies, qui détient 9,375 % des parts du projet sur les 25 % attribuées aux partenaires internationaux. Shell et ExxonMobil seraient pressentis.

Industries Qatar et Mesaieed Petrochemical Holding Company (MPHC) ont signé un accord de principe pour financer la construction de la première usine de PVC dans l’émirat (350 kt/an) par leur co-entreprise Qatar Vinyl Company (QVC). L’accord de co-entreprise de QVC arrive à expiration en mai 2026, date à laquelle QAPCO (32 %) et QE (13 %) devraient transférer leurs parts à Industries Qatar, les 55 % restants étant toujours détenus par MPHC. Pour mémoire, Industries Qatar est actionnaire majoritaire de QAPCO (80 %). L’EPC de l’usine a été attribué en avril pour 239 M USD et la construction est attendue pour mi-2025.