Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 40 du 3 au 9 octobre 2022
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : La Banque mondiale fait part de ses inquiétudes concernant le Nigéria ; Le Nigéria accentue sa lutte contre le vol de pétrole ; Le Nigéria bénéficiera de 750 M USD de la Banque mondiale pour l’amélioration du climat des affaires ; Le Nigéria relance son plan de commercialisation de gaz torché.
- Ghana : L’inflation des prix à la production passe à 46% en août 2022 ; La dette du Ghana devrait atteindre 104% du PIB d’ici fin 2022 selon la Banque mondiale.
Le chiffre à retenir:
95% : C’est la part des recettes pétrolières dédiées au paiement de la subvention sur le prix de l’essence lors du mois d’août 2022, soit 525 Md NGN (environ 1,2 Md USD).
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Nigéria
La Banque mondiale fait part de ses inquiétudes concernant le Nigéria
Dans son dernier rapport consacré à l’Afrique, Africa’s Pulse, la Banque mondiale s’inquiète des conséquences de la baisse de la production pétrolière. En effet, le Nigéria n’a pas su profiter de la hausse des cours du pétrole, sa production ayant enregistré un cinquième trimestre de baisse consécutif avec -11,8% au deuxième trimestre 2022. Au mois d’août, la production pétrolière a notamment atteint son plus bas niveau depuis 50 ans, soit 972 000 barils / jour. En conséquence, la Banque mondiale a abaissé une seconde fois ses prévisions de croissance pour 2022, de 3,8% en avril à 3,4% en juin et 3,3% en octobre. Malgré ces difficultés, la croissance nigériane reste toutefois dans la moyenne de l’Afrique sub-saharienne. De plus, l’institution semble bien plus optimiste quant à la croissance du secteur industriel qu’elle prévoit désormais de +5,1% en 2023 contre +3,2% dans son rapport de juin.
Enfin, la production pétrolière ne permet plus de compenser le poids de la subvention au prix de l’essence sur les finances publiques. Bien que la dette publique reste à un niveau relativement faible (37,6% du PIB), le service de la dette – c’est-à-dire le paiement des intérêts et le remboursement du principal – devrait atteindre 102,3% des recettes publiques en 2022.
Le Nigéria accentue sa lutte contre le vol de pétrole
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui fixe les quotas de production pour ses 23 pays membres, a décidé cette semaine d’une baisse de la production de 2 millions de barils par jour à partir de novembre 2022. Cette annonce devrait permettre de maintenir les prix du baril entre 80 et 100 USD. Cependant 15 pays, dont le Nigéria, ne parviennent pas à atteindre leur quota de production. Au mois d’août 2022, le Nigéria n’a produit que 53% de son quota de 1,826 mb/p. Cet écart s’explique par une moindre attractivité du Nigeria en matière d’investissements dans le secteur pétrolier et la recrudescence des actes de vandalisme dans la zone du delta du Niger.
Face à ce phénomène, la société pétrolière nationale, la NNPC, a annoncé accroître sa lutte contre le vol. Selon son directeur général, plus de 395 raffineries sauvages et 4 km de pipeline illégal, reliant un terminal d’exploitation à la mer, ont été découverts et fermés. Dans le même temps, la NNPC a annoncé la réouverture du pipeline Trans Niger, d’une capacité de 180 000 barils / jour, soulignant une amélioration relative du contexte. Il avait en effet été fermé en avril 2022 en raison d’actes de vandalisme.
Le Nigéria bénéficiera de 750 M USD de la Banque mondiale pour l’amélioration du climat des affaires
L’Association Internationale de Développement (IDA), une des trois filiales de la Banque mondiale, a annoncé jeudi dernier que le Nigéria bénéficierait d’un prêt de 750 M USD pour accélérer les réformes visant à améliorer l’environnement des affaires au niveau des Etats. Ce financement s’inscrit dans le cadre du State Action on Business Enabling Reforms (SABER). Ce programme, monté conjointement par le Conseil Présidentiel pour l’amélioration de l’environnement des affaires (Presidental Enabling Business Environment Council, PEBEC) et la Banque mondiale, doit permettre de créer 21 millions d’emplois et sortir 35 millions de personnes de la pauvreté d’ici 2025.
En plus du financement, le gouvernement fédéral bénéficiera d’une assistance technique dans différents domaines : la gestion foncière, l’amélioration des services des agences de promotions de l’investissement, l’efficacité et la transparence des relations entre le secteur public et privé… Au total 2 Md USD seront déboursés dans le cadre du programme SABER. A noter que seuls les Etats qui auront mis en place un plan d’action sur les réformes à conduire, en concertation avec le secteur privé, pourront bénéficier de ce programme.
Le Nigéria relance son plan de commercialisation de gaz torché
Le gouvernement fédéral relance le plan de commercialisation de gaz torché, qui avait été suspendu en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Le Programme National de Commercialisation du gaz torché (National Gas Flare Programme) avait été lancé en 2016 avec l’objectif de cesser complètement le torchage du gaz d’ici 2035 et d’atteindre le zéro net d’émissions de CO2 d’ici 2060. Le gouvernement avait alors publié une série d’appels d’offres portant sur la gestion de 176 sites de torchage de gaz, auxquels 226 biders avaient répondu. D’après le gouvernement, les contrats seront finalisés d’ici décembre 2022.
Pour rappel, le Nigéria fait partie des 7 principaux émetteurs de gaz torché, c’est-à-dire de gaz brûlé lors de rejets intervenant lors des opérations d’extraction de pétrole et de gaz naturel. Entre 2018 et 2021, le torchage du gaz a représenté un manque à gagner de 2 Md USD pour le pays. Malgré l’interdiction du torchage de gaz issu de la production pétrolière depuis plusieurs décennies, la pratique continue. En 2021, 6,6 Md m3 de gaz ont été torchés, soit un manque à gagner de 761 M USD pour le gouvernement qui aurait pu commercialiser ses volumes.
Ghana
L’inflation des prix à la production passe à 46% en août 2022
Le Ghana Statistical Service a annoncé que le taux d'inflation des prix à la production (IPP) est passé de 41,2% en juillet 2022 à 46% en août 2022. Cela représente une augmentation de 4,8 points de pourcentage. Les IPP offrent une mesure des variations moyennes des prix pratiqués par les producteurs de diverses marchandises : ils mesurent les variations des prix « départ usine » des produits, excluant toutes les taxes et marges que le consommateur paye. Comme il mesure les changements de prix avant qu'ils n'atteignent les consommateurs, certains le considèrent comme un indicateur plus précoce de l'inflation que l'indice des prix à la consommation. Le taux du mois d'août a été largement alimenté par des augmentations dans le secteur manufacturier qui a enregistré le plus haut taux d'inflation des prix à la production en glissement annuel de 61,7 pour cent. Il est suivi par le sous-secteur des mines et des carrières avec 35,7%. En août 2021, le taux d’IPP pour l'ensemble de l'industrie était de 8,1%.
La dette du Ghana devrait atteindre 104% du PIB d’ici fin 2022 selon la Banque mondiale
La Banque mondiale a classé le Ghana dans la catégorie des pays fortement endettés : elle prévoit que la dette du pays par rapport au produit intérieur brut (PIB) atteindra 104,6% à la fin de 2022. Selon son rapport Africa’s Pulse d'octobre 2022, la dette devrait faire un bond considérable dans un contexte de déficit public élargi, d’affaiblissement du cédi ghanéen face au dollar et de hausse des coûts du service de la dette. Il prévoit également un ratio dette/PIB de 99,7% et 101,8% du PIB en 2023 et 2024, respectivement. La taille de l'économie ghanéenne est estimée à environ 72 Md USD, tandis que le pays devrait consacrer environ 70% de ses recettes cette année au service de sa dette.
Ce rapport est publié au moment où la Banque et le Fonds monétaire international (FMI) procèdent à une analyse de la viabilité de la dette du pays. Les inquiétudes quant à une non viabilité de la dette ghanéenne ont conduit à l'abaissement de la notation du pays en monnaie locale et étrangère par les agences Fitch et Moody’s ces deux dernières semaines : respectivement de CCC à CC et de Caa2 à Caa1.