En 2021, les flux mondiaux d’IDE vers l’ASEAN ont progressé de 44% selon la CNUCED, en ligne avec la tendance mondiale (+64%). Les flux français vers l’ASEAN ont cependant été négatifs selon la Banque de France (-3,2 Mds EUR), contribuant à un recul de près de 9% de notre stock d’IDE dans la région. Malgré une baisse notable des flux (-4,3 Mds EUR), Singapour confirme son rôle de hub en attirant près des deux tiers des IDE, la finance et l’industrie en tête en termes sectoriels. Si l’ASEAN attire 7% des stocks d’IDE mondiaux, elle continue de ne représenter, comparativement, qu’une faible portion (1,5%) des IDE français.

1. Les flux mondiaux d’IDE vers l’ASEAN enregistrent un fort rebond de 44% en 2021…

Après un repli de 30% en 2020 dû à la crise sanitaire, l’année 2021 a enregistré une hausse significative de 44% des flux d’IDE vers l’ASEAN, à 175 Mds USD (dont 99 Mds USD dirigés vers Singapour), d’après le dernier rapport de la CNUCED sur les IDE. Cette hausse est en ligne avec la tendance mondiale, caractérisée par un fort rebond de 64% des flux, dépassant nettement les niveaux d’avant crise (+7% par rapport à 2019). En 2021, plusieurs facteurs ont permis ces résultats, parmi lesquels, le rythme de vaccination soutenu dans la région, les plans de relance et programmes d'investissement à l'étranger, ainsi que des conditions de financement à long terme favorables, soutenant la confiance des investisseurs dans les secteurs des infrastructures.

La région de l’ASEAN est restée attractive, malgré une diminution de sa part dans les flux d’IDE mondiaux, de 12,7 à 11,1% (cf. Annexes 1 et 2), ce qui s’explique probablement par le retard de la région pour rouvrir ses frontières, alors que d’autres destinations ont fait le pari très tôt de « vivre avec le Covid ». La part des IDE intra-région a reculé, de 19 à 12%, en dépit des récents efforts d’intégration régionale (signature du RCEP en 2020).

2. …à contre-courant des flux d’IDE français, ressortis négatifs dans la région…

À contre-courant de l’évolution des flux d’IDE français dans le monde (+77%), les flux français à destination de l’ASEAN se sont largement repliés en 2021 (-3,2 Mds USD) (cf. Annexes 3 et 5),du fait d’opérations spécifiques ne concernant que Singapour. De plus, ce repli est intervenu alors que les flux dans la région avaient été élevés en 2020 (+3,8 Mds USD) et 2019 (+4,6 Mds USD - record historique).

Mais hors Singapour (-4,3 Mds USD), tous les pays de la région ont enregistré des entrées nettes d’IDE l’année dernière, en particulier, l’Indonésie (+506 M USD), les Philippines (+250 M USD) et la Malaisie (+111 M USD). La majorité des flux ont été constitués de dividendes réinvestis et/ou d’augmentations de capital.

S’ils ne sont pas encore visibles au travers des flux d’IDE, certains projets ont bien été initiés en 2021, à l’instar des projets de création et/ou d’extension d’usines à Singapour (Sanofi, Soitec, Arkema…) ; des projets solaires d’Engie en Malaisie ou des investissements d’EDF Renouvelables au Vietnam. À noter par ailleurs la signature d’un accord prévoyant des contrats PPP entre la France et la Thaïlande dans le secteur des transports.

Dans le sens opposé, les flux d’IDE en France en provenance de l’ASEAN ont aussi été négatifs, atteignant -691 M USD, après -1,3 Md USD en 2020. D’après le rapport 2022 sur les investissements internationaux de Business France (mesurant moins les IDE que les annonces d’investissements et leur impact sur l’emploi), 21 projets de création et/ou de maintien d’activités ont été recensés l’an dernier. Par exemple, l’entreprise singapourienne de la tech Avaiga a créé sa structure française en mars 2021 tandis que le constructeur automobile vietnamien Vinfast a décidé d’ouvrir un bureau de représentation à Paris.

3. …contribuant à un recul d’environ 9% du stock d’IDE français dans l’ASEAN.

Le stock français dans la région baisse mais reste élevé à 23,0 Mds USD fin 2021 (-8,8% versus 2020), après avoir atteint un niveau record en 2020 (24,4 Mds USD). Les investissements français dans l’ASEAN ont représenté 1,5% du stock total d’IDE français dans le monde en 2021 (cf. Annexe 4), presque deux fois moins que la Chine (2,5%). Aussi, pour comparaison, l’ASEAN attire 7% du stock mondial d’IDE (3 138 Mds USD, source CNUCED), témoignant de la marge de progression possible de la France pour accroître ses IDE dans la région.

Singapour continue d’accueillir la majorité des IDE, avec près des deux tiers du stock (soit 14,4 Mds USD, en baisse de 19,6%, cf. Annexes 5, 6, 7 et 9), loin devant l’Indonésie (2,3 Mds USD, +39,4%), la Thaïlande (1,9 Md USD, +1,9%) et la Malaisie (1,7 Md USD, +13,9%). Le rôle de plateforme régionale qu’occupe la cité-Etat pour l’investissement peut néanmoins conduire à minorer ces stocks, les entreprises françaises ayant propension à s’implanter dans la cité-Etat, compte tenu des mesures incitatives (sur le plan fiscal en particulier) déployées par les autorités et de l’environnement des affaires extrêmement favorable.

La réouverture des frontières de la région, dans un contexte post-pandémie, devrait permettre de maintenir la position des sièges régionaux, voire contribuer à en attirer de nouveaux, notamment en provenance de Chine et Hong Kong - la politique zéro-COVID s’ajoutant aux incertitudes liées aux tensions sino-américaines. Pour l’heure, de tels mouvements restent limités à l’exception de quelques secteurs dans lesquelles certaines fonctions spécifiques sont effectivement délocalisées de Hong Kong à Singapour (notamment dans la banque), mais en toute discrétion afin de ne pas froisser les autorités hongkongaises.

Dans le sens inverse, le stock d’IDE sud-est asiatique en France s’élève à seulement 2,4 Mds USD (-18%), majoritairement de Singapour. Ce montant est près de dix fois inférieur à celui des IDE français dans la région.

4. La répartition sectorielle reste dominée par les secteurs de la finance et de l’industrie.

En 2021, la répartition sectorielle des flux d’IDE français confirme encore une forte pondération des services de finance & assurance (30% en moyenne, cf. Annexe 10), de l’industrie manufacturière (28%) et des activités scientifiques et techniques (28%, allant des services juridiques à l’informatique).

Cette répartition est cohérente avec la présence de grands groupes français dans la région, notamment dans : i) la finance (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Natixis) ; ii) les transports (Airbus, CMA-CGM, Louis Dreyfus Armateurs) ; iii) le secteur agroalimentaire (Bel, Danone) ; iv) les secteurs pharmaceutiques et de la chimie (Sanofi, Servier, Air Liquide, Novacap, Arkema) ; ainsi que v) l’énergie (TotalEnergies, Engie, EDF).

Si l’investissement français est fortement axé sur l’industrie manufacturière et les industries extractives en Indonésie et en Malaisie, elle est plus équilibrée entre industries et services à Singapour et en Thaïlande. L’essentiel des IDE dans le secteur de la construction est concentré aux Philippines (Vinci, Bouygues) tandis que les pays moins développés (Vietnam, Cambodge, Laos) attirent des IDE dans les services (financiers notamment).

Selon Business France, les employeurs originaires de l’ASEAN en France opèrent principalement dans l’hôtellerie (Dorchester Collection, Brunei, 1 000 employés), l’agroalimentaire (Thai Union Group, Thaïlande, 800 employés), l’immobilier et la logistique (Capitaland, Singapour, 600 employés) et la chimie (PTT, Thaïlande, 550 employés).

 Annexes

Part des flux d’IDE vers l’ASEAN dans les flux mondiaux entre 2016 et 2021

a

Flux d’IDE français dans l’ASEAN

a

 

Stocks d’IDE français dans l’ASEAN

a

Répartition géographique des stocks d’IDE français dans l’ASEAN en 2021

a