Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : L’AFD et l’UE signent un accord de 25 M EUR avec le Nigéria pour financer le projet de corridor nord ; Afin de soutenir le cours de la Naira, la Banque centrale a injecté 7,6 Md USD sur le marché des changes en cinq mois ; Hausse de la production de sorgho à 7 Mt au Nigéria en 2022/2023 pour la troisième saison consécutive ; Le Nigéria n’est plus le premier producteur de pétrole en Afrique.

 

- Ghana : La crise inflationniste s’enracine au Ghana ; Le retour à la crédibilité financière du Ghana passe par le FMI.

Le chiffre à retenir:

28 C’est le nombre de start-up au Nigéria ayant bouclé leur première levée de fonds supérieure à 1 M USD depuis le mois de janvier. Les start-up nigérianes dominent le marché africain, avec plus de 977 M USD de capital-risque mobilisé (27% du total).

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Nigéria

L’AFD et l’UE signent un accord de 25 M EUR avec le Nigéria pour financer le projet de corridor nord

Ce jeudi 14 septembre, l’Agence française de développement (AFD) et l’Etat fédéral ont signé une convention de subvention de 25 M EUR, correspondant à la part de l’Union Européenne dans le projet de corridor nord. D’une valeur totale de 238 M EUR, dont 202 M EUR financés par l’AFD, 25 M EUR par l’Union européenne et 12 M EUR de la société publique nigériane Transmission Company of Nigeria, il prévoit le renforcement du système électrique dans le nord-ouest du pays par la construction de 800km de lignes électriques. Cette ligne permettra d’augmenter la capacité du réseau nigérian de 5GW supplémentaires et de créer environ 600 emplois. 

Pour rappel, le réseau électrique nigérian ne permet de répondre qu’à environ 20% des besoins quotidiens en électricité du pays, évalués à 28 GW, contre une capacité effective de seulement 5,5 GW. Plus de 85 millions de Nigérians n’ont pas accès à l’électricité, soit 43% de la population, tandis que 78% des personnes reliées au réseau n’y ont accès que moins de 12 heures par jour. La faiblesse du secteur électrique coûte chaque année l’équivalent de 5% du PIB.

Afin de soutenir le cours de la Naira, la Banque centrale a injecté 7,6 Md USD sur le marché des changes en cinq mois

Alors que l’inflation au Nigéria, estimée à +20,5% au mois d’août 2022 selon les données officielles, ne cesse d’exercer des pressions à la baisse sur la Naira, la Banque centrale du Nigéria tente de limiter sa dévaluation. D’après le gouverneur de la CBN, ce sont plus de 7,6 Md USD, soit environ 20% des réserves de changes du Nigéria, qui ont été injectés sur le marché des changes entre janvier et mai 2022. Au cours du mois de mars, la CBN a dépensé 1,82 Md USD afin de soutenir le cours de sa monnaie. Cependant, malgré cet interventionnisme, la Naira s’est officiellement dévaluée de 0,7% face au dollar sur la période, et bien davantage au marché parallèle.

Alors que la Banque centrale a déjà cessé la vente de devises étrangères aux bureaux de change et limité l’accès pour les entreprises, tout en intervenant massivement sur les marchés, elle devrait de plus cesser de fournir des devises aux banques d’ici à la fin de l’année. Cette politique de restriction, qui pèse sur l’activité des entreprises étrangères et importatrices, aggrave également les tensions sur le marché parallèle ou la Naira ne cesse de perdre de la valeur. Elle s’échange actuellement à 700 NGN pour 1 USD.   

Hausse de la production de sorgho à 7 Mt au Nigéria en 2022/2023 pour la troisième saison consécutive

D’après le dernier rapport du Département américain de l’Agriculture (US Department for Agriculture, USDA), le Nigéria devrait récolter 7 Mt de sorgho au cours de la saison 2022/2023, chiffre en hausse pour la troisième année consécutive. Le sorgho est le troisième grain le plus produit après le maïs et le riz. Sa culture s’étend sur 5,7 Mha, soit la deuxième surface de production céréalière la plus importante. Concentrant 11% de la production mondiale, le Nigéria est le deuxième producteur de sorgho derrière les Etats-Unis (9 Mt par an). Toutefois, la quasi-totalité des récoltes sont destinées au marché intérieur : en 2021 le Nigéria n’a exporté que 50 000 t de sorgho, principalement vers le Tchad et le Niger, contre 6,7 Mt pour les Etats-Unis (soit 75% de leur production).

L’utilisation croissante du sorgho dans l’industrie agro-alimentaire au Nigéria, notamment dans la production de la bière, motive les investissements dans le secteur. Depuis 2011, les surfaces cultivées et la production ont augmenté de 18% mais la productivité ne s’est pas améliorée, à 1,23 t/ha contre 1,45 t/ha pour la moyenne mondiale. En décembre 2021, l’Etat fédéral a mis en place un comité technique pour augmenter les rendements. Enfin, le sorgho représente une opportunité pour le Nigéria face aux effets du réchauffement climatique. La céréale consomme 30% de moins d’eau que le maïs, est peu exigeante en engrais et résistante aux épisodes de sécheresse.

Le Nigéria n’est plus le premier producteur de pétrole en Afrique

A la fin du mois d’août 2022, le Nigéria a perdu sa place de premier producteur de pétrole en Afrique. D’après les données de la commission de régulation de la production de pétrole (Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission), le pays n’aurait produit en moyenne que 972 000 barils par jour (bpj) en août contre 1,17 bpj pour l’Angola. Alors que le Nigéria s’était vu accorder un relèvement de son quota à 1,8 M bpj en octobre 2021 suite à sa demande, la production ne fait que décroitre depuis janvier. La production a atteint un premier niveau historiquement bas en mai 2022 à 1,1 bpj puis s’est rétablie mais n’a pas dépassé les 1,2 M bpj au cours du second trimestre 2022. Les chiffres du mois d’août battent un nouveau record de sous-production.

L’effondrement de la production de pétrole brut s’explique par la forte augmentation des actes de vandalisme sur les installations pétrolières. Depuis le début de l’année, la hausse du prix du baril causée par la guerre en Ukraine a encore aggravé le vol sur les oléoducs. En particulier, 80 à 90% de la production one-shore (15 à 20% de la production totale) transitant par le Trans Nigerian Pipeline serait détournée. L’ampleur du phénomène prend de court, semble-t-il, les autorités du pays. Au début du mois de septembre, le directeur de la NNPC a annoncé qu’il aurait recours à des compagnies privées pour sécuriser les approvisionnements. L’Etat fédéral a notamment signé un contrat de 112 M USD avec la société de sécurité nigériane Global West pour protéger plusieurs pipelines dans le sud du pays.

Ghana

La crise inflationniste s’enracine au Ghana

Les chiffres de l’inflation pour le mois d’août 2022 ont été publiés par le service des statistiques du Ghana. En année glissante l’inflation s’établit à +33,9% avec une inflation moyenne sur les 12 derniers mois de 21,3% pour les produits alimentaires. Cette crise inflationniste touche aussi bien les produits domestiques (+33,4%) que les produits importés (+35,2%) et affecte davantage les centres urbains du sud que les régions plus rurales du nord. Les 15 produits les plus sujets à la hausse des prix sont symptomatiques d’une inflation au long cours qui semble à ce stade incontrôlable, ce malgré la hausse régulière des taux d’intérêts pour la juguler, et qui pèsent lourdement sur les ménages.

Le retour à la crédibilité financière du Ghana passe par le FMI

Les négociations avec le FMI doivent aboutir en décembre 2022 avec pour objectif de rétablir la solvabilité du pays et retrouver l’accès aux marchés internationaux. Selon la Banque du Ghana, les marchés auraient commencé à internaliser les effets positifs de l’engagement du FMI. La Banque avait augmenté son taux directeur de 550 points de base depuis novembre 2021 pour resserrer les conditions de liquidité et ralentir l’inflation, ne provoquant qu’un ralentissement très mesuré de la spirale prix-salaires. C’est donc sur le FMI que compte le Ghana pour mettre en œuvre un cadre plus maîtrisé et coordonné de politique budgétaire et monétaire et, partant, retrouver la confiance des investisseurs qui aujourd’hui fait défaut, tout en maîtrisant une inflation de plus en plus enracinée.