Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le Nigéria et la plateforme de cryptomonnaies Binance veulent créer la première zone franche virtuelle en Afrique de l’Ouest ; Le gouvernement fait marche arrière quant à son projet de taxe sur les télécommunications ; Le Nigéria a prélevé 1 190 Md NGN de TVA sur les six premiers mois de 2022 ; Le Nigéria enregistre une hausse de 11,8% des flux entrants de capital au premier semestre 2022.

 

- Ghana : L'accord entre le Ghana et le FMI de 3 milliards de dollars devrait être finalisé avant la fin 2022 ; 20,8% de la population totale du Ghana est à la fois en situation d’insécurité alimentaire et de pauvreté multidimensionnelle.

Le chiffre à retenir:

700 M $ Sur les 31,7 Md USD d’investissements réalisés par la Banque mondiale au cours de l’année fiscale 2022, pour lutter contre le changement climatique, le Nigéria a bénéficié de 700 M USD. 

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Nigéria

Le Nigéria et la plateforme de cryptomonnaies Binance veulent créer la première zone franche virtuelle en Afrique de l’Ouest

Les autorités fédérales sont en discussion avec la plateforme de cryptomonnaie Binance pour établir une zone franche virtuelle, la première en Afrique de l’Ouest. Sa mise en place se ferait dans le cadre d’un partenariat entre l’autorité fédérale de la promotion des investissements en zone franche (Nigeria Export Processing Zones Authority, NEPZA), Binance et le hub technologique Talent City. Sur le modèle de ce qui existe aux Emirats Arabes Unis à Dubaï, cette zone franche virtuelle offrira des lois, une réglementation et une fiscalité avantageuses aux entreprises du secteur des cryptomonnaies.

La première économie du continent mise de plus en plus sur la technologie numérique et la blockchain. En octobre 2021, le Gouvernement fédéral a lancé une monnaie numérique, la eNaira. En juin 2022, le Nigerian Stock Exchange a annoncé pour 2023 le lancement d’une plateforme d’échanges reposant sur la blockchain. D’après le président Buhari, le secteur pourrait contribuer à hauteur de 29 Md USD au PIB national au cours des 10 prochaines années. Pour rappel, en 2021 le Nigéria était le premier pays en termes de valeur des transactions en cryptomonnaies, avec 760 M USD. En août 2022, le taux d’adoption des cryptomonnaies par les internautes nigérians est le deuxième au monde (27%) après l’Inde (29%).

Le gouvernement fait marche arrière quant à son projet de taxe sur les télécommunications

Ce lundi 5 septembre, le Ministre des communications Isa Pantami a annoncé l’abandon par le gouvernement de la mise en place d’une taxe de 5% sur les télécommunications. Cette mesure, prévue dans la loi de finances de 2020, devait s’ajouter à la TVA de 7,5% qui s’applique déjà sur les SMS, appels et données internet. Les opérateurs téléphoniques devaient, selon le projet présenté lors du mois de juillet, s’acquitter de cette taxe au plus tard le 21 chaque mois auprès des douanes nigérianes.

Le retrait de cette mesure devrait être accueilli avec soulagement par les principaux acteurs du secteur, qui s’y étaient vivement opposés dès son annonce par les autorités. Elle serait venue s’ajouter aux 39 taxes dont s’acquittent déjà les opérateurs téléphoniques, dans un contexte de hausse globale des coûts d’exploitation. La dévaluation de la naira, la hausse du taux d’inflation à 19,6% en juillet 2022 et les actes de vandalisme pèsent lourdement sur les finances du secteur. Selon la Nigerian Communications Commission, en 5 ans, le Nigéria a enregistré 50 000 destructions d’infrastructures de télécommunication. Or le gouvernement s’oppose à toute hausse des tarifs, les 15 demandes envoyées au gouvernement sur les 3 dernières années ayant été refusées.   

Le Nigéria a prélevé 1 190 Md NGN de TVA sur les six premiers mois de 2022

Selon le bureau national des statistiques (NBS), le produit de la TVA au Nigéria pour le premier semestre 2022 a représenté 1 190 Md NGN, soit près de 2,8 Md USD. Cela représente une hausse de 19% par rapport à la même période de 2021 (1 000 Md NGN). Ces données sont une compilation des données trimestrielles du NBS, et témoignent de la contribution majoritaire du secteur manufacturier (33%), suivi par les technologies de l’information et de la communication (19%) et les activités extractives (10%). Le taux de TVA est passé de 5% à 7,5% en 2020, avec des exemptions pour de nombreux secteurs (exportations non-pétrolières, équipement pour les énergies renouvelables, semences agricoles, nourriture animale locale, entre autres). Ce taux, qui permet au pays de lever l’équivalent de 5,7% du PIB annuel, est jugé trop bas par le FMI. L’institution appelait ainsi le gouvernement en février 2021 à la faire passer à 10% en 2022 et 15% en 2025.

La TVA est par ailleurs un sujet de tensions entre le gouvernement fédéral (la FIRS, administration chargée de la collecter) et certains Etats fédérés (dont l’Etat de Rivers). En juillet 2022, des gouverneurs ont à nouveau appelé à augmenter la TVA pour limiter le déficit. A titre de comparaison, en Union européenne, les différentes TVA représentent des revenus de plus de 7% du PIB et 15% des recettes publiques, pour un taux moyen de 18%.

Le Nigéria enregistre une hausse de 11,8% des flux entrants de capital au premier semestre 2022

D’après les données officielles nigérianes, lors du premier semestre 2022 les importations de capitaux ont augmenté de 11,8% par rapport au premier semestre 2021. Alors qu’elles s’établissaient à 2,8 Md USD lors des 6 premiers mois de l’année précédente, le Nigéria a reçu plus de 3,1 Md USD sous forme d’investissements directs à l’étranger, d’investissements de portefeuille et sous d’autres formes encore (prêts, dépôts de devises, etc.) Certains secteurs profitent plus que d’autres de ce phénomène, tel que le secteur bancaire qui, depuis 2017, a reçu 15,8 Md USD d’investissements étrangers. Sur la période, ce montant représente 23% du total des importations de capitaux.

Cependant l’attractivité du Nigéria est toujours ternie par la hausse de l’insécurité dans le pays et la surévaluation de la Naira. Si la naira reste relativement stable sur le marché des changes ( - 3% entre janvier et septembre 2022), sa valeur s’est dégradée de 15% entre juin et septembre sur le marché parallèle. Or cette surévaluation de la naira, accentuée par la politique de restriction d’accès aux devises de la Banque centrale du Nigéria, ne favorise pas les importations de capitaux.

Ghana

L'accord entre le Ghana et le FMI de 3 milliards de dollars devrait être finalisé avant la fin 2022

La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a déclaré qu'un accord entre le Ghana et FMI devrait être conclu et finalisé avant la fin de l'année. Kristalina Georgieva a rencontré à huis clos le Président ghanéen Nana Akufo-Addo en marge du Sommet sur l’adaptation de l’Afrique au changement climatique à Rotterdam. Elle a réaffirmé la détermination du Fonds à travailler avec le gouvernement ghanéen pour qu’un accord soit mis en place avant la fin de l’année 2022. Elle a également souligné que les défis économiques actuels du Ghana ne sont pas d’origine locale mais proviennent de chocs externes – notamment du fait de la crise pandémique et de la guerre en Ukraine.

 Le Ghana a demandé au FMI 3 Md USD dans le cadre d’un plan de soutien, bien que le montant total ne semble pas encore définitivement fixé.

20,8% de la population totale du Ghana est à la fois en situation d’insécurité alimentaire et de pauvreté multidimensionnelle

Le service statistique du Ghana (GSS) a révélé que 6,4 millions de Ghanéens sont à la fois en situation d'insécurité alimentaire et de pauvreté multidimensionnelle. Cela représente 20,8% de la population totale du Ghana. Selon l'enquête annuelle sur les revenus et les dépenses des ménages de 2022, 13,6 millions de personnes (44% de la population) se trouvent en situation de pauvreté multidimensionnelle au premier trimestre 2022. Cette situation s'est aggravée au deuxième trimestre, ce chiffre atteignant 14,4 millions de personnes, soit 46,7%.

Pour rappel, la pauvreté multidimensionnelle est un indice statistique qui s'intéresse aux foyers, comptabilisant à partir de dix indicateurs les privations qui les touchent dans les domaines de la santé, de la scolarité et du niveau de vie. Parmi les indicateurs de la pauvreté multidimensionnelle au Ghana, la couverture de l'assurance maladie et les sanitaires présentent les privations les plus importantes : l’absence d'assurance maladie était le principal facteur de pauvreté multidimensionnelle au cours des deux premiers trimestres de 2022 (34,4% au deuxième trimestre et 33,6% au premier trimestre). Au total, environ 14 millions de personnes sur l'ensemble de la population ghanéenne n'ont pas de couverture d'assurance maladie active. La crise économique en cours avec un taux d’inflation avoisinant les 30% en juillet et un Cedi ghanéen très affaibli sont des facteurs majeurs d’aggravation de la pauvreté multidimensionnelle.