Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein, des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

en tete

Edito - Réunis autour du ballon rond?

Le Qatar s’apprête à accueillir la prochaine Coupe du monde de football qui se déroulera à Doha à partir du 20 novembre. Un an et demi après la déclaration d’Al Ula qui a mis fin au blocus du Qatar, la dimension régionale de l’événement devient de plus en plus palpable. Compte tenu de la taille du pays -- 2,7 millions d’habitants (dont 300 000 Qatariens seulement) -- et du nombre de visiteurs attendus -- de l’ordre de 1,2 million, la monarchie aurait difficilement pu faire sans ses voisins. L’Arabie saoudite et les Emirats ont annoncé cette semaine qu’ils accorderaient des visas spéciaux aux fans du football. Pendant l’événement, Qatar Airways a d’ailleurs prévu, en coopération avec d’autres compagnies de la région, 180 vols navettes par jour à destination des principales métropoles voisines…une bouffée d’oxygène pour le secteur hôtelier local sous pression et des recettes touristiques pour les voisins du Golfe.  

L’Arabie saoudite et les Emirats lorgnent sur les retombées touristiques de l’événement. Les estimations varient toutefois. Bloomberg évoquait en juin 17 Md USD de retombées économiques globales pour le Qatar. Cette semaine, les organisateurs misent sur 6 Md USD. Selon le FMI, la Coupe du Monde devrait agir comme un levier de croissance à court terme important avec une anticipation de +3,4% de croissance du PIB qatarien en 2022.

Quoi qu’il en soit, ces chiffres restent bien loin des sommes investies par le pays qui a lancé d’ambitieux travaux pour disposer d’infrastructures d’accueil, sportives et de transports ultramodernes, à la hauteur du défi relevé : la monarchie aurait dépensé pas moins de 200 Md USD (dont 6,5 à 10 Md USD pour les stades) depuis 2010. L’enjeu pour le Qatar - le but - n’est pas strictement sportif. Malgré les polémiques sur les droits de l’homme et les conditions de travail, l’événement se veut un élément accélérateur de réformes, une vitrine du développement économique et un outil d’influence internationale. Autant de paris à tenir sur l’avenir. 

 

Graphique de la semaine - Bénéfices trimestriels des entreprises du Golfe par zone (Md USD)

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Sources : Kamcoinvest, SER

Brèves économiques 

 

Region   

Le bénéfice agrégé des sociétés cotées dans le Golfe atteint un record historique au Q2 2022 à 77,3Md USD. Une croissance significative de 63% en glissement annuel principalement imputable à Saudi Aramco qui a tiré parti des prix du pétrole particulièrement élevés de ce début d'année. Hors Aramco, les bénéfices agrégés progressent de 33 %. Outre le secteur de l’énergie, le secteur bancaire contribue aussi de manière notable à ce niveau sans précédent. Porté par le resserrement de la politique monétaire américaine, le bénéfice agrégé des 10 principales banques des Émirats arabes unis grimpe de 24 % au deuxième trimestre.

 

Arabie saoudite   

Les actifs de la SAMA atteignent 535Md USD pour la première fois depuis février 2017. Les actifs de la banque centrale ont augmenté de 1,8Md USD au cours du mois de juillet pour atteindre 535Md USD. Cela se traduit par une croissance de 1 % en glissement mensuel par rapport à juin 2022. Dans le même temps, les actifs étrangers nets de la banque centrale ont diminué de 2,48Md USD en juillet pour atteindre 440Md USD. 

Après des performances records au T1 et T2 2022, les bénéfices d'Aramco devraient diminuer au T3 à en croire les prévisions de la société financière Al-rajhi capital. Une tendance à la baisse engendrée par la dégradation de la conjoncture économique mondiale et la diminution, en conséquence, des prix du pétrole. Bien que probable, cette prévision est néanmoins à prendre avec prudence. En effet, une baisse de la production de pétrole par l’OPEP (comme suggéré par l’Arabie Saoudite début Août) pourrait permettre de maintenir des prix du pétrole élevés malgré une demande mondiale en déclin. 

L’entreprise saoudienne Alfanar, spécialisée dans les projets de production et de transport d'électricité, a signé un protocole d’entente avec le gouvernement égyptien mentionnant l’investissement de 3,5Md USD dans un projet d'hydrogène vert. Aucun détail concernant la date de la mise en service n’a cependant été communiqué.

 

Emirats arabes unis 

 

La zone franche de Jebel Ali (Jafza), filiale de l'opérateur portuaire DP World, a enregistré une augmentation de 19% des échanges réalisées par les entreprises qui y sont implantées en 2021 pour un total de 123,8Md USD. Sur la même période, le nombre de ces entreprises a augmenté dans les mêmes proportions (+18,6%). Des augmentations significatives dues, en partie, à l'effondrement de l'activité économique mondiale l'année précédente (crise du Covid).

L'Autorité de réglementation des services financiers de la zone franche Abu Dhabi Global Market (ADGM) a infligé une amende de 360 000 USD à Wise, société du secteur de la fintech, pour avoir manqué à ses obligations en matière de lutte contre le blanchiment d'argent. Cette annonce s'inscrit dans la lignée de nombreuses initiatives destinées à contrecarrer le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme dans le pays. Pour rappel, les EAU ont été placés sur liste grise par le Groupe d'action financière (GAFI) en début d'année.

Le groupe pétrolier ADNOC a annoncé l'attribution de cinq accords-cadres d'une valeur totale de 1,83Md USD à 2 entités locales (Al Ghaith Energy et Al Mansoori) et 3 multinationales américaines (Schlumberger, Haliburton et Weatherford). Ces derniers devraient permettre de stimuler l'activité de forage dans les champs pétrolifères d'Abu Dhabi et d'augmenter ainsi la capacité de production de l’émirat. Dans le détail, ces accords couvrent les champs onshore et offshore d'ADNOC pour une durée de cinq ans.

Les actifs bancaires des banques émiriennes grimpent à 939Md USD en juin (+7,5% en glissement annuel) portés par la croissance du crédit (+5,2%). Ces résultats témoignent de la conjoncture économique favorable dont bénéficie la région qui tire profit de la remontée des prix du pétrole au S1 2022.

 

Koweït     

La banque centrale du Koweït (CBK) devrait augmenter ses taux d’intérêts de 2,75% à 3,5% d’ici la fin de l’année 2022 d'après l'agence Fitch. Une prévision qui se fonde sur les augmentations de taux anticipés de la réserve Fédérale Américaine dans les mois à venir. La CBK n’avait jusqu’à présent relevé ses taux d’intérêts que de 125 points de base, contre 250 points de base cumulés pour la FED depuis le début de l’année.

Le nombre d’expatriés au Koweït progresse de 2,4% entre janvier et juin 2022, soit une augmentation de 78 000 personnes en l’espace de 6 mois. En termes relatifs, la part d’expatriés dans la population totale progresse ainsi de 66,1% à 66,4%. Ces chiffres paraissent à l’aune d’une campagne législative où la question de la place des expatriés dans la société devient de plus en plus centrale.

La campagne électorale pour les élections législatives a officiellement débuté le lundi 29 aout 2022, à la suite de la publication d’un décret de l’Emir fixant le jour des élections au 29 septembre. Ahmad Al-Saadoun, figure de l’opposition, fait partie des 115 candidats actuellement en course.  Ce dernier, comme nombre de ses collègues, parle d’une élection « historique ».

 

Qatar

Le ministre de l’énergie et PDG de QatarEnergy (QE) Saad Sherida Al-Kaabi a annoncé que QE construira la plus grande usine au monde d’ammoniac « bleu » (qui implique de capter et séquestrer sous terre les émissions de carbone émises durant le processus industriel). L’ammoniac est principalement utilisé pour fabriquer de l’engrais mais pourrait aussi être vendu comme combustible bas-carbone. Le projet baptisé Ammonia-7 devrait produire 1,2Mt d’ammoniac par an à l’horizon 2026 dans la cité industrielle de Mesaieed, capter 1,5Mt de CO2e par an et coûter 1,2Md USD.

L’excédent commercial pour le mois de juillet atteint 9,6Md USD, soit une augmentation de 78% en glissement annuel. Les exportations ont été propulsées par le gaz (8,4Md USD, +90% en g.a.) et dans une moindre mesure, le pétrole (1,6Md USD, +35% en g.a.), tandis que les importations augmentent moins fortement (2,6Md, + 22% en g.a.). L’Inde est le premier client du Qatar (1,6Md USD), suivie par le Japon, la Corée du Sud, la Chine et la Belgique, laquelle passe de virtuellement 0 à 1,0Md d’importations entre juillet 2021 et juillet 2022. La Chine et les Etats-Unis sont les premiers importateurs, presque à égalité à 450M USD, suivis par l’Inde, l’Italie et la Turquie.

La Qatar Investment Authority a mené la levée de 400M USD de capital pour la société allemande Celonis, fournisseur de logiciels SaaS dans le secteur de l’analyse de données, qui a en outre bénéficié de 500 à 600M USD de facilités de crédits auprès de banques et sous le leadership de KeyBanc Capital Markets. 

Lors d’une visite d’Etat, le Premier Ministre grec Kyriakos Mitsotakis et l’émir cheikh Tamim bin Hamad Al Thani ont échangé au sujet des enjeux énergétiques. Alors que la Grèce cherche à diversifier ses sources d’énergie, le pays se présente comme un pont entre le Qatar et l’Union Européenne, notamment en matière d’importation d’hydrocarbures.

 La troisième session du comité économique et commercial Qatar-Royaume-Uni a eu lieu à Londres, présidé par le ministre qatarien du commerce et de l’industrie cheikh Mohammed bin Hamad Al Thani et le ministre britannique du commerce international Ranil Jayawardena, en présence de la QIA et de la Qatar Development Bank (QDB). Cette session intervient deux mois après le début des négociations d’un accord de libre-échange avec le CCEAG.

 

Oman

Conformément aux récentes ordonnances royales, le ministère des Finances à déboursé 2,5M OMR (6,5M USD) pour rembourser les crédits en souffrance d’environ 1200 dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME).

Le ministère du tourisme et du patrimoine a signé neuf contrats d'usufruit afin de développer le secteur du tourisme “modeste” dans le pays. En effet, si le pays compte déjà de nombreuses infrastructures d'accueil, ces dernières sont majoritairement destinées à une clientèle aisée. Cette annonce s'inscrit dans la volonté des autorités omanaises d'attirer 3Md OMR (7,8Md USD) d’investissements dans le secteur touristique sur la période 2021-2023. Pour rappel, L'usufruit est le droit d'utiliser un bien et d'en percevoir les revenus sans en être propriétaire.

La population totale du Sultanat d’Oman a progressé de +6,7% en juillet 2022 en glissement annuel, à 4 755 091 personnes. La population expatriée, principalement originaire du sous-continent indien, représente désormais 40,3% de la population totale.