Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : L’AFD annonce un financement de 101,8 M USD au Nigéria pour lutter contre le changement climatique ; Le Nigéria enregistre un taux de croissance en hausse au deuxième trimestre ; Le Nigéria enregistre une hausse de 39% des transactions par terminal électronique ; La Banque centrale du Nigéria débloque 265 M USD des fonds des compagnies aériennes internationales bloqués.

 

- Ghana : Le Ghana signe un accord de gestion ferroviaire de 3,2 Md USD avec le consortium Thelo DB ; Le gouvernement du Ghana a annulé un projet de réémission de dette par roulement de trésorerie en raison de la montée des taux.

Le chiffre à retenir:

2,2 Md EUR C’est le déficit commercial de la France avec le Nigéria lors du premier semestre 2022, soit un quasi-triplement en un an en raison de l’explosion des prix du pétrole, qui représente 98% des importations françaises. 

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Nigéria

L’AFD annonce un financement de 101,8 M USD au Nigéria pour lutter contre le changement climatique

Dans le cadre du plan de transition énergétique du Nigéria annoncé le 24 août, l’Agence française de développement apporte un soutien à hauteur de 101,8 M USD. Ce financement vise en particulier la transformation des systèmes financiers grâce à un premier prêt de 99,4 M USD destiné au développement de la finance verte. Les 2,4 M USD restant serviront quant à eux à apporter une assistance à la Bank of Industry dans sa prise en compte du changement climatique. L’objectif est de financer des projets d’énergies renouvelables, d’agriculture intelligente et de transports urbains plus écologiques.

Alors que le Nigéria souhaite atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060, ce sont environ 10 Md USD supplémentaires que recherche le gouvernement pour financer sa transition. La France, avec cette subvention, participe donc activement à cette transition énergétique grâce au programme « Transformer les systèmes financiers pour le Climat » mis en œuvre dans 17 pays.

Le Nigéria enregistre un taux de croissance en hausse au deuxième trimestre

Au second semestre, l’économie nigériane a enregistré un taux de croissance de 3,5%, contre 3,1% au trimestre précédent. Ce rebond d’activité provient principalement du dynamisme du secteur non pétrolier – 93,7% du PIB nigérian – qui enregistre une croissance de 4,8%. Parmi ces activités, le secteur agricole, qui près d’un quart du PIB, voit son activité croître de 13,8%, tandis que celui des transports et stockage connaît une croissance de 53,8%. Toutefois, ce taux croissance enregistre une légère baisse par rapport au trimestre précédent lors duquel il était de +6%, en raison d’un fort effet de base.

En revanche, le secteur pétrolier, qui ne représente que 6,3% du PIB mais est la principale source d’exportations et de devises étrangères, voit son activité décroître de 11,8%. Cette récession, dans un contexte de prix très élevé, s’explique par la chute de la production depuis le premier trimestre 2021. Le Nigéria n’a en effet produit en moyenne que 1,4 millions de barils par jour pour un quota de production de 1,8 million de barils, fixé par l’OPEP. Par ailleurs, le taux d’inflation estimé à 19,6% en glissement annuel pèse également sur la croissance économique. 

Le Nigéria enregistre une hausse de 39 % des transactions par terminal électronique

Selon les chiffres publiés par le Bureau national pour les règlements interbancaires du Nigéria (NIBSS), entre juillet 2021 et juillet 2022, la valeur des transactions par terminal de paiement a été de 8 Md NGN. Cela représente une hausse de 39% par rapport à la période précédente (5,8 Md NGN pour juillet 2020 – juillet 2021). En volume, elles sont passées de 921 millions à 1,2 milliards de transactions, soit une augmentation de 30%.

Ce différentiel entre volume et valeur suggère une augmentation de la valeur de chaque transaction, qui peut toutefois être plus attribuée à l’inflation qu’à une amélioration du revenu par tête. L’augmentation en volume est le signe d’une croissance de l’inclusion financière et de la pénétration des nouvelles technologies de paiement. La crise sanitaire et l’inflation ont également renforcé la préférence pour des paiements non physiques (la plus grande coupure est de 1 000 NGN, environ deux euros). La Fintech contribue à cet essor et est très présente au Nigéria, comme le souligne un rapport récent. La start-up PalmPay a par exemple atteint les 10 millions d’utilisateurs dans le pays. La marge de progression demeure importante, 55% des Nigérians de plus de 15 ans ne possédant pas de compte bancaire.

La Banque centrale du Nigéria débloque 265 M USD des fonds des compagnies aériennes internationales bloqués

Dans un contexte de réduction des entrées de devises et de dépréciation de la naira sur le marché parallèle, la Central Bank of Nigeria (CBN) a accru le contrôle sur ses réserves de change, empêchant les compagnies aériennes internationales de rapatrier leurs bénéfices. En juin dernier, le vice-président de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) a déclaré que près de 450 M USD étaient retenus au Nigéria à la fin avril. Cette situation affecte considérablement les opérations et la viabilité commerciale des compagnies alors qu’elles font face à une explosion du prix du kérosène. A la mi-août, Emirates Airlines a finalement annoncé la suspension ses activités au Nigéria et d’autres compagnies internationales ont menacé de faire de même si des mesures n’étaient pas prises rapidement par la banque centrale.

 Suite à ces menaces, la CBN a débloqué 265 M USD de fonds retenus dans ses caisses. Les transporteurs ont salué ce geste mais demandent au Gouvernement fédéral de mettre en place une solution durable pour rapatrier leurs bénéfices. Après l’annonce de la CBN, les compagnies aériennes qui avaient suspendu la vente de billets en classe économique les proposent de nouveau et Emirates Airlines a déclaré que les vols en direction de Lagos reprendraient dès le 11 septembre. Enfin, si la situation nigériane demeurait la plus alarmante, la IATA a rappelé qu’au total 700 M USD étaient bloqués dans 11 pays africains.

Ghana

Le Ghana signe un accord de gestion ferroviaire de 3,2 Md USD avec le consortium Thelo DB

Le consortium Thelo DB a signé un accord de gestion ferroviaire de 3,2 Md USD avec le gouvernement du Ghana, par l'intermédiaire de la Ghana Railway Company Limited, afin de développer et d'exploiter la Western Railway Line. Thelo DB est une société ferroviaire africaine constituée entre Thelo – un groupe industriel africain – et DB E&C, une filiale de la société allemande Deutsche Bahn (DB). Une fois achevé, le projet – qui comprend les infrastructures, la formation et la gestion de l'exploitation et de la maintenance associées – transformera le réseau ferroviaire actuel de l’ouest du Ghana en un système ferroviaire moderne et intégré allant du port de Takoradi à Obuasi en passant par la vallée de Huni, y compris plusieurs lignes secondaires. Cette ligne ferroviaire présente un grand potentiel en termes de transport de marchandises : par exemple, les prévisions de transport annuel de manganèse et de bauxite sur cette ligne ferroviaire occidentale sont respectivement de 7 et 15 millions de tonnes métriques.

Le gouvernement du Ghana a annulé un projet de réémission de dette par roulement de trésorerie en raison de la montée des taux

La réémission par roulement – processus par lequel une partie du remboursement du principal est réémis sous forme de nouveaux titres – des obligations à deux ans du 24 mai (coupon à 21,5%) et à cinq ans du 27 mars (coupon à 20,75%) devait initialement avoir lieu le 29 août, mais a été annulée en raison de la montée des taux. Dans sa mise à jour hebdomadaire du marché, GCB Capital a déclaré que les prévisions de prix initiales d'environ 32,5% et 34,5% étaient nettement inférieures à la demande des investisseurs – pour rappel, l’inflation était de 31,7% en juillet 2022. Par ailleurs, le resserrement de la politique monétaire a diminué les niveaux de liquidité sur les marchés – le taux directeur est maintenant à 22%. Le gouvernement pourrait compter sur la Banque du Ghana pour augmenter les taux d’intérêts des obligations afin de pouvoir répondre à la demande de financement.