Lettre mensuelle d'AEOI - Céréales et protéines végétales en AEOI

Alors que les céréales (maïs, sorgho, riz, blé, etc.) représentent la base de la production et de l’alimentation dans de nombreux pays de la région, la culture de haricots secs et autres protéagineux constitue une source importante de protéines végétales. La production de céréales et d’oléo-protéagineux en AEOI a connu une forte progression ces 20 dernières années (+67 % de surface cultivée, +161% de production). Si la production d’’oléagineux ne représente que 27% de la production d’Afrique subsaharienne, elle s’établit à 40 % pour les céréales et les protéagineux. La région AEOI s’affiche comme leader de la production de blé et d’orge en Afrique subsaharienne, mais également de haricots et de sorgho, et dans une moindre mesure de maïs et de riz. Pour autant, la dépendance aux importations s’accentue progressivement pour plusieurs céréales (blé, riz, voire maïs), mais surtout pour les huiles et oléagineux. La crise sanitaire, amplifiée par la guerre en Ukraine, met aujourd’hui en lumière l’importance de ces productions stratégiques pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de ces populations et invite les gouvernements et les acteurs privés à s’inscrire dans une approche plus intégrée des systèmes alimentaires, favorable au développement conjoint de ces productions agricoles.

Une production de céréales et de légumineuses, diversifiée et en forte croissance

Des surfaces en croissance de + 67 % en 20 ans. Les surfaces consacrées à la production de céréales et d’oléo-protéagineux représentent un total de 57,3 Mha en AEOI (+ 67 % en 20 ans, soit + 2,6 % par an). La part de ces surfaces représente la grande majorité des surfaces cultivées et récoltées en AEOI (81,4% en moyenne sur la région), sauf dans certains pays comme Djibouti, Maurice et les Seychelles ou comme ceux plus proches du Bassin du Congo (Ouganda, Rwanda, Burundi), où la production et la consommation de tubercules (manioc, patates douces, pommes de terre) et de bananes sont traditionnellement plus développées. Les systèmes de cultures de la Corne de l’Afrique et de Madagascar sont davantage tournés vers les céréales, dans des proportions qui rejoignent celles observées en France ou dans l’UE : 60 à 80 % des terres cultivées et récoltées y sont ainsi consacrées. Au contraire, les systèmes de culture de la Communauté d’Afrique de l’Est (hors RDC), bien que fortement dominés par la culture de maïs, se situent dans des proportions en céréales, égales ou inférieures à la moyenne africaine (20 à 50 % des terres cultivées y sont consacrées), tout en observant des proportions (10 à 40 %) bien plus importantes consacrées à la culture de protéagineux (légumes secs). Toutes ces productions sont avant tout destinées à la consommation humaine, les cultures spécifiquement fourragères, à destination de l’alimentation animale, ayant du mal à s’imposer.

Une production en hausse de + 161 % en 20 ans. La production de céréales et d’oléo-protéagineux suit cette tendance haussière en s’établissant à 80,6 MT/an (+ 161 % en 20 ans, soit + 4,9 % par an), avec une progression plus prononcée ces 10 dernières années pour les céréales et les oléagineux. La région s’affiche ainsi comme leader de la production de blé et d’orge en Afrique subsaharienne, mais également de haricots et de sorgho, et dans une moindre mesure de maïs et de riz.

40% de la production céréalière d’Afrique subsaharienne. Les surfaces et la production céréalières représentent un total de 35,4 Mha de terres cultivées et de 62,5 MT récoltées en AEOI (soit 31 % des surfaces récoltées en céréales et 40 % de la production céréalière en Afrique subsaharienne). Si la production de maïs est dominante en Afrique de l’Est et en Ethiopie – l’Ethiopie, la Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda se plaçant parmi les 10 premiers producteurs de maïs en Afrique subsaharienne –, la production de sorgho et de millet se concentre dans les zones plus arides de l’Ethiopie et du Soudan, ces 2 pays se classant respectivement 2ème et 3ème producteur de sorgho et 4ème et 8ème producteur de millet en Afrique subsaharienne. Le riz, principale céréale cultivée à Madagascar, connait un essor particulièrement marqué en Tanzanie, où le pays est devenu, en 20 ans, totalement auto-suffisant et exportateur de la céréale, se classant 2ème producteur de riz en Afrique subsaharienne, derrière le Nigéria, mais devant Madagascar. L’orge, le blé et le teff sont par ailleurs des céréales particulièrement représentatives de la région qui concentre entre les ¾ et la totalité de la production de ces céréales en Afrique subsaharienne. L’Ethiopie s’affiche ainsi comme le premier producteur de blé en Afrique subsaharienne, devant l’Afrique du Sud, le Soudan et le Kenya.

40 % de la production de protéagineux d’Afrique subsaharienne. Les surfaces et la production de protéagineux représentent un total de 7,4 Mha de terres cultivées et de 8,1 MT récoltées en AEOI (soit 27 % des surfaces récoltées en protéagineux et 40 % de la production en Afrique subsaharienne). Si les pays d’Afrique de l’Est et l’Ethiopie s’affichent comme les 6 premiers leaders africains de la production de haricots secs, la région compte une grande diversité de production de protéagineux (fèves, pois chiches, niébé, pois secs, pois d’Angole, lentilles, etc.) que l’on retrouve notamment dans les systèmes de culture en Ethiopie, en Tanzanie, au Kenya et au Soudan.

27 % de la production d’oléagineux d’Afrique subsaharienne. Les surfaces et la production de protéagineux représentent un total de 14,5 Mha (dont 5 Mha en arachides et soja) et de 10,0 MT récoltées en AEOI (dont 4,5 MT en arachides et soja), ce qui représente 38 % des terres cultivées et récoltées en oléagineux et 27 % de la production en Afrique subsaharienne. Si l’arachide représente la principale culture oléagineuse en AEOI – le Soudan étant le 2ème producteur d’Afrique subsaharienne, derrière le Nigéria, et la Tanzanie le 6ème – la région connaît une augmentation ces dernières années de la production de sésame (2,5 MT, soit une production multipliée par 4,3 en 20 ans) et de tournesol (1,5 MT, soit une production multipliée par 6,3 en 20 ans). Si le Soudan s’affiche en leader de la production de sésame (1,2 MT), devant la Tanzanie, l’Ethiopie et le Sud-Soudan, la production de tournesol est principalement dominée par la Tanzanie (1,0 MT), suivie par l’Ouganda et le Soudan. La production de soja (313 000 T au total en AEOI) reste encore faible, mais se développe dans la région comme en Ethiopie, en Ouganda, en Tanzanie et au Rwanda (notamment sur des surfaces historiquement allouées à la production de canne à sucre). Le colza et la moutarde peinent encore à se développer, même si ces cultures représentent une diversification intéressante en zone de culture du maïs et en rotation avec les céréales à paille, blé et orge.

Au total, la production de légumineuses en AEOI s’établit à 12,6 MT/an, soit 31 % de la production d’Afrique subsaharienne. Avec une production diversifiée de légumineuses (protéagineux, soja, arachides) et largement dominée par les haricots secs et les arachides, la région s’affiche comme un des leaders de ces productions en Afrique subsaharienne, même si la production de soja reste encore en recul dans la région.

Une consommation en hausse, riche en protéines végétales, mais dépendante des importations

Les céréales comme base de l’alimentation. Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Est et de l’Océan Indien, les céréales représentent plus de 50 % des apports en calories (68 % en Ethiopie, 63 % à Madagascar, 51 % au Kenya et au Soudan) alors que ce taux est de 31 % en France et de 44 % dans le Monde. Les céréales représentent également une source majeure de protéines, différente en fonction des pays mais qui peut atteindre 64 % à Madagascar (riz), 63 % en Ethiopie (teff, maïs, sorgho, blé), 51 % au Soudan (sorgho, millet, blé), 48 % au Kenya (maïs, blé, sorgho). Les céréales sont avant tout consommées sous forme de grain ou de farine et destinées à l’alimentation humaine, mais une partie est également destinée au secteur des boissons (orge, maïs, sorgho) ou de l’alimentation animale. Le niveau d’autosuffisance en céréales reste supérieur à 80 % pour les principaux pays de la région (Tanzanie, Ethiopie, Ouganda, Madagascar, Soudan du Sud, Burundi, Erythrée), mais inférieur à 20% pour plusieurs d’entre eux (Seychelles, Djibouti, Maurice, Somalie, Comores) qui s’affichent ainsi comme fortement non autosuffisants.

Une consommation en légumineuses bien au-delà des moyennes mondiales. La consommation de légumineuses (protéagineux, arachides et dans une moindre mesure soja) permet de compléter l’apport en protéines. A l’exception de Madagascar, des Seychelles et de Djibouti, cette consommation est supérieure à la consommation moyenne mondiale, avec une consommation record au Rwanda (110 g/j/pers), seul pays où la consommation de légumineuses excède le seuil de 95 g/j/pers recommandé par le rapport Global Burden Disease, coordonné par l’Institute for Health Metrics and Evaluation, pour réduire les risques de maladies et de décès. Le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et l’Ethiopie sont par ailleurs les seuls pays qui présentent une consommation de protéagineux, au-delà des recommandations de Lancet établie à 18 kg/pers/an. Seul le Soudan atteint le seuil de recommandation de 9 kg/pers/an en arachides, mais aucun pays n’atteint le seuil de recommandation de 9 kg/pers/an de produits à base de soja.

Une dépendance aux importations de céréales qui s’accroît, contrairement aux protéagineux. Malgré une production de céréales en hausse de +4,8% par an, en moyenne sur 20 ans, la croissance de la population (+2,8 % par an en moyenne sur 20 ans) et l’augmentation de la consommation par personne (passant de 125 kg/pers/an en 2000 pour s’établir autour de 180 à 190 kg/pers/an en 2020), la dépendance aux importations continue de s’accroître. Le déficit se creuse particulièrement pour le blé (même si la proportion en blé importé dans la consommation diminue : 3,4 MT, soit 62 % de la consommation en 2000 contre 6,9 MT, soit 52 % de la consommation en 2020) et pour le riz (0,8 MT, soit 17% de la consommation en 2000 contre 3,2 MT, soit 27% de la consommation en 2020). Pour ce qui concerne les protéagineux, la consommation suit la production – avec de légers excédents en fonction des années – mais une légère diminution est constatée ces dernières années. La part de la consommation importée peut néanmoins varier sensiblement, selon les productions et les pays.

Des importations en provenance de Russie, d’Inde, du Pakistan, d’UE, d’Ukraine pour pallier le déficit en céréales. Si pour certaines productions (comme le maïs), les importations s’effectuent en priorité sur le marché régional, les importations de céréales, hors AEOI, s’établissent autour de 3,1 Mds USD en moyenne sur 2019 à 2021, soit 5 % de la valeur des importations hors AEOI de ces pays. La Russie, l’Ukraine et l’UE sont les principaux partenaires pour les échanges de blé, alors que l’Inde et le Pakistan le sont pour le riz. Les importations de protéagineux sont bien moins importantes et représentent un total d’environ 155 MUSD, soit 5 % de la valeur des importations de céréales. La Turquie, les USA, et dans une moindre mesure le Canada et l’Ukraine, représentent les principaux partenaires commerciaux pour les protéagineux (pois secs, etc.).

Le blé : une dépendance aux importations différentes en fonction des sous-régions. Avec 7,3 MT importées sous forme de grains, le blé représente la principale céréale importée par les pays d’AEOI. A cette quantité s’ajoute 0,8 MT de farine de blé importée, à destination de pays dont les capacités de transformation de céréales restent insuffisantes (Somalie, Soudan du Sud, Erythrée, Djibouti, Madagascar). Si la Russie est le principal exportateur de blé sous forme de grains vers les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (hors RDC), elle se positionne en 2ème position, derrière l’UE, pour la Corne de l’Afrique et l’Océan Indien. Pour les farines, la Turquie et l’Egypte, transformant notamment des grains en provenance de Russie et d’Ukraine, se positionnent en premiers fournisseurs.

Les huiles végétales : une très forte dépendance aux importations que la production d’oléagineux n’arrive pas à contenir. Le cas des huiles végétales est très particulier. Si les productions d’oléagineux (arachides, soja, tournesol, ou autres) ont connu une forte progression ces dernières années (+ 6,6 % par an, en moyenne sur 20 ans), leur transformation locale ne permet pas d’approvisionner de manière suffisante une demande toujours croissante. Alors que la production d’huile a doublé en 20 ans en AEOI, passant de 0,5 MT à 1,0 MT d’huiles végétales, les importations ont quant à elles été multipliées par 7 sur la période, passant de 0,5 MT à 3,5 MT (dont 3,0 MT d’huile de palme, raffinée ou non, et 0,5 MT d’huile de tournesol). Les coûts de production, les prix de vente et les rendements à l’hectare (bien supérieurs pour l’huile de palme) expliquent pour beaucoup cette tendance.

L’alimentation animale : une situation contrastée en fonction des pays. En AEOI, la production agricole est avant tout destinée à l’alimentation humaine. Dans ce contexte, peu de productions sont directement destinées à l’alimentation animale. Le secteur s’approvisionne ainsi essentiellement sur le marché des céréales alimentaires (maïs, sorgho, etc.), des sous-produits de la transformation des céréales (sons de blé et de riz, etc.) ou de la transformation des oléagineux (tourteaux de tournesol et de soja, etc.). La dépendance aux importations reste nuancée en fonction des pays et du développement notamment des filières volailles et porcines. Le Kenya, l’Ile Maurice, la Tanzanie, Madagascar, le Rwanda et l’Ouganda s’affichent comme des importateurs de tourteaux à destination de l’alimentation animale. Chaque année, le Kenya importe en moyenne 152 000 T de tourteaux (tournesol, soja, coton) pour ses besoins d’élevage et l’Ile Maurice 55 000 T de tourteaux de soja. La Tanzanie, le Soudan et l’Ouganda s’affichent quant à eux comme des pays exportateurs (dans la région ou sur de plus longues distances) de tourteaux de tournesol, d’arachides, de coton et de soja.

Le double défi de la croissance démographique et de la souveraineté alimentaire

Avec une croissance démographique de + 2,5%/an, le risque d’une dépendance accrue aux importations est particulièrement important. Alors que la région compte aujourd’hui près de 400 millions d’habitants, elle devrait atteindre 500 Mhbts à horizon 2030 et 750 Mhbts à horizon 2050, soit 10 millions de nouveaux consommateurs à satisfaire chaque année (l’équivalent de la population de la région Ile-de-France). Malgré l’augmentation générale de la production, le niveau de dépendance tend à s’accroître pour ce qui concerne les céréales (blé, riz, maïs) et les huiles alimentaires. Des déficits en protéines d’origines végétale et animale (soja, arachides, tourteaux, volailles, etc.) sont par ailleurs observés. Les défis à relever pour les systèmes alimentaires sont donc particulièrement importants afin d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, et de garantir une plus grande souveraineté alimentaire, nationale et régionale.

Un risque amplifié par des facteurs externes : le changement climatique et l’augmentation des cours de l’énergie et des matières premières. Si les efforts réalisés ces 20 dernières années ont permis d’observer une croissance importante des surfaces (+2,6 %/an) et de la production (+4,9 %/an) en céréales et oléo-protéagineux, il est probable que ces niveaux de performance ne puissent être atteints sur la prochaine décennie au regard des contraintes et aléas climatiques (sécheresses, inondations, évolution des conditions pédoclimatiques, etc.) et de l’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières qui impactent la disponibilité en intrants (engrais, produits phyto, semences, etc.) et pèsent sur les échanges commerciaux.

Un risque également amplifié par des facteurs internes, et notamment la productivité et la structuration du secteur agricole. Plusieurs freins sont régulièrement mis en avant et limitent la production et la productivité agricole, comme la faiblesse des rendements, la qualité et la disponibilité en intrants, la petite taille des exploitations, l’accès au foncier, le faible niveau de structuration des filières, le manque d’infrastructures (stockage, irrigation, voies d’accès, etc.), la vulnérabilité face aux aléas climatiques, etc. Ces 20 dernières années, l’augmentation de la production a fait l’objet de stratégies, de réalités et de leviers différents en fonction des pays, mais la production de céréales a vraisemblablement bénéficié d’une attention plus particulière, comme en témoigne l’analyse des facteurs d’évolution des productions de céréales et de légumineuses : une augmentation des surfaces et des rendements (même si limitée) pour les céréales, et une augmentation davantage portée sur l’augmentation des surfaces pour les légumineuses.

Vers une approche plus intégrée des systèmes alimentaires, favorable au développement conjoint des céréales et des légumineuses ?

Des stratégies agricoles bousculées dans le contexte actuel. Alors que de nombreux pays se sont dotés de stratégies à 10 ou 20 ans pour leur secteur agricole, et que de nombreux bailleurs se sont engagés à financer des projets dans les domaines du développement agricole, du développement rural, de la sécurité alimentaire et de la nutrition, le contexte actuel invite à requestionner les enjeux et les moyens pour y parvenir. L’approche « système alimentaire » est dorénavant davantage mise en avant et renvoie vers une approche plus intégrée des stratégies agricoles et nutritionnelles pour renforcer la sécurité et la souveraineté alimentaires des pays. Dans ce contexte, l’intérêt porté aux oléagineux (arachide, soja, tournesol, etc.), et dans une moindre mesure aux protéagineux, est grandissant, même si l’approche combinatoire des céréales et des légumineuses, reconnue comme pertinente, reste encore timide. Au niveau de la production de céréales et des oléo-protéagineux, l’amélioration des niveaux de productivité est considérée comme un axe de travail prioritaire, mais rendu complexe par les systèmes agricoles en place. Dans certaines situations, l’augmentation des surfaces semble plus simple à mettre en œuvre, mais nécessite d’importants investissements (irrigation, routes, etc.) et peut se heurter aux conflits d’usage.

Vers une approche plus systémique ? Avec la crise COVID-19 et la guerre en Ukraine, l’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières a poussé de nombreux gouvernements à renforcer leur politique de subvention aux intrants pour sécuriser à court terme leur niveau de production et d’autonomie alimentaire. La BAD a ainsi mobilisé une grande partie de l’enveloppe d’1 Mds USD annoncée en 2022 pour accompagner ces politiques publiques africaines. A moyen terme néanmoins, de nouvelles approches, à la fois sectorielles et systémiques, pourraient être encouragées et se déployer. La recherche d’une approche plus systémique et intégrée par les systèmes alimentaires, en considérant les multiples bénéfices de la culture et de la consommation des légumineuses, pourrait notamment se dessiner dans certains pays.

De nouvelles pistes d’actions ? Le contexte actuel est particulièrement favorable à la révision d’un certain nombre d’approches traditionnelles, mais cette transformation est rendue complexe par le nombre de dimensions à prendre en compte (agriculture, nutrition, emploi, environnement, climat, commerce, etc.). Plusieurs pistes d’actions, particulièrement vertueuses, peuvent néanmoins être identifiées et se combiner pour soutenir la transformation des systèmes agricoles et alimentaires. La promotion d’innovations dans les pratiques culturales représente un levier important pour améliorer la productivité agricole des céréales et oléo-protéagineux : si l’accès aux semences et aux intrants de qualité reste pertinent, la maîtrise du travail du sol et des conditions de semis, par le déploiement de petites mécanisations et d’outils d’aide à la décision, peut contribuer à renforcer les niveaux de rendement par une meilleure maitrise de la densité et des conditions de semis – notamment pour les productions les plus sensibles (blé, orge, soja, etc.) – et par une meilleure conduite des itinéraires techniques (apports fractionnés en engrais, quantité et période d’application, etc.). La promotion d’innovations dans les rotations culturales, en introduisant de nouvelles productions dans les assolements (sorgho, niébé, soja, tournesol, colza, etc.), peut par ailleurs contribuer à réduire la dépendance aux importations, renforcer la sécurité nutritionnelle, tout en proposant le déploiement de pratiques plus agro-écologiques et la mise en place de systèmes de cultures plus résilients. La promotion d’innovations organisationnelles, tant au niveau de l’organisation des producteurs que des filières, représente un autre levier pertinent : le terme « filière » est en effet plus fort de sens que le terme « chaine de valeur », car il implique une approche plus collective et concertée entre les différents acteurs ; cette approche est particulièrement importante dans le cadre du développement de productions, aux débouchés multiples, et valorisées après transformation comme les oléagineux (huiles, tourteaux, etc.). Le renforcement de la place du secteur privé, le soutien aux investissements dans les filières (irrigation, stockage, transformation, commercialisation, etc.), la sécurisation des imports et la diversification des sources d’approvisionnement, ou la création et la diffusion de connaissances (recherche appliquée, formation, vulgarisation et conseil) représentent autant d’autres leviers de transformation de ces filières. Enfin, les approches « démonstrateur », comme celles proposées par les projets FASEP, ou la mise en relation d’acteurs privés locaux et internationaux, peuvent favoriser les innovations et les changements de paradigmes et sont susceptibles d’accélérer la transformation des systèmes agricoles et alimentaires.