Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein, des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

 

Edito

Parenthèse dorée pour le Golfe : jusqu’à quand?

Les pays du CCEAG ont bénéficié d’une situation économique particulièrement favorable au premier semestre 2022. Les grands équilibres financiers de la région (soldes commerciaux et budgétaires notamment) ont été soutenus par le niveau historiquement élevé des prix des hydrocarbures et le renforcement du dollar. En interne, les gouvernements ont accéléré leurs réformes et les investissements, tout en redistribuant les recettes pétrolières pour compenser ou juguler l'inflation. Cela se reflète notamment dans les résultats du commerce hors pétrole parus en Arabie Saoudite et aux Emirats cette semaine, en forte hausse dans les deux pays.

Cette parenthèse dorée pourrait toutefois ne pas durer. L'inflation record qui sévit dans le reste du monde commence à rattraper le Golfe. L'indice des prix à la consommation à Dubaï a ainsi cru de 7,1 % en juillet par rapport à l'année dernière, selon les données publiées cette semaine. Un record pour les Emirats qui connaissaient la déflation jusqu'à l'année dernière. En cause : l'alimentaire et les transports principalement.

A l'inverse, sur le front du pétrole, l'Arabie saoudite a laissé entendre lundi qu'elle accepterait de réduire sa production pour faire face à l’« extrême » volatilité des prix ; de quoi maintenir la rente pétrolière élevée encore pour quelques mois. Immédiatement, d'autres membres de l'OPEP+, dont le Bahreïn et le Koweït, se sont dits favorables à cette mesure. Elle ne devrait cependant pas être du goût des États-Unis et de l'Europe qui plaident depuis des mois pour une hausse plus rapide de la production afin de limiter l'inflation et de compenser les sanctions contre les hydrocarbures russes. Réponse le 5 septembre, à la prochaine réunion de l'OPEP+ à Vienne. 

 

 

 

Graphique de la semaine - Une inflation moindre dans le Golfe que dans le reste du monde

 

  

inflation

 

 

Région

 

L’Arabie saoudite a laissé entendre en début de semaine qu’elle serait prête à baisser sa production pour faire face à l’ “extrême” volatilité des prix. Les contrats à terme ne reflètent plus correctement l’offre et la demande d’hydrocarbures, estime le Prince Abdulaziz bin Salman, le ministre de l’énergie saoudien. Ce propos, auquel se sont ralliés plusieurs autres membres de l’OPEP+ (dont Bahreïn et le Koweït), est en rupture avec la position que tenait le Royaume jusqu’à ces dernières semaines — le niveau de production est adéquat, l’envolée des prix du baril est liée à la situation géopolitique.

Les négociations entre le CCG et le Royaume-Uni en vue d’un accord de libre-échange ont formellement débuté cette semaine.  Si aucun calendrier officiel n’a été communiqué, certains médias ont annoncé que les deux parties souhaiteraient conclure un accord avant la fin 2023. A ce jour, le commerce annuel bilatéral entre le CCEAG et le Royaume-Uni s'élève à environ 40Md USD, soit environ 3% du commerce annuel total du CCEAG.

Burjeel Holdings, société émirienne opérant dans le secteur de la santé, a signé un protocole d’entente (MoU) avec le ministère saoudien de l'investissement. A horizon 2030, La société émirienne envisage en effet d'investir jusqu’à 1Md USD en Arabie saoudite. Outre l’intérêt économique, ce protocole d’entente devrait permettre de diversifier l’offre de soins dans le pays.

 

 

Arabie saoudite

 

Les exportations non pétrolières de l'Arabie saoudite ont augmenté de 31 % en glissement annuel pour atteindre 23Md USD au T2 2022. Par rapport au premier trimestre de l'année, elles augmentent de 9,7%. Les exportations non-pétrolières de l'Arabie saoudite ont été soutenues par les industries chimiques qui représentaient 35,3 % des exportations non pétrolières au T2. L’ensemble des exportations saoudiennes a augmenté de 85,1% au T2 2022 pour atteindre 114 Md USD en glissement annuel. Les importations ont également atteint 45 Md USD au T2 2022 soit une hausse de 21,7% en glissement annuel et de 8,5% par rapport au trimestre précédent.

Le Centre national saoudien de gestion de la dette a conclu l’émission d’un programme de sukuk de 824 M USD en août. L'émission a été sursouscrite à hauteur de près de 1,3 Mds USD. L'offre de sukuk a été divisée en trois tranches. La première tranche s'élève à 450 M USD et arrivera à échéance en 2027, tandis que la deuxième tranche s'élève à 350 M USD et arrivera à échéance en 2030. La troisième tranche, d'un montant de 26 M USD, arrivera à échéance en 2034. Selon les données du ministère des Finances saoudien, l'endettement public cumulé de l'Arabie saoudite s'élevait à 256 Mds USD à la fin T2 2022. La dette publique cumulée se composait de 160 Mds USD de dette intérieure, et de 96 Mds USD de dette extérieure.

Moody’s abaisse la note de la dette d’ACWA Power– L’agence de notation américaine a abaissé mardi la note des obligations garanties de premier rang à taux fixe et à amortissement émises par ACWA Power Management and Investments One Ltd. de Baa3 à Ba1. Cette mesure fait suite au refinancement de la dette du projet de Rabigh Arabian Water and Electricity Co. qui a fait passer la dette du projet de 740 000 USD à 1,38 M USD million. Les perspectives restent stables selon l’agence.

Aramco enregistre un bénéfice de 48,4 Md USD au deuxième trimestre, ce qui représente une augmentation de près de 90 % de son bénéfice par rapport à son chiffre d’affaires en glissement annuel. S'élevant à 87,9 Md USD au S1 2022, son bénéfice observe ainsi une augmentation de 86 % par rapport au S1 2021 (47,2Md USD). Aramco a attribué l'augmentation de ses bénéfices au cours des deux périodes à "la hausse des prix du pétrole brut et des volumes vendus, ainsi qu'à de fortes marges de raffinage au cours du deuxième trimestre et à des marges en aval plus élevées au cours du premier semestre 2022". Aramco a annoncé un dividende de 18,8 Md USD, qui sera versé au T3 2022.

Une nouvelle loi et un nouveau système de régulation vont être mis en place dans le secteur du tourisme - La nouvelle loi sur le tourisme sur le tourisme sera dévoilée par le cabinet saoudien pour stimuler une « renaissance » du secteur. Les changements devraient comprendre des mesures visant à gérer les crises, à prévenir les risques et à fournir des garanties financières pour certaines activités touristiques. Cela devrait renforcer les relations entre les investisseurs, les touristes et les autorités compétentes. Le nouveau système comprend un ensemble d’articles liés à l’octroi de licences d’activités, à leurs classifications, leurs normes, leurs exigences et leurs contrôles. Selon la SAMA, les dépenses touristiques globales en Arabie saoudite (résidents et étrangers) ont augmenté de 52% en 2021 pour atteindre 25,5 Md USD. A terme, le but est d’augmenter la contribution globale du secteur du tourisme au PIB de l’Arabie saoudite de son taux actuel de 3% à plus de 10% d’ici 2030.

La société agroalimentaire Tabuk Agricultural étend ses pertes à 7 M USD de dollars au S1 2022 - La Tabuk Agricultural Development Co. a vu ses pertes se creuser de 10 % pour atteindre 7 M USD au cours du S1 2022. Les pertes nettes de la société se sont accrues par rapport aux 6,5 M USD de pertes rapportées à la même période l'année dernière. Cette augmentation des pertes a été principalement causée par une baisse des revenus locatifs, une hausse des frais de vente et de distribution, ainsi qu'une augmentation des frais généraux et administratifs. Les pertes cumulées de la société ont atteint 33 M USD à la fin des six premiers mois de l'année, ce qui représente 32 % de son capital.

 

Bahreïn

Les exportations de produits nationaux Bahreïnites bondissent de 29 % à 421M BD (1,17Md USD) en juillet. Les trois premiers importateurs de ces derniers, à savoir l’Arabie Saoudite (87M BD), les Etats-Unis (74M BD) et les Emirats arabes unis (74M BD) représentent à eux seuls 50% de la demande. Concernant la nature de ces exportations, l' « alliage d'aluminium brut » est le principal poste d'exportation pour une valeur de 162M BD suivi de « minerais et concentrés de fer agglomérés » pour 89M BD. 

 

 

Emirats arabes unis

A Dubaï, l'inflation atteint 7,1% en juillet (contre 5.8% en juin), son plus haut niveau depuis 2016 (date à laquelle les données ont commencé à être collectées par Bloomberg). Après trois années en territoire déflationniste, marquées par un point bas à -4.5% début 2021, l’émirat renoue avec l’inflation en janvier 2022 (1,74%). 6 mois plus tard, tirée à la hausse par le prix des loisirs (+44%) des transports (+38,6%) et de l’alimentation (+8,8%), l’inflation dubaïote se rapproche des niveaux observés dans de nombreux pays d’Europe.

Le commerce extérieur non pétrolier des EAU atteint un nouveau record semestriel au S1 2022 à 1 050Md AED (431Md USD), soit une croissance de 17% en glissement annuel. Dans le détail, les exportations non pétrolières observent une hausse de 8% à 180Md AED tandis les réexportations augmentent de 20% à 300Md AED. Une tendance à la hausse partagée par les importations qui bondissent de 19% à près de 580Md AED. La forte croissance du commerce extérieur non pétrolier fait écho à la signature au premier semestre 2022 de trois accords de libre-échange entre les EAU et l’Inde, Israël et l’Indonésie.

Les investissements émiriens en Egypte augmentent de 169% au S1 2022 à 1,9Md AED (0,5Md USD). Une croissance significative qui fait suite à la signature en mai dernier d'un accord de partenariat industriel entre les EAU, l'Egypte et la Jordanie en vue de stimuler la croissance économique dans les trois pays.

Les bénéfices des banques émiriennes montent en flèche au Q2 2022. D’après le dernier rapport de la société de conseil Alvarez & Marsal (A&M), les dix plus importantes banques du pays ont vu leur revenu net augmenter de 24,4 % à 12,6Md AED (3,4Md USD) au cours du deuxième trimestre de l'année. Une croissance significative permise par la remontée des taux d’intérêt et l’amélioration de la « situation économique personnelle » des clients.

La société dubaïote Emaar pourrait abroger très prochainement sa limite de propriété étrangère. Les actionnaires de cette dernière doivent se réunir le 21 septembre pour adopter, entre autres, une résolution spéciale visant à supprimer la contribution minimale obligatoire des ressortissants locaux au capital de la société (actuellement fixée à 51%). En juin 2021, les Émirats arabes unis promulguait une loi historique autorisant la propriété étrangère à 100% des entreprises locales.

 

Koweït

La Kuwait Oil Company (KOC) accélère la cadence d’approbation de nouveaux projets. La KOC a un vaste ensemble de nouveaux projets à mettre en œuvre autours de l'exercice 2022/2023, coïncidant avec l'amélioration des prix du pétrole et la volonté du Koweït de maintenir et d'augmenter les niveaux de production après avoir été complètement libéré de l'accord de réduction de la production mis en place par l’OPEP+.

Les prochaines élections législatives, qui auront lieu au début de l’automne, voient la problématique des expatriés devenir un sujet central de la campagne. Les principales forces politiques en présences se sont mis d’accord pour faire de cette problématique un sujet prioritaire sur lequel le nouveau parlement fraichement élu devra se pencher et travailler main dans la main avec le gouvernement. Il s’agit en particulier de mettre en place des réformes économiques réclamées depuis longtemps, comme l’imposition des rétro transferts envoyés par les expatriés, la revue de leurs frais et couvertures de santé, en les redirigeant vers le privé pour désengorger l’hôpital public, mais aussi la mise en place de plans démographiques et la modification des lois sur le droit à la résidence, pour limiter le nombre d’expatriés, qui représentent aujourd’hui 60% de la population du pays.

Le vice-Premier ministre, ministre du Pétrole et ministre d'État aux Affaires du Cabinet, le Dr Mohammed Al-Farès, a annoncé que l'État du Koweït avait augmenté sa production de pétrole brut conformément à ses engagements pris dans le cadre de l'OPEP+, et conformément à l'engagement du pays d'assurer un approvisionnement sûr et stable en pétrole sur les marchés internationaux.

Les chiffres du dernier rapport définitif pour l'exercice 2021-2022 ont montré une augmentation des dépenses publiques en prestations sociales fournies aux citoyens au cours de l'année écoulée de plus de 18%, après que le total des dépenses à ce poste dans le budget ait atteint environ 1,037 milliard de dinars contre 847 millions de dinars dépensés pour le même poste au cours de l'année précédente.

 

Oman

Selon les données du Centre national pour les statistiques et l’information (NCSI), l’inflation a progressé à 2,6 fin juillet 2022 en g.a. Dans le détail, cette hausse générale des prix a été principalement alimentée par l’augmentation du prix de la nourriture (+6,0%), en particulier l’huile et les fruits.

L’encours total des crédits octroyés par les banques conventionnelles et islamiques a progressé de +4,1% au premier semestre 2022 en g.a., à 28,4 Md OMR (73,8 Md USD) selon la Banque centrale d’Oman. Dans le même temps, le montant total des dépôts a augmenté de +5,4%, à 26,3 Md OMR (68,4 Md USD).

La production de pétrole du Sultanat d’Oman a atteint 223,2 millions de barils sur les sept premiers mois de l’année 2022 (+10,1% en g.a.), soit 1,05 million de barils par jour en moyenne selon les données du Centre national pour les statistiques et l’information (NCSI).

 

Qatar

A l’occasion de la visite du Premier Ministre pakistanais Shahbaz Sharif, la QIA a annoncé viser 3 Mds USD d’investissements divers au Pakistan, dans les aéroports de Karachi et d’Islamabad, en rachetant des actifs de grandes entreprises publiques, et potentiellement en développant des terminaux portuaires, des centrales à gaz et du photovoltaïque, alors que le pays se rapproche d’une crise de la balance des paiements. Le gouvernement pakistanais a en outre amendé sa politique gazière pour remédier aux retards affectant la construction de quatre terminaux de GNL, sachant que le Qatar a 49% des parts du terminal Energas. Le Pakistan fournira aussi des troupes au Qatar pour l’aider à sécuriser la Coupe du Monde

QatarEnergy a attribué le contrat d’EPC à Samsung C&T pour son projet IC Solar de production d’énergie solaire dans les villes industrielles de Messaied et Ras Laffan. Ce contrat de 630 M USD et promettant 875 MW de puissance devrait commencer à produire de l’électricité fin 2024.

Doha Insurance Group et Al Koot Insurance and Reinsurance Company, filiale de Gulf International Services (GISS), négocient une fusion. L’objectif est de de créer un champion national de l’assurance présent sur tous les secteurs de l’assurance, les deux compagnies se recoupant peu. La fusion permettrait de donner au nouveau groupe les moyens d’une expansion à l’international et à GISS, maison mère de Al Koot, de restructurer sa dette de 1,2 Mds USD qui pèse sur ses revenus et principalement son activité de forage.

Les revenus issus des hydrocarbures ont atteint 32,3 Md USD au S1 2022, soit une augmentation de 67% en g.a, et les revenus hors-hydrocarbures comptent pour 9,1 Md USD. Le revenu total est évalué à 41,4 Md USD, bien supérieur aux 28,4 Md USD de dépenses. Le Qatar dégage ainsi un excédent budgétaire de 13,0 Mds USD contre 1,1 Md USD et 9,3 Md USD aux premier et second semestres 2021. Le FMI prévoit des revenus totaux à 84,1 Md USD pour l’année 2023, permettant un excédent budgétaire annuel de 19,3 Md USD.

L’indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 4,98% en g.a. et 0,49% en g.m. au mois de juillet.

A 100 jours du début de la Coupe du Monde, 2,45 M de billets ont été vendus sur 3,01 M disponibles et contre 2,6 M vendus au total lors du Mondial de Russie. L’Arabie Saoudite a annoncé accueillir les supporters détenant une Hayya card.