Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 31 du 1er au 7 août 2022
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : La nouvelle compagnie aérienne, Nigeria Air, débutera ses opérations avec trois avions loués ; Le gouvernement souhaite introduire une taxe de 5% sur les services téléphoniques ; La production pétrolière chute en raison de vols et d’actes de vandalisme ; Le gouvernement fédéral investit 2,9 Md USD dans le développement du port de Badagry.
- Ghana : Le Parlement ghanéen a approuvé un prêt syndiqué de 1,3 milliard de dollars pour financer l'achat de cacao pour la saison 2022-2023 ; Le service de la dette publique ghanéenne pour 2022 devrait correspondre à 55% des recettes fiscales d’après PwC.
Le chiffre à retenir:
4,2 Millions : C’est le nombre de portefeuilles en monnaie mobile ouverts au mois de juin auprès de la société MTN Nigeria, après le lancement de son service en mai 2022.
Nigéria
La nouvelle compagnie aérienne, Nigeria Air, débutera ses opérations avec trois avions loués
Le gouvernement fédéral a approuvé la location de trois avions par la nouvellement créée Nigeria Air : deux Airbus et un Boeing. Cette nouvelle étape, après l’obtention de la licence d’exploitation de transporteur aérien le 6 juin dernier, permettra à la compagnie aérienne d’effectuer des vols nationaux uniquement dans un premier temps. L’objectif à terme est de doter à nouveau le Nigéria d’une compagnie internationale, 19 ans après la cessation d’activité de Nigeria Airways.
Cette annonce arrive dans un contexte particulièrement difficile pour le secteur aérien au Nigéria. La flambée des prix du kérosène, passés de 200 NGN (0,48 USD) le litre en décembre 2021 à 800 NGN (soit 1,92 USD) en juillet a entraîné l’arrêt des activités des compagnies Dana Air et Aero Contractors, en raison de coûts opérationnels trop élevés, ainsi qu’une flambée des prix des billets (+53% en un an). Sur les 98 appareils appartenant à des compagnies aériennes locales, seuls 38 sont actifs. Par ailleurs, la sous-évaluation du taux de change de la naira et la pénurie de dollar dans le pays impactent fortement les compagnies internationales : elles ne peuvent en effet rapatrier leurs profits, réalisés en monnaie nationale, alors que leurs coûts sont principalement libellés en dollar. Ce sont plus de 600 M USD qui seraient bloqués au Nigéria pour l’ensemble des compagnies étrangères présentes. En réaction, Emirates a annoncé une réduction du nombre de ses vols de 11 à 7 par semaine.
Le gouvernement souhaite introduire une taxe de 5% sur les services téléphoniques
Alors que le Nigéria doit faire face à la faiblesse chronique de ses recettes fiscales, le gouvernement envisage la création d’une nouvelle taxe, qui pourrait rapporter à l’Etat jusqu’à 150 Md NGN (soit 361 M USD). Il s’agit d’un prélèvement de 5% sur l’ensemble des services de télécommunication, appels, SMS et données internet, payé directement par le consommateur au plus tard le 21 de chaque mois. Cette taxe sera ensuite reversée aux douanes nigérianes.
Cette nouvelle taxe, annoncée par la ministre des Finances, viendrait s’ajouter aux 39 autres déjà payées par les opérateurs téléphoniques au Nigéria. Toutefois, cette mesure divise au sein même du gouvernement, le ministre des Communications et du Digital s’y étant opposé publiquement. Ce prélèvement viendrait en effet accentuer la hausse des coûts d’exploitation déjà élevés au Nigéria, et alors les opérateurs ont déjà récemment menacé d’une augmentation des tarifs de 40%, refusée par le gouvernement en mai 2022.
La production pétrolière chute en raison de vols et d’actes de vandalisme
Selon la Nigeria Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC), la production de pétrole a porté au premier semestre sur 1,4 M bpj, niveau de 12,5 % inférieur à celui du premier semestre 2021 (1,6 M bpj) et de 23 % inférieur au quota OPEP (1,826 M bpj).
Cette contre-performance est due principalement « au vol de pétrole et au raffinage illégal en plein essor dans le delta du Niger ». En 2021, les détournements auraient ainsi porté sur 200 000 bpj, soit 3 Md USD sur l’année, et 80 à 90% de la production de brut onshore (15 à 20% de la production totale) serait détournée. Selon la Nigerian National Petroleum Company (NNPC), l’opération « Dakatar Da Bararrwo » de lutte contre ces activités illégales, lancée début avril en collaboration avec la marine nigériane, aurait d’ores et déjà permis de « réduire les détournements de pétrole brut dans des proportions équivalentes à 25 Md de nairas » (60 M USD).
Le gouvernement fédéral investit 2,9 Md USD dans le développement du port de Badagry
Le ministre des Transports, M. Muazu Sambo, a annoncé l’approbation par le Federal Executive Council (FEC) d’une enveloppe de 2,9 Md USD pour le développement du port en eaux profondes de Badagry (à 60 km à l’ouest de Lagos). M. Sambo a indiqué que ce projet sera développé en quatre phases, dans le cadre d’un PPP prévoyant une concession pour 45 ans de la gestion du port au secteur privé, période à l’issue de laquelle il reviendra à l’Etat nigérian via la Nigerian Ports Authority.
Selon M. Sambo, le port générera sur la période de concession « des revenus de l’ordre de 53,6 Md USD pour l’Etat ». Selon la Infrastructure Concession Regulatory Commission (ICRC), il permettra par ailleurs la création de 5 000 emplois directs
Ghana
Le Parlement ghanéen approuve un prêt syndiqué de 1,3 milliard de dollars pour financer l'achat de cacao pour la saison 2022-2023
Le Ghana, l'un des deux premiers producteurs mondiaux de cacao avec la Côte d'Ivoire, emprunte chaque année de l'argent pour acheter du cacao aux agriculteurs. Le Parlement a ainsi approuvé cette semaine un prêt syndiqué de 1,3 milliard de dollars pour permettre au Ghana Cocoa Board (COCOBOD) d’acquérir le cacao pour la saison de récolte 2022-2023.
Ce prêt syndiqué sera utilisé pour acheter environ 850 000 tonnes de fèves de cacao aux agriculteurs par l'intermédiaire de sociétés acheteuses agréées pour la saison de récolte par le COCOBOD – l’autorité de régulation de la filière cacao ghanéenne. Le mécanisme de financement est conclu entre le COCOBOD d’une part et un consortium de banques et d'institutions financières d’autre part, le gouvernement étant le garant. Le prêt a été approuvé malgré un déficit de la balance des paiements de près d'un milliard de dollars.
Le service de la dette publique ghanéenne pour 2022 devrait correspondre à 55% des recettes fiscales d’après PwC
Pour chaque cedi ghanéen perçu en recettes fiscales cette année, plus de 55 pesewas – équivalent des centimes – seront utilisés pour le service de la dette. Mesuré par rapport aux recettes totales et aux subventions prévues pour cette année, le coût du service de la dette est estimé à plus de 43 pesewas pour chaque cedi qui reviendra à l'État. Ces estimations ont été faites à la suite de la révision à la hausse des paiements d'intérêts lors de la revue budgétaire de mi-année du 25 juin.
Le ministre des Finances, M. Ken Ofori-Atta, a déclaré au Parlement que les paiements d'intérêts devraient augmenter, passant d’une estimation initiale de 37,4 milliards de cédis ghanéens dans le budget 2022 présenté en novembre de l'année dernière pour atteindre 41,3 milliards de cédis ghanéens. M. Ofori-Atta a déclaré que la révision était principalement due aux pressions inflationnistes sur les taux d'intérêt, et à la dépréciation du taux de change qui a entraîné un coût de financement plus élevé dans le cas des intérêts libellés en devises.