L’économie slovaque n’est toujours pas revenue à son niveau d’avant-crise, étant fortement affectée par les pénuries d’approvisionnement en raison de la structure de son économie. L’inflation élevée, (mais limitée en comparaison régionale grâce au contrôle des prix de l’énergie et au rôle prépondérant de l’énergie nucléaire) pourrait toutefois perdurer, faisant craindre une période d’incertitude qui pèsera sur la consommation, alors que les salaires réels devraient diminuer d’environ 2% en 2022.

I. La croissance restera modérée en 2022

L’économie slovaque se relève lentement du COVID, avec une croissance de 3% en 2021 et après une chute de 4,4% en 2020. Elle est la seule économie d’Europe centrale à ne pas avoir encore retrouvé son niveau d’avant-crise. Compte-tenu de sa structure industrielle et de sa très forte intégration dans les chaînes de valeur mondiales, l’économie slovaque est particulièrement frappée par les pénuries dans les chaînes d’approvisionnement. Lors du T1 2022, la croissance a positivement surpris avec une hausse de 3,1% en glissement annuel. Les exportations sont en hausse annuelle de 13% sur les cinq premiers mois, alors que la production automobile, bien que toujours perturbée par les problèmes d’approvisionnement, enregistre en mai une croissance annuelle de 10,3%. Parallèlement, le secteur des services et les ventes de détail ont connu une bonne dynamique à la suite de la levée des restrictions sanitaires et en raison de l’excès d’épargne accumulée, bien que le nombre de touristes étrangers reste toutefois inférieur de moitié au niveau d’avant la crise. L’économie devrait ainsi enregistrer une croissance modérée en 2022, le gouvernement anticipant une hausse du PIB de 1,9% avant une légère accélération à 2,6% en 2023 (prévisions actualisées en 6/22) grâce à la dynamique des exportations[1].

lle de 1,4%. Les salaires réels devraient sur l’année 2022 enregistrer une baisse d’environ 2% et donc provoquer une perte de pouvoir d’acL’emploi marque également une amélioration avec une baisse du chômage à 6,2% selon Eurostat, après un pic à 7,1% atteint au T1 2021. Il reste toutefois supérieur à son niveau d’avant la crise à 5,9%. Tirée par ce marché du travail tendu, la croissance des salaires devrait être proche mais en-dessous de l’inflation. Parallèlement, les salaires dans la fonction publique ont été réévalués de 3% en juin, un niveau bien inférieur à l’inflation, mais devraient faire l’objet d’une hausse notable en 2023[2]. Au terme d’un accord historique, le salaire minimum brut sera lui réévalué de 8,4% à 700 EUR. La hausse des salaires moyens lors du T1 2022 s’est élevée à 7,8%, se traduisant par une baisse en valeur réehat pour les ménages slovaques à même de freiner la consommation. Le marché de l’emploi est toujours tendu par des problèmes structurels que sont la faible insertion de la communauté Rom, des femmes avec enfants, ainsi que l’absence de politique active visant à attirer des travailleurs d’autres pays.

 

Concernant le déficit public, les revenus devraient bénéficier de l’inflation et de la réduction de « l’écart de TVA », qui, à 12% en 2021 (contre 37% en 2012 !), se rapproche de la moyenne UE. Le déficit public devait ainsi revenir proche de la barre des 3% après deux années de déviation (6,2% en 2021) en raison des dépenses liées à la crise sanitaire. Toutefois, celui-ci pourrait être affecté à partir de 2023 par un nouveau programme en faveur des familles, voté par le Parlement et dont le financement n’a pas encore été précisé. Le programme introduit sans condition de ressources un mécanisme de déductibilité des impôts en fonction du nombre d’enfants (coût estimé à 0,5% du PIB) ainsi que la mise en place de « vouchers » utilisables uniquement pour des activités extrascolaires (coût estimé à 0,5% du PIB). Parallèlement, 100 M EUR sont prévus à destination des ménages les plus vulnérables (0,1% du PIB).

Alors que la soutenabilité du modèle de développement slovaque, basé sur la filière automobile est régulièrement questionnée, ce modèle a été conforté par l’annonce, début juillet 2022 par Volvo-Geely, d’une nouvelle usine pour assembler des véhicules électriques à l’Est de la Slovaquie. L’investissement devrait s’élever à environ 1 Md EUR et générer partir de 2026 plus de 1 Md EUR de valeur ajoutée par an en comprenant les fournisseurs, soit environ 1% du PIB de la Slovaquie. Le groupe bénéficie pour ce projet d’aides du gouvernement d’un montant de 250 M EUR.

 

II. Une inflation lissée dans le temps ?

 L’inflation s’élève en juin à 12,6% selon Eurostat, un plus haut historique depuis 20 ans, mais relativement limité en comparaison régionale. La hausse des prix à la consommation devrait s’élever à 11,6 % en 2022 selon le ministère des Finances. L’énergie ne représente qu’une part modérée de l’inflation, l’inflation sous-jacente s’élevant à 8,8%. La hausse limitée des prix de l’énergie s’explique par un fort encadrement des prix, sur deux années pour l'électricité, voire trois/quatre années pour le gaz. 

 

croissance du PIB

[1] L’estimation de la Commission européenne est proche, s’établissant à 1,9% en 2022 puis 2,7% en 2023

[2] 7% au 01/01/2023 et 10% le 01/09/2023 et 10 % au 01/01/23 et 12 % au 01/09/23 pour les enseignants