Le secteur bancaire slovaque, de taille modeste et très concurrentiel, est sous forte domination étrangère. Profitables et solvables, les banques sont avant tout actives dans l’offre de prêts aux ménages.

Historique

Le paysage bancaire slovaque est le fruit de restructurations drastiques du début des années 2000. Les années 90 avaient été caractérisées par le rôle prépondérant des banques publiques finançant sans compter des entreprises sans réelle solvabilité. Cette restructuration, avait été particulièrement douloureuse avec un coût estimé à 9,7% du PIB en 1999, puis 3,3% en 2000. Afin de réagir aux crises bancaires et abonder un fonds de résolution, une loi sur le prélèvement spécifique sur les institutions financières a été votée en octobre 2011 imposant un taux de prélèvement de 0,2% sur leur passif diminué des fonds propres. Augmenté à 0,4% en décembre 2019 par le ministère des Finances au motif de la profitabilité du secteur (recettes fiscales estimées à 144 M EUR), cette taxe a été abrogée en janvier 2021 avec l’engagement des banques slovaques à s’engager plus activement dans le financement de l’économie.

Le total du bilan de l’ensemble des banques, évalué à 108 Mds EUR à fin 2021, est légèrement supérieur au PIB slovaque (97 Mds EUR) ce qui témoigne d’une activité bancaire modeste et très inférieure à la moyenne européenne (la contribution du secteur financier au PIB est estimée à 3%). Le nombre d’employés, estimé à plus de 24 500 à la fin des années 90, a été réduit à moins de 19 000 employés à fin 2021, le nombre des agences étant également réduit à moins de mille à fin 2021 contre 1300 à fin 1999.

 

Forte présence des banques étrangères

Le secteur bancaire slovaque est dominé par la forte présence des banques étrangères (plus de 90% des actifs). Selon les données de la banque centrale de Slovaquie, 26 banques sont actives avec une part prépondérante de banques étrangères qui ont majoritairement fait le choix de la « succursalisation » de leurs activités (15 banques sur 26). En conséquence, seules six banques slovaques sont du ressort de la supervision de la banque centrale de Slovaquie qui est très vigilante sur l’activité des banques à capitaux privés slovaques et dont les investisseurs sont liés aux oligarques slovaques), 9 banques étant sous la supervision de la BCE.

Les cinq premières banques du pays contrôlent près de 80% des actifs et passifs selon la banque centrale slovaque. Par ordre d’importance, les cinq premiers groupes bancaires étaient respectivement à fin 2021 : 1) VUB (banque italienne Intesa Sanpaolo) 2) Slovenska sporitelno (banque autrichienne Erste) 3) Tatra Banka (banque autrichienne Raffaisen), 4) CSOB (banque belge KBC) avec 12,6 Mds EUR d’actifs, et 5) Unicredit (Banque italienne UniCredit Bank Czeh Republik and Slovakia).

 

Profitabilité

En 2021, la profitabilité des banques slovaques a fortement progressé ; les profits du secteur bancaire ont ainsi atteint 726,8 M € après 465,2 M € en 2020. Les cinq premières banques concentrent 85 % des profits.  Ce résultat s'explique en grande partie par la baisse substantielle, d'une année sur l'autre, du coût du crédit et des charges réglementaires. En effet, en 2020, le secteur bancaire avait constitué dès le début de la pandémie par précaution d’importantes provisions et réserves pour pertes sur prêts. Du fait de la diminution des incertitudes et la reprise de l’économie, ces provisions ont fortement diminué en 2021. Plus globalement, la part des prêts non performants dans le secteur bancaire est restée stable ou a diminué pendant la pandémie. La part des prêts non performants a atteint 2,17 % - 2,02 % pour les ménages et 2,95 % pour les entreprises. 

 

Capitalisation et liquidité

La capitalisation du secteur bancaire slovaque est solide et satisfait aux recommandations du comité de Bâle. Pour les établissements opérant en Slovaquie (hors succursales), le ratio de solvabilité CET1 agrégé s’établit à 17,0% à fin 2021 dans un contexte de moindre rétention des dividendes dans le contexte de la crise sanitaire.  Par ailleurs, le ratio d’adéquation des fonds propres (CAR - hors succursales) fait preuve lui aussi d’une grande stabilité à 19,81% à un niveau élevé.

Par ailleurs, la liquidité du secteur bancaire est restée abondante, le ratio de liquidité à court terme atteignant les 186% à fin 2021. Les liquidités des banques (essentiellement des dépôts des ménages) ont augmenté, principalement en raison des dépôts des entreprises et des ménages pendant la pandémie. Les crédits à la clientèle se sont établis à 72,1 Md € (+8 %), dont 44,3 Md € pour les ménages (+9 %) et 20,4 Md € pour les entreprises (+4 %).

 

Une activité orientée avant tout sur le crédit aux ménages

Deux tiers des prêts bancaires sont à destination des ménages avec une forte proportion de prêts hypothécaires à taux variable (capé avec échéances plafonnées). Du fait de la très forte présence d’entreprises étrangères, l’activité du crédit aux entreprises est frontalement concurrencée par les prêts des maisons mères des banques ou les prêts intragroupe.

La croissance des crédits aux ménages a accéléré de 9% en 2021 en raison de plusieurs facteurs :  la hausse des prix du logement, l’inflation, l’anticipation de la hausse des taux d’intérêt et la très forte concurrence entre banques. A cet égard, la hausse des prix immobilier a motivé les Slovaques à accélérer leur prise de décision sur l’achat d’un logement. La Banque centrale observe ainsi une accélération de la consommation des crédits immobiliers et d’autre part, sous l’effet de la hausse des prix, une augmentation du montant des prêts (le montant moyen de nouveaux crédits a augmenté de 13 % en 2021). Si le taux des prêts non performants des ménages demeure à un niveau satisfaisant, la banque centrale est plus inquiète sur l’émergence des risques sur les prêts immobiliers. Au quatrième trimestre 2021 la part de nouveaux prêts hypothécaires pour lesquels les deux emprunteurs étaient à la retraite était de 40 %, certains prêts arrivant à terme à l’âge de 70 ans pour certains emprunteurs. (36 % au quatrième trimestre 2020). De même, à fin 2021, 25% des prêts immobiliers octroyés aux clients de 40 à 45 ans avaient une durée de 30 ans. En prenant en considération ces éléments, la part des crédits à risque est de facto évaluée à hauteur de 9,1 % des nouveaux prêts accordés.

L’activité des prêts aux entreprises est moins développée du fait de la forte présence de nombreuses entreprises étrangères dont le financement est assuré par des groupes bancaires à l’étranger ou du fait de financements intragroupes. La grande majorité des entreprises slovaques ont bien géré les deux années de pandémie, la part des prêts non performants diminuant. Sans surprise, les entreprises plus exposées aux impacts négatifs de la pandémie ont été celles des secteurs de l’hébergement, de la restauration, des loisirs et divertissements.