Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 30 du 25 au 31 juillet 2022
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : L’Union européenne souhaite accroître son approvisionnement en gaz auprès du Nigéria ; Le ratio du service de la dette nigériane sur ses recettes publiques serait le plus élevé au monde ; Entrée en production du champ pétrolier off shore d’Ikike ; Entrée en opération annoncée de l’usine pétrochimique de Dangote.
- Ghana : Le Ghana est classé comme le second pays ayant le risque de défaut de paiement le plus élevé au monde ; Les estimations de rendement de la taxe « E-Levy » diminuent de 90%, soulignant l’impopularité de cette mesure.
Le chiffre à retenir:
+3,2% : C’est la prévision de croissance du FMI pour le Nigéria en 2023, soit +0,1 point par rapport aux prévisions d’avril 2022.
Nigéria
L’Union européenne souhaite accroître son approvisionnement en gaz auprès du Nigéria
La guerre en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie obligent l’Union européenne à rechercher de nouvelles sources d’approvisionnement en gaz naturel liquéfié. Le Nigéria, premier producteur en Afrique sub-saharienne, représente une opportunité en ce sens. Lors de sa visite à Abuja, le directeur général adjoint du département de l’énergie au sein de la Commission européenne, Mathew Baldwin a annoncé la volonté de l’Union européenne de signer un accord de fourniture avec le Nigéria. Pour rappel, 14% des importations européennes de gaz proviennent du Nigéria.
Malgré la situation sécuritaire préoccupante dans le Sud-Est, les autorités nigérianes espèrent attirer des investisseurs privés européens afin d’accroître la capacité de production du Nigéria. Elles ont également appelé à une plus forte collaboration avec l’Union européenne sur les questions sécuritaires et le transfert de technologies, notamment dans la région du Delta du Niger.
Le ratio du service de la dette nigériane sur ses recettes publiques serait le plus élevé au monde
D’après un rapport du magazine britannique The Economist, le Nigéria enregistrerait le ratio de service de la dette sur ses recettes publiques le plus élevé au monde. En effet, entre janvier et avril, le paiement des intérêts sur la dette publique et le remboursement du principal auraient atteint 118% des recettes perçues lors de la période. Le gouvernement aurait donc dépensé 1 900 Md NGN (soit 4,6 Md USD) en quatre mois alors que les recettes perçues s’élèvent à 1 600 Md NGN (3,9 M USD). Le déficit public nigérian devrait atteindre l’équivalent de 6% du PIB, soit une augmentation de 0,7 point par rapport à la précédente estimation.
Selon cette étude, ce taux est le résultat d’un niveau d’endettement important au regard du niveau des recettes, et du maintien de la subvention sur le prix de l’essence dans les stations-service. Par ailleurs, la faiblesse de la production de pétrole lors des premiers mois de 2022 – 1,17 mbj en juin avec un quota OPEP fixé à 1,8 mbj – ne permet pas de pleinement profiter de la hausse des prix du pétrole. Le service de la dette pourrait donc dépasser le niveau des recettes fiscales plus tôt que prévu.
De plus, cette annonce arrive dans un contexte d’incertitude sur la dette publique nigériane. Après un report d’émission de titres eurobonds au mois de mai, en raison de conditions de marché défavorables, le Bureau de gestion de la dette (DMO) n’a réussi à lever que 124 Md NGN sur les 255 Md prévus lors d’une émission en nairas en juillet 2022.
Entrée en production du champ pétrolier off shore d’Ikike
TotalEnergies a annoncé le 25 juillet l’entrée en production du champ d'Ikike, dont il est opérateur et qu’il détient à hauteur de 40 %, en partenariat avec la Nigerian National Petroleum Corporation (60 %). Ce champ off shore, situé à 20 km au large de l’Etat de Rivers et relié aux installations offshore d'Amenam par un pipeline multiphasé de 14 km, atteindra une production de 50 000 bep/j fin 2022, de l’ordre de 5 % de la production totale du pays.
Selon M. Henri-Max Ndong-Nzue, Senior Vice-Président E&P Afrique, « ce projet, fondé pour une large part sur l’exploitation d’installations préexistantes, s'inscrit dans la stratégie du Groupe de se concentrer sur des projets pétroliers à faible coût et à faibles émissions ». Le groupe TotalEnergies, présent au Nigéria depuis 60 ans, y emploie 1 800 personnes et y a produit 240 000 bep/j en 2021.
Entrée en opération annoncée de l’usine pétrochimique de Dangote
M. Aliko Dangote a indiqué, le 20 juillet, dans le cadre d’un séminaire organisé par Zenith Bank sur « les voies de développement d’exportations non-pétrolières au Nigeria », que l’usine pétrochimique en cours de construction à Ibeju-Lekki (État de Lagos), pour un investissement de 2 Md USD, se trouvait à « un stade d’achèvement avancé ». Cette usine, d’une capacité de 900 000 tonnes métriques/an, devra générer un CA de l’ordre de 1,2 Md USD, et permettra de répondre aux besoins nationaux en polypropylène et de développer les exportations, en particulier en Afrique.
M. Dangote a indiqué que la raffinerie voisine, d’une capacité de 650 000 b/j, « plus grande raffinerie de pétrole à train unique au monde », assurerait à terme « l’autosuffisance du pays », et que l’usine d’engrais, entrée en activité en mars dernier, d’une capacité de 3 millions de tonnes d’urée/an, avait d’ores et déjà permis « d’exporter vers l’Inde, l'Amérique du Nord et l'Amérique latine ».
Ghana
Le Ghana est classé comme le second pays ayant le risque de défaut de paiement le plus élevé au monde
D’après un rapport de Reuters, le Ghana fait partie d’une douzaine de pays en développement confrontés à une crise de la dette imminente dans un contexte de ralentissement économique général. Parmi les autres pays figurant sur la liste des 12 nations à risque de défaut de paiement figurent l'Ukraine, le Nigéria, le Kenya, la Tunisie, la Biélorussie, le Salvador, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Argentine et l'Équateur. Bloomberg a classé le Ghana au deuxième rang mondial pour le risque de défaut de paiement le plus élevé. Le ratio dette/PIB est estimé atteindre 84,6% à la fin de cette année. Cela indique que la dette du pays dépassera les 400 milliards d'euros. Au même titre que le Brésil, le ratio charge de la dette sur PIB au Ghana devrait atteindre 7,2% au cours de la période considérée, soit le taux le plus élevé parmi les 25 pays recensés par Bloomberg.
Alors que la revue du budget à mi-année s’est achevée cette semaine, le ratio dette/PIB est estimé par le gouvernement ghanéen à 78,9% en mai 2022, avec un déficit fiscal qui s’élève à 5% (contre 3,5% estimés pour l’année 2022) et un déficit primaire à 1,4%, soulignant d’autant l’impact de la charge de la dette.
Les estimations de rendement de la taxe « E-Levy » diminuent de 90%, soulignant l’impopularité de cette mesure
Le gouvernement a revu son objectif de recettes pour la taxe électronique controversée « E-Levy », passant de 6,9 milliards de cédis ghanéens initialement prévus à 611 millions de cédis ghanéens. Cette réduction de près de 90% a été révélée dans le rapport de mi-année 2022 présenté au Parlement par le Ministre des Finances Ken OFORI-ATTA ce lundi 25 juillet.
La nouvelle taxe, qui avait été accueillie avec une grande résistance, a également été estimée à seulement 93,7 millions de cédis ghanéens sur son objectif de 1,46 milliards de cédis ghanéens pour le premier semestre de l'année. En effet, l’assiette de cette taxe s’est auto-détruite : les données publiées par la banque centrale montrent que la taxe a fait reculer l’usage du paiement par téléphonie mobile. En effet, la plateforme d'argent mobile a enregistré une perte de valeur de 16,3 milliards de cédis ghanéens en mai – le mois de l'introduction de la taxe – par rapport aux 87,7 milliards de cédis ghanéens enregistrés en avril. Le gouverneur de la Banque du Ghana a néanmoins déclaré qu’il était encore trop tôt pour prendre une décision concernant l’abolition de la taxe.