Depuis son entrée en fonction en mars 2020, le gouvernement du président Luis Lacalle Pou a tenté d’exécuter son agenda de réformes portant sur les grandes entreprises publiques du pauys. En libéralisant certaines de leurs activités et en en privatisant d’autres, le gouvernement uruguayen souhaite renforcer la concurrence sur les marchés sur lesquels elles opèrent, en améliorant leur efficacité et leur transparence.

L’Uruguay dispose d’un certain nombre de grandes entreprises publiques opérant dans des domaines clés, à l’instar de l’énergie, la gestion des eaux et les télécommunications. Ces entités, jouissant d’un monopole pour certaines activités, sont au cœur du débat politique. Depuis son entrée en fonction en mars 2020, le gouvernement du président Luis Lacalle Pou a ainsi tenté d’exécuter son agenda de réformes portant sur ces grandes entreprises. En libéralisant certaines de leurs activités et en en privatisant d’autres, le gouvernement uruguayen souhaite renforcer la concurrence sur les marchés sur lesquels elles opèrent, en améliorant leur efficacité et leur transparence. Cependant, l’opposition remet en cause ces politiques qui, selon elle, favoriseraient les entreprises privées.

L’une des entreprises publiques visées par l’agenda de réforme du gouvernement est la société pétrolière nationale ANCAP (sigle désignant l’« Administration Nationale des Combustibles, de l’Alcool et Portland »), qui bénéficie d’un monopole pour certaines de ses activités, comme l’activité pétrolière, et est en concurrence pour d’autres. Si, dans l’ensemble, le bilan de l’entreprise est positif (de 88 MUSD en 2021), les activités jouissant d’un monopole, qui sont concentrées sur les combustibles, enregistrent des pertes (de 32 MUSD en 2021). C’est également le cas de certaines activités en concurrence, telles que la production de ciment Portland (ayant ainsi enregistré des pertes de 13 MUSD en 2021), qui détient 34% de parts de marché.

Pour y remédier, le gouvernement a mené un examen approfondi de l’activité pétrolière qui est menée par ANCAP afin d’améliorer sa structure de coûts ainsi que ses pratiques de commercialisation. Il a aussi mis en place un mécanisme pour actualiser, au moins tous les 60 jours, les prix à la pompe de manière plus transparente et prévisible, en se basant sur un prix de parité à l'importation (PPI), soit une valeur théorique pour les carburants qui sont produits par ANCAP, calculée comme s'ils avaient été importés. Ce PPI permet, en théorie, d’aligner les prix à la pompe sur l’évolution des prix mondiaux et d’éviter tout ajustement ou maintien discrétionnaire de ces prix. Toutefois, sur l’ensemble de l’année 2021, les prix à la pompe sont restés, en moyenne, en dessous du PPI, représentant donc des subventions d’un montant de 159 MUSD. De plus, depuis le début de l’année 2022, les hausses des tarifs des carburants ont été systématiquement plus faibles que celles suggérées par le PPI.

Par ailleurs, le gouvernement serait en train de travailler sur d’autres réformes visant les activités d’ANCAP, à l’instar de changements réglementaires qui permettraient d’accroître la concurrence au sein des marchés des combustibles liquides et des gaz de pétrole liquéfiés, ainsi que d’un partenariat avec une entreprise privée pour son activité de ciment Portland, avec une participation minoritaire d’ANCAP, de moins de 20%.

D’autres grandes entreprises publiques sont à l’agenda des réformes du gouvernement. C’est le cas de la compagnie des télécommunications nationale ANTEL (pour l'« Administration Nationale des Télécommunications ») qui a vu, à la mi-juin, son monopole pour la fourniture de services Internet être très largement remis en cause, le gouvernement ayant habilité cinq câblo-opérateurs à en offrir afin de renforcer la concurrence sur le marché et assurer ainsi de meilleurs prix. En ce qui concerne le segment de la téléphonie mobile, pour lequel ANTEL était déjà en concurrence avec plusieurs autres opérateurs, le droit à la portabilité numérique a été consacré en janvier 2022, permettant aux utilisateurs de garder leur numéro de téléphone quand ils décident de changer d’opérateur, favorisant leur mobilité afin de faire jouer la concurrence entre les opérateurs et baisser les prix.

Enfin, le gouvernement du président Luis Lacalle Pou s’intéresse à deux autres grandes entreprises publiques, à savoir la compagnie nationale d’électricité UTE (« Administration nationale des centrales électriques et des transmissions électriques de l'État ») et la compagnie nationale d’assainissement et d’eau potable OSE (« Administration nationale des travaux sanitaires de l'État »). Pour la première, le gouvernement cherche à améliorer la qualité du service et la structure des coûts dans l’objectif d’augmenter les ventes d’énergie, notamment à l’étranger. Pour la seconde, il a déjà tenté de renforcer les liens avec le secteur privé, notamment en approuvant fin avril la faisabilité technique du projet Neptune, un investissement de 280 MUSD – le plus important en matière d’eau potable de l’histoire du pays – pour renforcer les infrastructures d’approvisionnement et de traitement des eaux de Montevideo et de sa zone métropolitaine, avec un consortium d’entreprises privées.