Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 29 du 18 au 24 juillet 2022
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : L’Agence nationale de gestion de la biosécurité du Nigéria approuve la commercialisation du blé génétiquement modifié ; Alors que l’inflation bat un nouveau record, la Banque centrale resserre sa politique monétaire ; La Banque Africaine de développement mobilise 134 M USD pour éviter la crise alimentaire au Nigéria ; Le Président Buhari officialise la constitution de la compagnie pétrolière nationale en société par actions.
- Ghana : Le Parlement ghanéen a approuvé un prêt de 750 M USD de l’Afreximbank ; L'inflation des prix à la production pour juin 2022 atteint 38% au Ghana.
Le chiffre à retenir:
0 : Sur les 58 tentatives et attaques maritimes recensées lors des 6 premiers mois de 2022, d’après le Bureau Maritime international, aucune n’a eu lieu dans les eaux nigérianes.
Nigéria
L’Agence nationale de gestion de la biosécurité du Nigéria approuve la commercialisation du blé génétiquement modifié
En délivrant une autorisation jusqu’en 2025, l’agence nationale de gestion de la biosécurité du Nigéria (NBMA) a fait du Nigéria le premier pays africain permettant la commercialisation du blé génétiquement modifié HB4. Cette nouvelle variété a été développée par Trigall Genetics, une coentreprise issue de la collaboration entre le semencier français Florimond Deprez et l’argentin Bioceres. Il est déjà cultivé en Argentine, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Brésil. Cette autorisation d’importation par le Gouvernement Fédéral du Nigéria vise à satisfaire la demande de céréales, en croissance exponentielle – en particulier de blé, quatrième céréale la plus consommée au Nigéria.
Les importations de blé ont atteint 3 Md USD en 2021, la production nationale de 90 000 tonnes ne pouvant couvrir les besoins, qui atteignent 5,8 Mt. Ils devraient même atteindre 6 Mt en 2022/2023. La particularité du blé HB4 est qu’il permet une hausse de rendement de 20% dans les situations de sécheresse. Le Nigéria fait partie des sept pays africains engagés dans les cultures génétiquement modifiées, et a ainsi établi la NBMA en 2019 pour réglementer et approuver ces biotechnologies émergentes.
Alors que l’inflation bat un nouveau record, la Banque centrale resserre sa politique monétaire
Le taux d’inflation sur un an glissant atteint 18,6% en juin 2022, un record depuis janvier 2017. Il s’agit du cinquième mois d’affilée ayant enregistré une accélération de l’inflation. En rythme mensuel, les prix ont augmenté de 1,8% par rapport à mai. Cette accélération est encore une fois particulièrement marquée pour les produits alimentaires (+20,6% en g.a.). Les conséquences de la guerre en Ukraine sur les prix énergétiques et agricoles ainsi que la tenue de la fête religieuse de l’Eid permettent d’expliquer cette hausse particulièrement forte.
Face à cette aggravation du phénomène d’inflation, la Banque centrale du Nigéria a décidé une nouvelle augmentation de son taux d’intérêt directeur. Seulement 2 mois après une première hausse de 150 p.b. à 13%, celui-ci est désormais fixé à 14%. Ce resserrement de la politique monétaire, destiné à réguler l’inflation, pourrait toutefois peser sur la croissance en raison d’un renchérissement du coût des crédits. Malgré tout, la Banque centrale continue de financer le déficit public nigérian à moindre coût, ce qui peut contribuer à alimenter la hausse des prix.
La Banque Africaine de développement mobilise 134 M USD pour éviter la crise alimentaire au Nigéria
Alors que les prix alimentaires ne cessent d’augmenter au Nigéria (+20,6% sur un an, en juin 2022), le risque de crise se fait de plus en plus pressant. D’après le rapport du Programme alimentaire mondial, plus de 19 millions de Nigérians qui se trouvent actuellement en situation de fort risque d’insécurité alimentaire.
Face à l’urgence de la situation, la Banque africaine de développement (BAfD) a approuvé une ligne de crédit de 134 M USD au Programme national de croissance agricole du Nigéria, dont le but est d’augmenter la production de céréales et d’oléagineux de 25% d’ici à décembre 2023. Ce prêt s’inscrit dans le cadre de la Facilité africaine de production d’urgence, qui couvre 24 pays, pour un montant total de 1,5 Md USD. Cette aide vise à moderniser le secteur agricole nigérian, en particulier la production de blé, afin d’amortir les effets de l’inflation et de la guerre en Ukraine.
Le Président Buhari officialise la constitution de la compagnie pétrolière nationale en société par actions
Après avoir inauguré la Nigerian National Petroleum Company (NNPC) en 1977 en tant que ministre du pétrole, le président Buhari a inauguré, ce 19 juillet, le changement de statut de cette institution, devenue société à responsabilité limitée. Qualifié d’historique, ce changement était prévu par la loi sur la réforme du secteur pétrolier de 2021, et annoncé par le Président dès septembre 2021. Cela n’a toutefois pas d’incidence sur le mandat officiel de la compagnie, qui consiste à assurer la sécurité énergétique du pays.
Ce changement implique en revanche la fin du versement d’allocations fédérales, et plus largement une modernisation de la gouvernance de l’entreprise. A terme, l’objectif est d’encourager les investissements étrangers dans la NNPCL, par une plus grande transparence et une plus grande présence commerciale sur le territoire nigérian. En effet, le directeur financier du groupe, Umar Ajiya, a déclaré lors de l’inauguration qu’avec plus de 60 Md USD d’actifs, l’entreprise pourrait faire passer le nombre de ses points de distribution de 547 actuellement à 1 500 dans les six prochains mois. Pour rappel, selon KPMG, seuls 4 % des 70 Md USD investis dans le secteur pétrolier et gazier en Afrique entre 2015 et 2019 l’ont été au Nigéria, pourtant premier pays pétrolier du continent.
Ghana
Le Parlement ghanéen a approuvé un prêt de 750 M USD de l’Afreximbank
Alors que le pays cherche à surmonter un déficit de la balance des paiements de près d’un milliard de dollars, le Parlement ghanéen a approuvé cette semaine un emprunt de 750 M USD et continue de débattre d’un autre emprunt de 250 M USD. Des désaccords partisans retardaient l’approbation des prêts depuis le mois dernier, alors que le pays est confronté à une inflation qui continue à augmenter (quasiment 30% en juin), à une croissance plus faible que prévue et une monnaie locale qui a perdu près le quart de sa valeur face au dollar.
Selon un rapport de la commission des finances, le produit du prêt sera notamment utilisé pour financer des projets d’infrastructures prévus dans le budget, dont la construction de routes et infrastructures routières, dont la valeur est estimée à 715 M USD. Le rapport note que le besoin total de financement étranger du gouvernement pour 2022 est estimé à 1,45 Mds USD. Par ailleurs, il est estimé qu’une part importante de la dette du Ghana arriverait à échéance au début des années 2025 et 2026 – soit environ 3 milliards de dollars – le rapport soulignant la nécessité de mettre en place des mesures pour dégager les ressources destinées au remboursement de la dette.
L'inflation des prix à la production pour juin 2022 atteint 38% au Ghana
Les services statistiques du Ghana ont annoncé que l’inflation des prix à la production s’est accélérée pour un dixième mois consécutif, contre un taux de 33,3% en mai 2022, avec le taux de variation le plus élevé depuis mars, ce qui suggère que les pressions sur les prix s’intensifient. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis octobre 2014 et il a été alimenté par la hausse des prix du carburant, des aliments et des boissons, ainsi que par la dépréciation du cédi ghanéen. Le cedi a baissé de 2% par rapport au dollar cette année, ce qui en fait la deuxième monnaie la moins performante au monde – parmi celles suivies par Bloomberg – après la roupie sri-lankaise.
L'augmentation soutenue des prix à la production et l'affaiblissement de la monnaie pourraient attiser davantage l’inflation, qui a atteint son plus haut niveau en 19 ans en juin, bien qu'à un rythme d’augmentation plus lent que les trois mois précédents. Cela pourrait persuader le comité de politique monétaire, qui a commencé à délibérer sur les taux d'intérêt mercredi, de procéder à une nouvelle hausse des taux d’intérêts le 25 juillet. Après celle du Zimbabwe, la Banque du Ghana, est la banque centrale qui a le plus augmenté son taux directeur en Afrique cette année – hausse des taux de 450 points de base en 2022.