La Banque centrale poursuit le resserrement de la politique monétaire
La Banque centrale a poursuivi le resserrement de sa politique en relevant son taux directeur de 50 points de base pour le porter à 9,75%. Cette politique restrictive est permise, entre autres, par les très bonnes perspectives de croissance économique du pays pour les prochains trimestres et, selon la Banque centrale, reste justifiée au regard des prévisions d’une plus faible croissance mondiale et de la persistance de très fortes pressions inflationnistes externes.
Comme elle l’avait laissé entrevoir lors de sa dernière réunion de politique monétaire, et en ligne avec les anticipations des agents économiques, la Banque centrale a poursuivi le resserrement de sa politique en relevant son taux directeur de 50 points de base (pdb) pour le porter à 9,75%. Il s’agit ainsi de la 8ème levée du taux consécutive depuis le début du resserrement de la politique en août 2021, lorsque ce taux était fixé à 4,5%. Selon la Banque, le taux d’intérêt neutre, c’est-à-dire le taux à long terme qui s’accompagne d’une inflation stable et qui n’est ni un frein ni un accélérateur pour la croissance économique, a été atteint lors de la dernière réunion de politique monétaire, quand le taux directeur avait été porté à 9,25%. En portant ce taux à 9,75%, au-dessus du taux neutre, la Banque centrale s’engage résolument dans une politique restrictive pour faire baisser durablement l’inflation.
Cette politique restrictive est permise, entre autres, par les très bonnes perspectives de croissance économique du pays pour les prochains trimestres, qui sont tirées par la consommation privée, la reprise des services et du tourisme, la demande externe pour les produits agricoles qui sont exportés par l’Uruguay et les grands projets d’investissement. De plus, le marché du travail affiche aussi de bons résultats, avec des taux d’activité (à 61,7% en mai) et d’emploi (à 56,7%) à leurs niveaux d’avant-crise, ainsi qu’un taux de chômage, malgré une légère hausse au cours des derniers mois à 8,1%.
Par ailleurs, selon la Banque centrale, cette politique monétaire restrictive reste justifiée au regard des prévisions d’une plus faible croissance mondiale et de la persistance de très fortes pressions inflationnistes externes, impactées entre autres par le conflit russo-ukrainien et les tensions qui pèsent sur les chaînes d’approvisionnement, qui obligent les Banques centrales à mener des politiques monétaires beaucoup plus restrictives que prévu. L’inflation mondiale contribue donc à la persistance de l’inflation uruguayenne qui, depuis mars dernier, reste sur un plateau élevé compris entre 9 et 9,5% (+9,3% en juin en glissement annuel), alors que l’inflation sous-jacente se maintient autour de 8%. En effet, la forte hausse des cours des matières premières continue de se répercuter sur les prix alimentaires et les tarifs des carburants et des transports, empêchant de converger vers la bande cible d’inflation, actuellement de 3-7% et devant passer à 3-6% à partir de septembre prochain.
Dans ce contexte ainsi que dans le cadre de la « Rendición de Cuentas » (qui désigne l’exercice de défense du bilan de l’exécutif devant le Parlement par le chef de l’Etat et de proposition de budget), le président de la Banque centrale, Diego Labat, a précisé que la convergence vers la bande cible serait plus lente que prévu et que l’inflation arriverait dans cette bande au cours du 1er semestre de 2024. En effet, outre l’inflation mondiale, la Banque centrale a manifesté son inquiétude concernant les ajustements de tarifs, dont les tarifs énergétiques, ainsi que les effets de second tour qui pourraient se déclarer suite aux renégociations salariales. L’ensemble de ces facteurs contribuent aussi à rigidifier les anticipations d’inflation des agents économiques, qui restent au-dessus de la bande cible à 8,6% en fin de période en 2022, puis à 7,2% en 2023 et 6,6% en 2024. Le gouvernement anticipe de son côté une inflation à 8,5% fin 2022, 6,7% fin 2023 et 5,8% fin 2024. La Banque centrale anticipe dès lors de nouvelles levées de taux au cours des futures réunions de politique monétaire, notamment lors de la prochaine qui aura lieu le 15 août.