La Banque centrale a de nouveau relevé son taux directeur de 75 points de base (pdb) pour le porter à 9,75%, un niveau record depuis fin 1998. Elle a également annoncé un programme d’intervention pour soutenir le peso chilien, pouvant aller jusqu’à 25 Mds USD sur la période allant du 18 juillet au 30 septembre.

La Banque centrale a de nouveau relevé son taux directeur de 75 points de base (pdb) pour le porter à 9,75%, une hausse plus forte que celle anticipée par les acteurs financiers et les agents économiques, qui tablaient sur une levée de taux de 50 pdb. Depuis le début du resserrement monétaire engagé mi-2021, la hausse cumulée du taux directeur s’élève à 925 pdb, le portant ainsi à un niveau record depuis fin 1998. Selon elle, le resserrement beaucoup plus rapide que prévu des conditions monétaires par les Banques centrales pour faire face à la persistance de l’inflation, notamment de la Réserve fédérale américaine, assombrit les perspectives de croissance mondiale et fait grandir les craintes d’une récession. Ces craintes contribuent ainsi à faire chuter les bourses des pays émergents, dont la bourse chilienne, à favoriser l’appréciation du dollar – et donc la dépréciation du peso chilien qui a perdu près de 20% de sa valeur depuis le début de l’année – et à faire chuter les prix de certaines matières premières, à l’instar du cuivre dont le cours a baissé d’environ 30% depuis début juin. En parallèle, l’incertitude qui est liée au contexte chilien, en particulier au processus constitutionnel, tout comme le conflit russo-ukrainien et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, maintiennent de fortes pressions sur les prix alimentaires et énergétiques.

Ces facteurs contribuent donc à renforcer la hausse ainsi que la persistance de l’inflation. En effet, si l’inflation a progressé de 0,9% en glissement mensuel en juin – confirmant le ralentissement engagé depuis le pic de 1,9% en mars – elle a progressé de 12,5% sur un an. Elle se maintenant ainsi à son niveau le plus haut depuis mi-1994 et qui est, par ailleurs, déjà très proche du pic de 13% pour cette année qui avait été initialement anticipé par la Banque centrale pour le 3ème trimestre de 2022. L’inflation reste ainsi alimentée par la hausse des prix alimentaires (+18,5% sur un an en juin) et énergétiques, qui se répercutent sur le prix des transports (+24,4%). Avec une inflation de 7,1% sur un an au 1er semestre de 2022 et une inflation sous-jacente, c’est-à-dire excluant les prix volatils et régulés, qui ne cesse de grimper pour s’établir à 9,9% sur un an en juin, soit un record depuis début 1995, les anticipations d’inflation des agents ont été une nouvelle fois révisées à la hausse. Ils prévoient une inflation de 11,0% en fin de période pour 2022 (contre 10,0% relevés lors de la dernière enquête en juin). Dès lors, la Banque centrale juge que d’autres levées de taux seront nécessaires pour faire converger l’inflation vers la cible de 3%, dont la magnitude dépendra principalement de l’évolution des tensions inflationnistes au cours des prochains mois.

Inflation et inflation sous-jacente (glissement annuel)
 2207CHL Inflation - Juin 2022
Sources : INE, SER Buenos Aires
 

Par ailleurs, les autorités monétaires ont également durci le ton face à la forte dépréciation et la grande volatilité du peso chilien. Elles considèrent que les marchés ont, à ce stade, pu absorber les chocs externes et s’adapter à la volatilité du change. Dans ce contexte, les autorités monétaires ont annoncé un programme d’intervention pour soutenir le peso chilien, pouvant aller jusqu’à 25 Mds USD sur la période allant du 18 juillet au 30 septembre. Les interventions sur le marché cambiaire comprendront des fournitures de devises (jusqu’à 10 Mds USD) et des ventes d’instruments de couverture de change (jusqu’à 10 Mds USD), et l’établissement d’un mécanisme d’échange de devises (dans la limite de 5 Mds USD). Ce programme sera complété par une fourniture de liquidité en pesos lorsque nécessaire, à travers une facilité de mise en pension (repo).