Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 28 du 11 au 17 juillet 2022
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : Face aux craintes croissantes sur sa dette publique, le Nigéria cherche à rassurer les investisseurs ; L’agence de notation Fitch souligne la solidité des banques nigérianes ; Les IDE au Nigéria ont augmenté de 3,7% sur un an ; Réunion du Conseil d’Affaires France – Nigéria en marge du Sommet Choose France.
- Ghana : L’inflation au Ghana atteint un nouveau pic de 29,8% pour le mois de juin 2022 ; Le recours du Ghana au FMI est interprété comme un signal positif sur les marchés internationaux.
Le chiffre à retenir:
2ème : Pour le second mois consécutif, le Nigéria n’est plus le premier producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, légèrement dépassé par l’Angola.
Nigéria
Face aux craintes croissantes sur sa dette publique, le Nigéria cherche à rassurer les investisseurs
Au mois de juin 2022, le Nigéria a dû renoncer à l’émission de 950 Md USD d’Eurobond – titre d’endettement public libellé en devises étrangères – en raison d’une dégradation des conditions de marché. Suite à ce revers, le gouvernement cherche à rassurer les investisseurs sur sa capacité d’emprunt et surtout de remboursement.
Lors du dernier conseil de politique monétaire de la Banque centrale, il a été jugé que l’appétence du gouvernement pour ces titres Eurobond pourrait accroître le risque de surendettement. Leur taux d’intérêt élevé et le risque de change associé, en cas de dévaluation du Naira, placent en effet les finances publiques sous pression. Or ces titres deviennent de plus en plus nécessaires alors que la production pétrolière chute, aggravant le déficit public et limitant les entrées de devises étrangères.
Tout en insistant sur l’importance pour le Nigeria de générer davantage de recettes fiscales, le Bureau de gestion de la dette a souhaité justifier le recours à l’endettement externe en Eurobonds. Celui-ci permet de limiter l’effet d’éviction qui risquerait de détourner les capitaux domestiques du secteur privé nigérian. Par ailleurs, face au risque de surendettement, la directrice du DMO a rappelé que la dette publique reste majoritairement locale (60%) et d’un faible niveau (36% du PIB en 2022 selon les estimations de la Banque Mondiale).
L’agence de notation Fitch souligne la solidité des banques nigérianes
D’après l’agence américaine de notation Fitch, le système bancaire nigérian semble particulièrement résilient. Selon un stress test réalisé et présenté dans son rapport semi-annuel sur le système bancaire, les banques nigérianes peuvent voir l’encours de leurs crédits chuter de 6 Md USD sans risque d’effondrement du système. En effet, ces banques affichent un ratio de capitalisation rapporté au risque de crédit bien supérieur à 15%, même en cas de perte de 6 Md USD. Ce taux, fixé par la Banque centrale, assure la solidité du système bancaire nigérian en éloignant le risque d’insolvabilité. De plus, ce rapport prouve la résilience des banques nigérianes aux possibles chocs sur le secteur pétrolier ou les finances publiques, malgré une forte exposition.
Par ailleurs, cette résilience aux chocs devrait permettre l’adoption d’ici à 2023, selon l’agence Fitch, des règles de supervision internationale dites de Bales III. Celles-ci préconisent un ratio de capitalisation de 10,5% soit inférieur à la politique réglementaire de la CBN. Grâce à l’adoption de ces règles, le Nigéria pourra attirer un nombre plus important d’investisseurs, rassurés quant à la santé du système financier.
Les IDE au Nigéria ont augmenté de 3,7% sur un an
Le flux d’investissements directs étrangers au Nigéria représentait, selon les chiffres de la Banque centrale du Nigéria (CBN), 223,3 MUSD pour les cinq premiers mois de l’année 2022. Cela constitue une augmentation de 3,7% par rapport à la même période de 2021. Si l’on prend le premier trimestre seul, l’augmentation n’est que de 0,13% selon le bureau national des statistiques, ce qui suggère une accélération des investissements étrangers en avril et mai 2022. Cela contraste avec le total du capital étranger importé (IDE, investissements de portefeuille et autres) qui a lui baissé de 17% au T1 2022 par rapport au T1 2021. Par rapport aux cinq premiers mois de 2020 toutefois, les IDE de 2022 sont en baisse de 7,5%.
La ventilation des IDE par Etat révèle, sans surprise, que l’Etat de Lagos attire 68% des capitaux étrangers au premier trimestre 2022, suivi d’Abuja (28%). En 2021 selon les statistiques nationales, les IDE au Nigéria étaient de près de 700 M USD, représentant 10,4% des entrées totales de capitaux étrangers (6 700 M USD).
Réunion du Conseil d’Affaires France – Nigéria en marge du Sommet Choose France
Le Conseil d’Affaires France-Nigéria s’est réuni le 11 juillet, en amont de la cinquième édition du Sommet Choose France qui s’est tenue le même jour à Versailles. L’évènement était l’occasion de réunir les principaux chefs d’industries nigérians ainsi que des entreprises françaises de secteurs d’activité divers, en présence du Ministre Délégué au commerce extérieur et à l’Attractivité, Olivier Becht. Daisy Danjuma, présidente de May & Baker, Jim Ovia, fondateur de Zenith Bank, Abdul Samad Rabiu, fondateur du groupe BUA et Philip Mshelbila, PDG de NLNG, figuraient parmi les participants côté nigérian à la rencontre de 13 dirigeants d’entreprises françaises.
Le Conseil d’Affaires a été fondé en 2018, sous l’impulsion du Président de la République Emmanuel Macron afin de créer une plateforme d’échanges concrets en vue de partenariats entre dirigeants d’entreprises françaises et nigérianes. A l’exception de 2020 marquée par la pandémie, le Conseil s’est réuni chaque année depuis sa création. M. Abdul Samad Rabiu, Président du Conseil d’Affaires , a salué les succès obtenus dans le cadre de cette enceinte, tout en appelant ces derniers à continuer de chercher des opportunités de partenariats entre les entreprises françaises et nigérianes.
Ghana
L’inflation au Ghana atteint un nouveau pic de 29,8% pour le mois de juin 2022
L’inflation a augmenté au Ghana pour atteindre 29,8% en glissement annuel en juin, contre 27,6% en mai. C’est la première que l’inflation au Ghana atteint 29% depuis 2004. Elle dépasse la fourchette cible de la Banque du Ghana – 8±2 pour cent – depuis septembre 2021 et ne cesse d’augmenter depuis.
La Banque centrale avait augmenté son taux d’intérêt directeur de 14,5% à 17% en mars 2022, puis à 19% en mai 2022 pour tenter d’endiguer l’accélération de l’inflation. Le resserrement de la politique devrait mettre du temps à se répercuter sur l’économie réelle, mais il est notable que l’inflation a quelque peu décéléré entre mai et juin (+ 2,2%) contre +4% entre avril et mai et +4,2% entre mars et avril. Les transports, qui comprennent le carburant, ont enregistré la plus forte hausse de prix, soit 41,6% – le diesel a connu une augmentation de 99,7% et le prix de l’essence a augmenté de 69,4%. Le logement – comprenant eau, électricité et gaz – a augmenté de 38,4%, tandis que les denrées alimentaires ont connu une inflation de 30,7%.
Le recours du Ghana au FMI est interprété comme un signal positif sur les marchés internationaux
Les obligations en dollars du Ghana ont progressé, les investisseurs étant optimistes quant à la décision du pays de solliciter un programme du Fonds monétaire international (FMI). L'euro-obligation du Ghana arrivant à échéance en 2027 a augmenté de 1% à 65,82 cents pour un dollar en fin de semaine dernière, son plus haut niveau en plus de six semaines. Les obligations se négociaient à des niveaux élevés, avec des rendements supérieurs à 20%, avant que le Ghana n'annonce la semaine dernière qu'il allait solliciter le FMI un soutien financier.
Le mois dernier, des milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Accra, la capitale du Ghana, pour protester contre l'inflation élevée, la faible croissance et la détérioration de la monnaie locale. D’après Moody's, le Ghana doit rembourser 7,3 Mds USD d’intérêts sur ses euro-obligations en circulation d'ici 2032. Une mission du personnel du Fonds monétaire international s’est rendue au Ghana du 6 au 13 juillet pour entamer des discussions initiales sur un programme d’assistance économique.