Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 27 du 4 au 10 juillet 2022
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : Les importations alimentaires augmentent de 41% en 2021 ; Le Nigéria accélère le projet de gazoduc transsaharien pour accroître ses exportations de gaz ; L’AFD s’associe à InfraCredit pour développer les partenariats publics-privé au Nigéria ; L’inclusion financière au Nigéria en 2021 est de 45%.
Le chiffre à retenir:
+21,7% : C’est le pourcentage d’augmentation des crédits à l’économie entre avril 2021 et 2022, pour un montant de 26 100 Md NGN soit 61,3 Md USD.
Nigéria
Les importations alimentaires augmentent de 41% en 2021
En 2021, le Nigéria a importé pour 2 000 Md NGN (soit 4,7 Md USD) de produits alimentaires. Ce montant exprimé en naira augmente de 41% en un an, la valeur des importations ayant été de 1 200 Md NGN en 2020. Les achats de produits alimentaires à l’étranger voient également leur part en hausse, de 9,4% des importations du Nigéria en 2020, ils représentent désormais 9,6%. Or ce nouveau record intervient malgré la politique de soutien au secteur agricole du gouvernement fédéral et de la Banque centrale.
Le Nigéria a en effet multiplié les programmes d’aide aux agriculteurs afin de substituer sa production nationale aux importations qui pèsent sur la valeur de sa monnaie. La Banque centrale a ainsi annoncé en juin 2022 que 31 666 prêts avaient été distribués pour un montant de 5,9 Md NGN (14,2 M USD), grâce à son programme Agricultural Credit Guarantee Scheme Fund, en 2021. Toutefois, les problèmes sécuritaires dans les certaines zones agricoles ainsi que l’augmentation des prix du diesel et des engrais contraignent la production nigériane.
Le Nigéria accélère le projet de gazoduc transsaharien pour accroître ses exportations de gaz
L’Europe, en raison de la guerre en Ukraine, cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique. Le Nigéria est une des solutions envisagées comme l’a souligné l’Ambassadrice européenne, Samuela Isopi, lors du Business Forum européen qui s’est tenu à Lagos. De son côté, le principal producteur de GNL en Afrique subsaharienne cherche à accroître sa capacité d’exportation, grâce notamment au projet de gazoduc ouest-africain. Élaboré en partenariat avec le Maroc, ce gazoduc doit permettre d’acheminer 30 Md de mètres cubes de GNL par an, en provenance du sud du Nigéria vers l’Europe.
Après avoir reçu l’autorisation de la part du gouvernement de signer un accord de construction avec la CEDEAO, la société d’hydrocarbures NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation) a annoncé l’attribution du contrat de gestion du projet. C’est la coentreprise formée par la société autrichienne ILF Consulting et la société française DORIS Engineering qui a remporté ce marché. Ce contrat prévoit, entre autres, les travaux d’ingénierie, les études techniques ainsi que l’évaluation des impacts sociaux et environnementaux de la construction de 6 000 km de gazoduc à travers 13 pays.
L’AFD s’associe à InfraCredit pour développer les partenariats publics-privé au Nigéria
L’AFD a signé une convention avec InfraCredit une structure nigériane spécialisée dans la garantie de crédit d’infrastructure. Dans le cadre de cet accord, l’AFD mettra en place une assistance technique pour accompagner InfraCredit dans la sélection des projets et la réalisation des études de faisabilité. Se faisant les deux parties espèrent attirer davantage de financements du secteur privé et ainsi multiplier les opportunités de partenariats public-privé (PPP). L’accord vise en particulier les projets d’infrastructures portés par les gouvernements des Etats. À ce jour, les garanties d’InfraCredit ont permis d’émettre 266 MUSD d’obligations d’infrastructure dont 61% sont des PPP.
L’inclusion financière au Nigéria en 2021 est de 45%
Le dernier rapport de la Banque mondiale relatif à l’inclusion financière apporte des éclairages sur l’évolution de celle-ci, notamment au Nigéria ou la part des personnes âgées de plus de 15 ans détenant un compte bancaire atteint 45% en 2021. S’il s’agit d’une augmentation par rapport à 2017 (40%), il s’agit aussi d’un retour au niveau de 2014 (44% ; 30% en 2011). Cette évolution contraste avec celle du reste de l’Afrique subsaharienne (55%), et a fortiori du reste du monde (76%), ou la croissance de l’inclusion financière a été constante depuis 2011. Par ailleurs, 35% des Nigérians possèdent une carte de débit (moins qu’en 2014 à 36%). Ces données agrégées masquent des disparités. Ainsi, les ruraux sont à 35% de détention d’un compte bancaire, contre 55% pour les urbains, et il existe une différence de 20 points de pourcentage entre les femmes et les hommes à l’avantage de ces derniers. Les causes de ce manque d’accès sont multiples. 38% des Nigérians estiment ne pas avoir assez d’argent pour ouvrir un compte ; 20% déclarent être trop éloignés d’une institution financière ; 18% déclarent ne pas avoir les documents nécessaires à l’ouverture d’un compte. Tout cela plaide en faveur d’un fort potentiel pour les technologies de paiement mobile (73% possèdent un téléphone portable).
Enfin, la capacité d’épargne des individus est au même niveau que le reste de l’Afrique (56% ont épargné en 2021), à la seule différence que ce chiffre est à la baisse au Nigéria (62% en 2017) et en hausse dans le reste de l’Afrique subsaharienne (54% en 2017). Il est à noter que les Etats du Borno, d’Adamawa et de Yobe ont été exclus de l’étude pour des raisons de sécurité.