Le 29 juin, le taux de change du peso chilien par rapport au dollar américain a atteint un niveau record, fleurtant avec les 930 pesos pour un dollar. Ce niveau record s’inscrit en réalité dans une tendance à la dépréciation tout au long du mois, soulevant de nombreuses inquiétudes. La dépréciation du peso chilien s’explique par plusieurs facteurs internes et externes.

Le 29 juin, le taux de change du peso chilien par rapport au dollar américain a atteint un niveau record, fleurtant avec les 930 pesos pour un dollar, après avoir dépassé la barre des 900 pesos pour un dollar le 23 juin. Ce niveau record s’inscrit en réalité dans une tendance à la dépréciation tout au long du mois de juin. Sur le mois, le peso chilien s’est ainsi déprécié de près de 12,7%, soulevant de nombreuses inquiétudes. Depuis le début de l’année, il s’est déprécié de 8,4%.

L’évolution de la devise chilienne s’inscrit à rebours de l’évolution des devises des autres pays de la région. Avec le peso argentin, le peso chilien est ainsi la seule devise de la région qui, par rapport au début de l’année, s’est dépréciée vis-à-vis du dollar. En effet, la plupart des grandes économies de la région étant exportatrices de matières premières, leurs devises ont tiré avantage, entre autres, du choc causé par le conflit russo-ukrainien sur les cours des matières premières.

Évolution des taux de change des devises des pays du cône Sud par rapport au dollar américain (décembre 2019 = base 100)

2207CS Taux de change USD

Sources : FMI, Banques centrales nationales, SER Buenos Aires

La dépréciation du peso chilien s’explique par plusieurs facteurs internes et externes. Parmi les facteurs externes, on compte bien évidemment l’impact du resserrement des politiques monétaires  dans les pays avancés, en particulier de celle de la Fed aux États-Unis. À cela s’ajoute également, notamment à cause du ralentissement de la croissance de la Chine, la baisse du prix du cuivre, qui a atteint des niveaux très bas fin juin, passant en dessous du plancher de 4 USD la livre le 22 juin et atteignant environ 3,7 USD la livre le 30 juin (-15% sur un mois), soit son prix le plus bas depuis février 2021. Des facteurs internes sont aussi à l’œuvre, tels que l’incertitude liée à la nouvelle Constitution.

Face à cette forte dépréciation, le 24 juin, le ministre des Finances, Mario Marcel, a ainsi annoncé que le ministère vendrait pour près de 5 Mds USD d’excès de liquidité en devises au cours des 60 prochains jours, avec un maximum de 200 MUSD par jour. Cette annonce n’a eu qu’un effet de court terme sur le taux de change du peso par rapport au dollar, qui s’est ainsi maintenu au-dessus de la barre des 900 pesos pour un dollar. À ce titre, le ministre des Finances a rappelé que les interventions qui sont les plus efficaces pour limiter la dépréciation du peso restent celles de la Banque centrale. Toutefois, à ce stade, aucune internvention de la Banque sur le marché des changes n’est envisagée. Celle-ci soutient son système de change flottant qui permet à l’économie du pays d’absorber les chocs externes. Les mouvements du peso étant, selon elle, principalement causés par les facteurs externes évoqués ci-dessus, une intervention n’est pas encore justifiée.