Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le président Buhari fait le bilan de son action économique dans une interview au site Bloomberg ; Fanmilk-Danone inaugure une ferme modèle dans l’Etat d’Ogun ; L’AFD annonce le financement de deux nouveaux projets au Nigeria ; En moyenne, les lagotiens dépensent 14,4 Md NGN par jour d’hydrocarbures pour combler les déficits du réseau électrique.

 

- Ghana : Le Ghana est la seconde destination des IDE en Afrique de l’Ouest en 2021 ; D’après le gouverneur de la Banque centrale du Ghana, le pays s’interroge sur un recours au FMI.

Le chiffre à retenir:

2,7 Millions C’est le nombre de Nigérians ayant voyagé en train en 2021, soit une hausse de +166% par rapport aux 1 million de passagers enregistrés en 2020. 

 

Nigéria

Le président Buhari fait le bilan de son action économique dans une interview au site Bloomberg

Dans une interview donnée cette semaine au site Bloomberg, le président Buhari établit le bilan de ses deux mandats, à 8 mois des prochaines élections présidentielles. Arrivé au pouvoir en 2015, le président considère que la situation économique s’est améliorée lors des 7 dernières années. Si les mesures prises ne se reflètent pas encore dans les chiffres selon lui, les investissements réalisés, notamment dans les infrastructures, devraient porter leurs fruits.

Par ailleurs, la conjoncture économique mondiale, marquée par la pénurie de certaines denrées agricoles, permet au président de justifier sa politique d’indépendance alimentaire. Elle aurait par ailleurs permis de limiter l’inflation, qui s’élève pourtant à +19,5% (en g.a.) sur les produits alimentaires en mai 2022.

Sur les questions énergétiques, le président a rappelé les réformes et actions conduites par son gouvernement, comme le Petroleum Industry Act censé accroître l’attractivité du secteur pétrolier nigérian. Cette interview a également été l’occasion pour le président Buhari de justifier son choix de reporter la suppression des subventions sur le prix de l’essence, arguant que la plupart des pays dans le monde adoptent des mesures similaires face à la montée des prix du pétrole. Pour rappel, cette subvention devrait coûter au gouvernement 4 000 Md NGN (9,6 Md USD) en 2022, soit environ 2% du PIB. Enfin, il a profité de cette tribune pour appeler l’Union européenne à clarifier sa position sur le gaz, considérée par le Nigéria comme une énergie de transition et dont le pays est le principal producteur en Afrique sub-saharienne.

Fanmilk-Danone inaugure une ferme modèle dans l’Etat d’Ogun

L’entreprise Fanmilk, acquise en 2019 par le groupe Danone, a inauguré en début de semaine une ferme modèle dans l’Etat d’Ogun. Située dans la ville d’Abeokuta, l’usine a été inaugurée en présence du gouverneur de l’Etat, M. Dapo Abiodun, de l’Ambassadrice de France au Nigéria, Mme Emmanuelle Blatmann, d’un conseiller du président Buhari et de chefs traditionnels locaux. Le projet, en partenariat avec l’Etat d’Ogun, comprend une ferme laitière modèle et un institut de formation. Participant à la diversification de l’économie de l’Etat d’Ogun et du pays plus largement, il devrait permettre la formation de plusieurs centaines de personnes et créer environ 2 000 emplois.

Fanmilk-Danone est présent au Nigéria depuis 1963. L’entreprise emploie directement 800 personnes, et 20 000 indirectement à travers son réseau de vendeurs ambulants répartis dans l’ensemble du pays. L’an dernier, Fanmilk-Danone avait déjà investi 9 M USD dans une nouvelle ligne de production de crème glacée. Pour rappel, le Nigéria est le premier importateur de produits laitiers et substituts d’Afrique, avec 1,3 Md USD en 2019.

L’AFD annonce le financement de deux nouveaux projets au Nigéria

Par la voix du gouvernement fédéral, un investissement de 575 M USD dans la construction de routes en milieu rural a été annoncé. Ce projet, cofinancé par le gouvernement fédéral, la Banque mondiale et l’Agence française de développement, comprend la construction de 53 730 km de routes, entre 2021 et 2026. Ces routes devront permettre d’améliorer les débouchés commerciaux pour la production agricole des 13 Etats ciblés, ainsi que la mobilité des populations. L’Organisation internationale du travail a par ailleurs fait part de sa volonté de participer financièrement et techniquement à ce projet.

Dans le même temps, l’AFD a également participé au financement d’une centrale photovoltaïque, destinée à la Lagos Business School. Cette ferme solaire, d’une capacité de 350 kW, fera de LBS le premier bénéficiaire du programme Sustainable Use of Natural Ressources and Energy Finance Nigeria (SUNREF). Inauguré en 2020, ce programme de financement accordé par les banques commerciales, est soutenu par l’AFD grâce à l’ouverture d’une ligne de crédit de 70 M USD ainsi que par le fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures via une subvention de 7 M USD.

En moyenne, les lagotiens dépensent 14,4 Md NGN par jour d’hydrocarbures pour combler les déficits du réseau électrique

Selon le ministre pour l’environnement et les ressources en eau de l’Etat de Lagos, M. Tunji Bello, les résidents et entreprises de Lagos dépensent annuellement 5 300 Md NGN (12,7 Md USD) en fioul et diesel pour faire fonctionner leurs générateurs. Cela représente en moyenne 14,4 Md NGN par jour (35 MUSD) selon M. Bello et les statistiques du Greenhouse Gas Emissions Inventory de son ministère. Cela est directement dû au manque d’électricité fournie par le réseau public. En effet, avec 12 000 MW installés mais seulement 4 000 MW disponibles à l’échelle nationale, le réseau ne répond pas aux besoins. Or, le recours à des générateurs privés est bien plus coûteux que le prix de l’électricité publique, a fortiori en période de flambée des cours du gasoil, non subventionné. Un générateur privé représente un coût de 130 NGN/KWh, soit près de trois fois le coût du KWh sur le réseau. A cela s’ajoute l’impact environnemental de ses générateurs privés.

Pour rappel, en 2021, l’Etat de Lagos a lancé un Climate Action Plan afin de recourir plus massivement aux énergies renouvelables ou bas-carbone. L’augmentation des prix du fioul et du diesel ces derniers mois rend ces coûts de moins en moins supportables, alors qu’il existe au Nigéria plus de 22 millions de générateurs privés, dont 60% se situeraient à Lagos.

Ghana

Le Ghana est la seconde destination des IDE en Afrique de l’Ouest en 2021

D’après le rapport 2022 de la CNUCED sur l’investissement dans le monde, le Ghana est la seconde destination des investissements directs à l’étranger (IDE) en Afrique de l’Ouest et la 6e du continent africain. Les flux d’IDE entrants au Ghana s’élèvent ainsi à 2 614 M USD en 2021, contre 1 876 M USD en 2020, soit une augmentation de 39%. A titre de comparaison, les chiffres 2021 représentent quasiment le double de la Côte d’Ivoire – 1 382 M USD – même si le Ghana reste bien loin derrière le premier de la région : le Nigéria totalise un flux d’IDE entrants de 4 844 M USD. Le Sénégal, quant à lui, talonne le Ghana, à 2 232 M USD de flux d’IDE entrants en 2021.

Les bonnes performances du Ghana en la matière sont principalement dues aux projets dans les industries extractives ; par exemple, la construction d'une installation d'extraction d'or de 850 M USD par Newmont Corp (États-Unis) et la construction d'une cimenterie par Ciment d'Afrique (CIMAF) (Maroc) pour 436 M USD.

D’après le gouverneur de la Banque centrale du Ghana, le pays s’interroge sur un recours au FMI

Lors d’un débat à la London School of Economics, le gouverneur de la Banque centrale du Ghana, Ernest ADDISON, a déclaré que le Ghana était dans une phase « d’examen de conscience » (« soul searching ») quant à l’opportunité de se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI). Depuis son indépendance en 1957, le Ghana aurait déjà fait appel au FMI à 17 reprises, d’après ADDISON, et se trouve à nouveau dans une situation similaire. Son hypothèse est que le peuple ghanéen compte voir s’il est possible d’explorer d’autres options plutôt que de se précipiter vers le FMI chaque fois que le pays est en crise. 

La dette publique du Ghana s'élevait à 78% du PIB à la fin de 2021, et la hausse des spreads l'a écarté des marchés obligataires internationaux. Néanmoins, son gouvernement exclut de recourir au FMI.