Les prévisions macroéconomiques convergent sur une croissance à hauteur de 2% en 2022, puis 3/4% en 2023, alors que les très fortes pressions inflationnistes devraient profondément altérer la consommation des ménages, traditionnel pilier de la croissance slovaque. Dans ce contexte morose, le marché de l’emploi fait preuve de résilience et les finances publiques reviennent à meilleure fortune du fait de l’allègement des mesures d’accompagnement dans la lutte contre la pandémie.

1 – La croissance reste faible portée par la seule consommation des ménages

 

Après une croissance de 3,1% en 2021, l’économie slovaque a enregistré une croissance faible au premier trimestre 2022 (+0,4% par rapport au trimestre précédent et +3,1 %, en glissement annuel, données non corrigées des variations saisonnières) freinée par une dernière vague de covid, les difficultés de son secteur automobile et le début du conflit en Ukraine. L’office des statistiques relève avec satisfaction que le niveau d’activité a enfin dépassé le niveau de 2019 avant la pandémie.

Du côté de la production, la contribution de l’ensemble des secteurs économiques a progressé de 1,5 % en glissement annuel. Sur dix secteurs économiques, sept ont connu une hausse de leur valeur ajoutée en glissement annuel et quatre ont ainsi dépassé le niveau d’avant crise.  Le secteur industriel (1er secteur avec une contribution 26,2 % sur la valeur ajoutée totale) a atteint 5,3 Mds € au premier trimestre 2022, en hausse légère de 0,8 % (-4,7 % par rapport à 2019). La production manufacturière a été dynamique en hausse de 4,6 %, mais l’Office des statistiques pointe l’hétérogénéité des productions : si celle des équipements métalliques a augmenté de 13 % et celle des machines de 20 %, la production de véhicules automobiles est toujours en retrait (-15%), toujours handicapée par les aléas des livraisons des microprocesseurs. Le second secteur englobant commerce, transport, hébergement et les activités de restauration, soit 4,3Mds €, a fait preuve d’un fort rebond avec +15 % en glissement annuel (+ 8 points comparé à 2019) notamment en raison de la croissance très forte du commerce de détail. 

Du côté de la demande domestique, la tendance haussière observée au cours des trois précédents trimestres (+9,4% au 2ème trim 2021, + 7% au 3ème et + 3,2% au 4ème trim), s’est maintenue en début d’année (+6,7 %). Comme à l’accoutumée, la consommation des ménages a été le principal moteur de la consommation (+9,1 %) compensant très largement la consommation en berne de l’administration publique (-0,4 %). Concomitamment, la formation brute de capital fixe a augmenté de 6,4 %, confirmant la performance du trimestre précédent (6 %) et le poids des financements européens. Sans surprise, les échanges commerciaux ont été affectés par les difficultés de l’industrie automobile avec une contraction des exportations (-4,5%) et des importations (-1,3%) dans un contexte où les montants nominaux de ces échanges commerciaux sont supérieurs à ceux respectifs du premier trimestre 2019.

 

2 – Le marché de l’emploi continue d’être bien orienté. 

 

Au premier trimestre 2022, le marché de l’emploi a poursuivi son expansion (+ 2,8 % et 2 572 000 employés). Le taux d’emploi s’est établi à 75,9 %, en hausse de 2,9 points en g.a. Cette bonne performance est recensée au sein de douze des dix-huit secteurs observés notamment dans l’industrie avec +2,4% (696 100 emplois) et les services (1 559 700 emplois) avec + 2,1 %. Si l’emploi continue de chuter dans le commerce de détail, il est amplement compensé par le rattrapage dans l’hébergement et la restauration, +26,3 %. Le taux de chômage poursuit son repli à 6,4 %, en baisse de 0,7 point en glissement annuel avec toutefois une augmentation rapide (+36% en ga) du nombre de chômeurs de longue durée (1 an et plus). Sans surprise, les concentrations de chômeurs se situent à l’est du pays et en son centre alors que la capitale connait le plein emploi (taux de chômage de 2,5%).

 

3 -  L’augmentation des salaires est désormais inférieure à la hausse des prix

 

Au premier trimestre 2022, les salaires ont augmenté dans l’ensemble des secteurs, mais à un rythme bien inférieur à celui de la hausse des prix (+12,6% à fin mai). A fin mars, le salaire moyen brut a atteint 1 212 € / mois, en hausse de 7,8 %, sans que soit observé un effet de second tour (spirale d'augmentation prix-salaires). Les salaires sont les plus élevés dans les activités financières et d’assurance (2 527 €) et les TIC et les plus faibles dans les services de l’hébergement et de la restauration (659 €). Au niveau régional, la région de Bratislava offre désormais un salaire au-dessus de 1500 EUR, supérieur au salaire moyen national (1 212 €), et ceux de Presov (919 €), région, à l’est du pays, limitrophe de l’Ukraine.

 

4 – Vers l’assainissement des finances publiques

 

La dégradation des finances publiques lors de la pandémie (déficit de -5,5% en 2020, et -6,2% en 2021) devrait prendre fin en 2022 selon le programme de stabilité qui retient un déficit à -5,1% pour l'année du fait de l’allègement des mesures d’accompagnement dans la lutte contre la pandémie. Quant à l’endettement public estimé à 63,1 % du PIB à fin 2021, il devrait très progressivement revenir sous le seuil de 60% dès 2023.

 

croissance du PIB