L'Uruguay et le Brésil ont signé un document s’accordant sur le fait que le Tarif extérieur commun du Mercosur ne correspondait pas aux besoins de l’union douanière et qu’une baisse de ce dernier augmenterait la compétitivité ainsi que la productivité des économies des pays membres. Ils ont également signé un accord supprimant les droits de douane à l’entrée dans le marché brésilien pour les productions uruguayennes qui proviennent des zones franches, et ce pour une durée indéterminée.

Le 9 juin, dans le cadre du IXème Sommet des Amériques qui avait lieu à Los Angeles du 6 au 10 juin, le ministre des Affaires étrangères, Francisco Bustillo, ainsi que son homologue brésilien, Carlos França, ont tous deux signé un document s’accordant sur le fait que le Tarif extérieur commun (TEC) du Mercosur ne correspondait pas aux besoins de l’union douanière et qu’une baisse de ce dernier permettrait d’augmenter la compétitivité ainsi que la productivité des économies des pays membres. Ils ont également appelé à une modernisation et une flexibilisation du Mercosur qui doit permettre de s’adapter aux « spécificités » et « intérêts » de chaque pays, dans un contexte où l’Uruguay essaie de négocier des traités de libre-échange avec la Chine et la Turquie et où le Brésil souhaite accroître son commerce extérieur.

Dans cette optique, l’Uruguay a appuyé une proposition de « réduction horizontale » des droits de douanes de 20% faite par le Brésil (qui ne peut être approuvée qu’à l’unanimité des pays membres du Mercosur). L’Uruguay avait refusé son soutien à une baisse du TEC de 10% fin 2021, conditionnant son accord à une autorisation de pouvoir négocier des traités bilatéraux avec des pays tiers, ce qu’il n’avait donc pas obtenu. Le Brésil avait alors, avec l’assentiment de l’Argentine et du Paraguay, diminué de façon unilatérale de 10%, à titre transitoire, le TEC sur les produits entrant sur son territoire.

En parallèle, l’Uruguay et le Brésil ont signé un accord supprimant les droits de douane à l’entrée dans le marché brésilien pour les productions uruguayennes qui proviennent des zones franches, et ce pour une durée indéterminée. Cette mesure est ainsi inédite puisque depuis 1994, la production de ces zones n’avait pas de statut dérogatoire pour pénétrer le marché brésilien avec des droits préférentiels. Sur les quelques 6.195 produits concernés par cet accord, on trouve entre autres les boissons, les médicaments, la cellulose (un fort enjeu lié au mégaprojet papetier) et les sous-produits chimiques, et peut-être bientôt le cannabis thérapeutique. De plus, l’Uruguay pourra aussi importer de l’herbe de maté y compris lorsque les limites maximales de cadmium seront atteintes, contournant ainsi une norme sanitaire du Mercosur. Ce dernier point était loin d’être anecdotique pour Brasilia, puisque son voisin uruguayen représente près de 60% de ses exportations de maté (58 MUSD en 2021).

Le gouvernement uruguayen s’est félicité de cet accord qu’il considère « avoir une valeur équivalente à un accord de libre-échange avec le Brésil ». Il espère aussi que ce dernier pourra attirer des investisseurs séduits par la combinaison du régime très avantageux des zones franches uruguayennes et de l’accès à l’immense marché brésilien.