Dans le cadre de la revue de l’économie paraguayenne au titre de l’Article IV, les services du FMI ont évalué l’effectivité des programmes sociaux mis en place durant la pandémie pour protéger les ménages face à la dégradation de la situation économique et sociale.

Dans le cadre de la revue de l’économie paraguayenne au titre de l’Article IV, les services du FMI ont évalué l’effectivité des programmes sociaux mis en place durant la pandémie pour protéger les ménages face à la dégradation de la situation économique et sociale. Si la contraction du PIB paraguayen a été relativement limitée malgré l’ampleur du choc sanitaire (-0,8% sur un an en 2020), l’adoption de mesures visant à restreindre la mobilité a très fortement affecté les services (tourisme, commerce), ce qui a contribué à la hausse du chômage et de la pauvreté (26,9% en moyenne au niveau national en 2020, dont 34,0% en zone rurale). À noter que la détérioration des conditions sociales a été particulièrement marquée chez les femmes, pesant ainsi sur l’inégalité de genre. En revanche, les inégalités sociales ont continué à se réduire du fait de l’impact transversal de la pandémie sur l’ensemble des catégories sociales. Par conséquent, le coefficient de Gini est passé d’un pic à 0,51 en 2014 à 0,43 en 2021.

Dans ce contexte, les services estiment que les transferts monétaires, rapidement mis en œuvre, ont permis de réduire le coût social de la pandémie. À ce titre, le programme Pytyvõ, déployé dès la mi-2020, s’est traduit par le versement de l’équivalent de 80 USD (548.000 PYG) aux travailleurs du secteur informel. Les services ont toutefois constaté que ces aides ont été versées sans distinction du niveau de revenus, bénéficiant aussi à des ménages aisés. Ce biais a réduit la capacité du programme Pytyvõ à soutenir davantage les ménages en situation de vulnérabilité. Au total, les services estiment que les aides versées dans le cadre de la première version de Pytyvõ (195 MUSD) ont bénéficié à 18% de la population.

De manière générale, le Fonds souligne le caractère très protecteur des programmes sociaux Pytyvõ (à destination des travailleurs informels), Tekoporã (pour les enfants, les femmes enceintes, mais aussi les personnes handicapées et communautés autochtones) et Adulto Mayor (personnes âgées). Sans ces filets sociaux, les services expliquent que le taux de pauvreté, au niveau national, aurait atteint 30,1%, soit un niveau supérieur de 3,2 points de pourcentage à celui constaté en 2020. L’extrême pauvreté aurait également bondi (+64% sur un an) pour s’établir à 6,4% (+2,5 points de pourcentage).

Les services considèrent toutefois qu’une meilleure conception du programme Pytyvõ aurait permis de protéger plus efficacement les ménages plus vulnérables. En effet, en élargissant la couverture des bénéficiaires les plus fragiles, les indicateurs d'inégalité et de pauvreté se seraient réduits. Dès lors, sur la base du retour d’expérience, ils encouragent les autorités paraguayennes à mieux cibler les individus bénéficiant des aides sociales, en prenant notamment mieux en compte leurs revenus. À cette fin, les services invitent le gouvernement à moderniser la gestion des données afin d’avoir un ciblage plus fin des bénéficiaires. Les services recommandent également de mieux prendre en compte la vulnérabilité des ménages aux divers chocs climatiques ainsi qu’aux retournements de la conjoncture internationale.