Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

Nigéria : Au début 2022, la valeur des transactions MoMo a augmenté de 3500% par rapport à 2019 ; La Banque centrale débourse 21 Md NGN (48 M EUR) pour soutenir les exportations de cacao et de sésame ; EAN Aviation devient le distributeur officiel d’Airbus Helicopters en Afrique de l’Ouest ; Le Nigéria se classe premier récipiendaire d’IDE en Afrique de l’Ouest.

 

- Ghana : Le Ghana obtient une promesse de financement de 1 M USD de la part de banques internationales ; La Banque de développement du Ghana a été officiellement lancée cette semaine.

Le chiffre à retenir:

+17,7% : C’est le taux d’inflation sur un an glissant au mois de mai 2022. Les prix des produits alimentaires augmentent quant à eux de 19,5% en un an.

 

Nigéria

Au début 2022, la valeur des transactions MoMo a augmenté de 3500% par rapport à 2019

Le mobile money qui consiste en des transactions monétaires via un téléphone portable est l’un des moyens de payement les plus utilisés au Nigéria. Lors des quatre premiers mois de l’année 2022, ce sont ainsi plus de 4 860 Md NGN (soit 11,7 Md USD) qui ont été échangés par ce canal. Selon les données de la Nigeria Interbank Settlement System, ce montant est en hausse de 3454% par rapport à la même période en 2019. Au-delà d’une augmentation des montants, c’est également une hausse de l’utilisation que montre cette étude : le nombre de transactions a été multiplié par 35 en quatre ans.

Cette progression impressionnante trouve son explication dans la hausse du nombre de personnes disposant d’un téléphone portable et d’un accès internet. En effet, le Nigéria compte désormais 201 millions d’abonnés à la téléphonie mobile, contre 177 millions en 2019, soit une hausse de 14%. Par ailleurs, la pandémie a profondément modifié les habitudes de paiement des Nigérians, qui privilégient désormais le sans-contact.

La Banque centrale débourse 21 Md NGN (48 M EUR) pour soutenir les exportations de cacao et de sésame

Dans le cadre de l’Initiative de Facilitation des Exportations (Export Facilitation Initiative – EFI), la Banque centrale du Nigéria (Central Bank of Nigeria – CBN) a financé trois projets de renforcement des filières sésame et cacao à hauteur de 21 Md NGN (48 M EUR). L’EFI a été lancée en 2019 afin de compléter les mesures de l’Etat fédéral de soutien du secteur non-pétrolier. Elle permet aux producteurs de noix de cajou, de cacao, d’huile de palme, de graines de sésame et de graines de chia, d’accéder à des prêts à taux préférentiel, offrant une période de grâce de trois ans et ayant une maturité allant jusqu’à dix ans. Le crédit contracté doit servir à financer l’acquisition de terres ou d’équipements de transformation des récoltes, permettant d’augmenter la valeur ajoutée de la production. Cette mesure, pour le moins hétérodoxe, a pour objectif de renforcer les capacités de production de ces deux filières.

Pour rappel, le Nigeria est le 5ème producteur mondial de fèves de cacao (270 000t/an) et le 7ème producteur mondial de graines de sésame (500 000t/an). L’Association des producteurs de cacao du Nigéria (Cacao Farmers Association – CFAN) ambitionne de porter la production à 500 000t de fèves de cacao d’ici 2024, soit une augmentation de 46%. Les fèves de cacao restent le premier poste d’exportation à 210 Md NGN (505 M USD), mais les graines de sésame connaissent également une forte progression (113 Md NGN, soit 272 M USD). Les exportations de produits agricoles n’ont jamais été aussi élevées qu’en 2021 : elles ont même dépassé le milliard de dollars (505 Md NGN, soit 1,2 Md USD). L’enjeu est désormais de renforcer les chaînes agroalimentaires locales afin d’exporter des produits à plus grande valeur ajoutée et de mieux couvrir les besoins nationaux.

EAN Aviation devient le distributeur officiel d’Airbus Helicopters en Afrique de l’Ouest

L’entreprise nigériane EAN Aviation, spécialisée dans la maintenance et les services aéronautiques, a récemment signé un partenariat avec Airbus Helicopters pour devenir distributeur officiel du constructeur en Afrique de l’Ouest. Cela permet à l’entreprise, active dans le secteur depuis une dizaine d’années, d’étendre son offre de services dans la région pour la vente, la réparation et la maintenance des hélicoptères civils. Ce partenariat fait d’EAN le premier distributeur indépendant d’Airbus Helicopters en Afrique de l’Ouest, et l’un des sept dans le monde.

La compagnie emploie plus de 50 personnes dans son centre d’opérations et de maintenance situé au sein de l’aéroport international Murtala Muhammed de Lagos. Elle souhaite accompagner le développement du marché des hélicoptères civils à travers le pays.

Le Nigéria se classe premier récipiendaire d’IDE en Afrique de l’Ouest

D’après les données publiées par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le Nigéria a reçu 4,8 Md USD d’investissements directs étrangers en 2021, soit un doublement par rapport à 2020. Avec 35% des 14 Md USD investis par des firmes étrangères en Afrique de l’Ouest sur un an, le Nigéria se classe très largement première destination en termes d’IDE, devant le Ghana (2,6 Md USD) et le Sénégal (2,2 Md USD). Principaux moteurs de ce doublement, les secteurs pétroliers et gaziers offshore ont profité de la hausse des prix énergétiques pour gagner en attractivité.

Le Nigéria est également la première destination des IDE français en Afrique de l’ouest, comme l’a rappelée récemment l’Ambassadrice de France au Nigéria, Emmanuelle Blatmann. En effet, plus de 60% des stocks d’IDE français dans la sous-région sont localisés au Nigéria.

Malgré cela, l’Afrique reste le parent pauvre des investissements étrangers au niveau mondial : malgré un record de 83 Md USD reçus en 2021, ceux-ci ne représentent que 5,2% de flux globaux.

 

Ghana

Le Ghana obtient une promesse de financement de 1 M USD de la part de banques internationales

Le Ghana a levé 750 M USD par le biais de prêts syndiqués avec la participation de huit banques africaines et européennes et 250 M USD auprès de prêteurs multilatéraux. Standard Bank Group Plc, Standard Chartered Ltd et Rand Merchant Bank Ltd ont dirigé le montage. Cette transaction constitue la première partie des 2 Md USD de prêts syndiqués que le Ghana entend lever cette année pour stabiliser son déficit fiscal – estimé à 7,4% pour 2022 selon la loi de finances – et soutenir le cédi ghanéen. Ainsi, 750 M USD seraient destinés au budget, pour les dépenses et la gestion du passif et 250 M USD iraient à la Banque du Ghana afin de renforcer ses ressources pour les opérations de swap.

Le Ghana a perdu cette année l’accès au marché des euro-obligations en raison de l’augmentation de sa dette publique – actuellement à 78% du PIB – et des incertitudes autour du budget 2022. De plus, le financement de la dette sur le marché intérieur a atteint ses limites vu le contexte macroéconomique : les taux d’intérêts étant inférieurs au taux d’inflation actuel, le Trésor ghanéen n’est pas parvenu à son objectif de souscription à l’émission de mai dernier sur le marché domestique. L’accord pour le prêt de 1 Md USD devrait être présenté devant le Parlement ghanéen dans les prochains jours.

La Banque de développement du Ghana a été officiellement lancée cette semaine

La Banque de développement du Ghana (Development Bank Ghana, DBG) a été officiellement inaugurée par le Président de la République du Ghana, Nana Aakufo-Addo. Ce nouvel établissement financier s’inscrit dans le cadre de la volonté du Ghana de financer son propre développement et de s’autonomiser de l’aide extérieure (programme « Ghana Beyond Aid »). Le lancement opérationnel de cette Banque permettra de remédier aux carences de financement des entreprises ghanéennes, notamment les PME. Agissant via des lignes de crédit à long-terme et des garanties (individuelles ou de portefeuille) auprès des banques commerciales ghanéennes, le rôle de la DBG sera de faciliter le développement des PME et ETI ghanéennes.

Au Ghana, seules 24% des PME accèdent au crédit et le déficit de financement des PME est évalué entre 6 et 9 Md USD, du fait notamment d’un taux d’intérêt moyen élevé des banques commerciales, à 21% fin 2021. La DBG a été soutenue par la Banque mondiale (prêt de 250 M USD), la Banque européenne d’investissement (prêt de 170 M EUR), la KfW (prêt de 46,5 M EUR) et la Banque africaine de développement (don de 40 M USD).