La Banque centrale a relevé son taux d’intérêt directeur de 75 points de base pour l’établir à 9% afin de répondre à la persistance de l’inflation qui, en mai, a progressé de 1,2% sur un mois et de 11,5% sur un an, soit son plus haut niveau depuis 1994. Elle explique sa persistance par un ralentissement de l’économie moins rapide qu’anticipé. Dans ce contexte, elle a révisé à la hausse ses projections de croissance pour 2022 (1,5 à 2,25%) ainsi que ses projections d’inflation (9,9%).

Comme anticipé par les acteurs financiers, la Banque centrale a relevé son taux d’intérêt directeur de 75 points de base pour l’établir à 9%, soit une hausse cumulée de 850 points de base par rapport à mi-2021 lorsqu’elle a engagé son resserrement monétaire. Il s’agit de son plus haut niveau depuis fin 1998.

Cette nouvelle levée de taux répond ainsi à la persistance de l’inflation qui, en mai, a progressé de 1,2% sur un mois et de 11,5% sur un an, soit son plus haut niveau depuis 1994. Les augmentations de prix continuent à être très marquées pour les aliments (+17,1% sur un an en mai) et l’énergie (+20,8%), qui se répercutent sur les prix de certains secteurs, à l’instar de l’hôtellerie et de la restauration (+16,5%) ainsi que des transports (+22,3%). La hausse de l’inflation n’a cessé de s’accélérer depuis la mi-2021, tout comme l’inflation sous-jacente qui, excluant les prix volatils et régulés, s’est établie à 9,0%.

Dans son tout dernier rapport de politique monétaire, la Banque centrale explique la persistance de l’inflation (+6,1% sur un an en cumulé depuis le début de l’année) par un ralentissement de l’économie moins rapide qu’anticipé (hausse du PIB au 1er trimestre de 2022 de 0,8% en glissement trimestriel en désaisonnalisé et baisse de seulement 0,2% pour le PIB non minier). Seul l’investissement a  marqué un très net ralentissement, tandis que la consommation privée s’est maintenue à des niveaux relativement élevés. À cela s’ajoute bien sûr la multiplication des chocs externes qui poussent les prix à la hausse, tels que le conflit russo-ukrainien, ou bien la détérioration des conditions financières  à travers le monde ainsi que le ralentissement de l’économie chinoise.

Dans ce contexte, la Banque centrale a révisé à la hausse ses projections de croissance pour 2022, anticipant ainsi une hausse de l’activité économique comprise entre 1,5 et 2,25% pour 2022 (contre 1 à 2% pour ses précédentes projections) expliquée par la résilience de la consommation privée (+2,1% attendus en 2022 contre une baisse de 0,3% pour sa précédente projection) qui devrait permettre de compenser la diminution de l’investissement (-4,8% contre -3,8%). Ainsi, l’atterrissage pourrait dès lors s’opérer de façon plus brutale en 2023 avec une hausse de la probabilité d’une récession, la Banque centrale s’attendant à une stagnation ou une chute du PIB jusqu’à 1%, expliquée par la chute de la consommation privée (-4,1%) et de l’investissement (-2,2%).

De même, la Banque centrale a révisé à la hausse ses projections d’inflation pour 2022. Elle estime ainsi que l’inflation poursuivra son accélération jusqu’à un peu moins de 13% sur un an au cours du 3ème trimestre pour ensuite commencer à décélérer pour s’établir à 9,9% à la fin 2022 (contre 5,6% pour sa dernière prévision) et converger vers la cible de 3% d’ici fin 2023. Pour y parvenir, les autorités monétaires ont donc laissé entendre que de nouvelles hausses de taux, peut-être moins élevées, pourraient intervenir au cours des prochains mois.

Inflation et inflation sous-jacente (glissement annuel)

2206CHL Inflation - Mai 2022

Sources : INE, SER Buenos Aires