Le 1er juin, un peu moins de trois mois après son entrée en fonction, le président chilien Gabriel Boric a présenté son « compte-rendu public », un discours délivré chaque année devant le Congrès par le président en exercice qui vise à dresser un bilan de la politique de l’exécutif sur l’année écoulée et à fixer un cap pour l’année à venir.

Le 1er juin, un peu moins de trois mois après son entrée en fonction, le président chilien Gabriel Boric a présenté son « compte-rendu public », un discours délivré chaque année devant le Congrès par le président en exercice qui vise à dresser un bilan de la politique de l’exécutif sur l’année écoulée et à fixer un cap pour l’année à venir. Les mots-clés du cap économique qui a été fixé par le président Boric sont, sans aucun doute, l’équité et la productivité. Selon lui, une répartition plus équitable des revenus est une condition nécessaire pour remettre le pays sur la voie du développement.

La réduction des inégalités passera donc par une série de réformes structurelles, dont l’agenda a été esquissé dans son discours. Le 1er projet de réforme qui devrait être lancé serait celui de la réforme fiscale, qui devrait être présentée au Congrès au mois de juin. Il comportera un double objectif : renforcer l’équité du système fiscal (via la taxation des hauts revenus, de la richesse et des rentes minières, entre autres) et mobiliser des ressources sur le long terme pour financer l’extension du système de protection sociale. Suivra donc en août la présentation au Congrès d’un projet de réforme du système des retraites privé par capitalisation afin de transiter progressivement vers un système public plus solidaire. Viendra ensuite un projet de réforme du système de santé pour créer un fonds de santé universel auquel tous les Chiliens seront inscrits afin de mettre en place un système également plus solidaire, tout en améliorant la qualité et l’accès aux soins. Enfin, en 2023, un projet de réforme de l’éducation supérieure devrait être présenté pour effacer progressivement les importantes dettes des étudiants et créer un nouveau système de financement dudit système éducatif.

En parallèle de ces ajustements sociaux, des réformes du travail devraient être présentées, tels que la réduction du temps de travail à 40 heures par semaine (contre 45 heures actuellement) et la poursuite de la hausse du salaire minimum pour le porter à 500.000 pesos (572 euros) d’ici la fin du mandat. Afin de compenser la hausse des coûts du travail engendrée par ces réformes, le président a mis l’accent sur la nécessaire hausse de la productivité. L’objectif de l’exécutif est de renverser la tendance observée au cours de la dernière décennie, à savoir une baisse persistante de la productivité, pour la faire croître de 1,5% par an et atteindre ainsi une croissance du PIB potentiel de 4% par an (contre 2,6% pour 2022).

Le président a projeté un investissement accru dans la recherche, le développement, l'innovation et la formation, mentionné la nécessité de contenir l’incertitude et également reconnu la complémentarité des investissements public et privé. Il s’est engagé à accroître l’investissement de 30% par rapport à l’année passée et à développer un plan quinquennal d’infrastructures (logistiques, numériques, sociales, entre autres). Les ministères de l’Économie et des Finances devraient par ailleurs, sur la base des recommandations du Conseil national de la productivité, préparer un agenda de réformes pour augmenter l'efficacité de la production et des services financiers.

Reste à voir si ces projets de réformes, surtout ceux placés sous le signe de l’équité, pourront s’appuyer sur la nouvelle Constitution soumise à référendum le 4 septembre prochain. Le potentiel rejet du texte, et donc le maintien de la Constitution actuelle, compliquerait grandement cet agenda très ambitieux.