Situation économique du Paraguay durant les cinq premiers mois de 2022
Le mois de mai confirme les tensions inflationnistes persistantes dont fait l’objet le Paraguay, provoquées tant par le contexte international que par des problématiques météorologiques internes au pays. L'inflation est doublée d'une prévision de croissance économique fragile.
Le mois de mai confirme les tensions inflationnistes persistantes dont fait l’objet le Paraguay, provoquées tant par le contexte international que par des problématiques météorologiques internes au pays. Malgré un marché du travail relativement épargné et un commerce international en reprise, ces tensions aggravent les anticipations des agents économiques, et conduisent les autorités monétaires à agir.
Une dynamique inflationniste tirée des chocs d’offre exogènes. En mai, l’inflation montre des signes d’apaisement (+0,2% sur un mois, après 1,5% sur un mois enregistré en avril ; +11,4% sur un an) après les tensions sur les prix enregistrés durant le premier trimestre de 2022. Dans le même temps, les anticipations d’inflation restent élevées pour la fin de l’année 2022, à 8,0%, soit une hausse de 3,5 points de pourcentage par rapport au dernier trimestre de l’année 2021. La hausse de l’inflation au Paraguay s’explique essentiellement par l’apparition successive de deux chocs d’offre. Pour rappel, durant la pandémie, tant les différentes perturbations de la chaîne d’approvisionnement que les problèmes de logistique sur les livraisons commerciales ont provoqué des pénuries et une forte augmentation des prix de nombreuses denrées alimentaires importées. Ces difficultés ont été aggravées par la hausse du cours des matières premières dans le contexte de conflit russo-ukrainien.
Face à l’inflation, l’accentuation de la politique monétaire conventionnelle. En réponse à l’intensification de ces tensions, le comité de politique monétaire poursuit l’augmentation de son taux directeur pour l’établir à 7,25% au mois de mai, soit une hausse de 50 points de base par rapport au mois dernier, et de 200 points de base par rapport à décembre 2021. L’établissement du taux directeur à un tel seuil est un record jamais enregistré depuis 2013. En outre, il témoigne de l’importance des politiques monétaires conventionnelles pour le comité, dans un contexte où l’inflation, largement déterminée par des facteurs exogènes, est susceptible à moyen-terme de s’ancrer dans la fixation des prix et des salaires.
Une inflation doublée d'une prévision de croissance économique fragile. Le Paraguay poursuit dans une dynamique de stagflation. Les difficultés d’approvisionnement évoquées ont des effets de second tour sur les branches de l'industrie manufacturière liées à l'agroalimentaire, et ternissent en conséquence les prévisions de croissance. A ce titre, les anticipations de croissance des agents économiques publiées en mai s’établissent à 0,2% pour 2022, enregistrant une baisse de 1,8 point de pourcentage par rapport à celles émises en avril. Les attentes des agents économiques avaient pourtant été particulièrement stables, à hauteur de 4% durant le dernier trimestre 2021, avant de connaître un point d’inflexion à partir de janvier 2022 (3,7%), puis de chuter en mars (2%). Ces anticipations pessimistes sont corroborées par l’indice de confiance des consommateurs : estimé à 45,8% en mars et passé sous la barre symbolique de 50 depuis lors, celui-ci se maintient au même taux en mai. Sa moyenne durant les trois derniers mois est de 47% tandis qu’elle était de 53% durant le dernier trimestre 2021.
Un marché du travail est relativement peu affecté par les circonstances actuelles. Pour autant, les tensions inflationnistes, peu propices à la croissance, ne semblent pas affecter le marché du travail. Du dernier trimestre 2021 au premier de 2022, le Paraguay enregistre une hausse de 1,7 point de pourcentage du taux de chômage, ce dernier passant de 6,8% à 8,5% durant la période, ce qui demeure faible par rapport aux pays frontaliers (le taux de chômage du Brésil s’établissant à 11,8% pour le dernier trimestre 2021).
Sur le volet extérieur, la reprise des exportations permet d’avoir un solde commercial des biens positif. Durant les quatre premiers mois de 2022, les échanges commerciaux s’élèvent à 8,8 Mds USD, en hausse de 17% par rapport à la même période en 2021, et de 12% par rapport au trimestre précédent. Pour la période donnée, les exportations atteignent 4,2 Mds USD, et retrouvent leur niveau d’avant crise. Les effets de la sécheresse avaient réellement impacté le pays à partir de janvier, les exportations s’élevant alors à 0,7 Md USD, soit 25% de moins qu’en décembre et 54% par rapport à novembre 2021. En parallèle, les importations sont restées relativement stables sur la période, à 4,3 Mds USD. Il est néanmoins important de noter que ces dernières connaissent une baisse de 13% par rapport au dernier trimestre de 2021. De surcroît, la conjugaison du repli des achats et de la reprise des ventes à l’extérieur permet au Paraguay d’enregistrer une balance des biens positive à partir de mars (+60 MUSD), laquelle est confirmée en avril (+120 MUSD).
Croissance du PIB et taux de chômage
Sources : Banque centrale, INE, SER Buenos Aires