Séminaire dédié à la finance verte et responsable. Intérêt marqué des institutions financières et des acteurs privés singapouriens et français présents à Singapour pour la finance verte et durable.

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Le Service économique régional de Singapour a organisé, en partenariat avec l’Autorité monétaire de Singapour (MAS), la Banque de France et l’ESSEC Business School, le mardi 24 mai 2022 dans les locaux de l'ESSEC, un séminaire en format hybride dédié à la finance verte, qui a rassemblé 170 personnes issues du milieu financier (50% en ligne). Introduite par une discussion pré-enregistrée entre Ravi Menon, directeur général de la MAS, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, la conférence s’est articulée autour de trois panels portant sur i) l’impact de la biodiversité sur le secteur économique et financier ; ii) le rôle des FinTech vertes dans la transformation du secteur ; iii) la réglementation et les incitations financières visant à favoriser la transition verte.

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La sauvegarde et la restauration de la biodiversité sont aussi urgentes que la lutte contre le changement climatique.

Selon le dernier Global Financial Center Index 2022, Singapour est classée 6ème place financière mondiale et 3ème en Asie, derrière Hong Kong et Shanghai, mais devant Tokyo. La préservation et la restauration de la biodiversité ont été identifiées par les intervenants comme des enjeux aussi urgents aujourd’hui que le réchauffement climatique. La transition peut être source de risques pour les entreprises qui devront incorporer prudemment cette dimension dans leur stratégie, mais peut être aussi source d'opportunités, en particulier en Asie où l’on dénombre 73% des 1,9 milliard de personnes vivant en situation de stress hydrique. L’action se situe aussi bien du côté des entreprises que des politiques publiques, dont les recommandations opérationnelles sont déterminantes pour parer aux difficultés que rencontrent les acteurs du secteur privé à développer des indicateurs de biodiversité. Selon l’IPBES, même s’il existe des critères de mesure des impacts des activités humaines sur la biodiversité, comme le positionnement géographique, les émissions de gaz à effet de serre ou encore la consommation d'eau, les entreprises doivent déterminer leurs propres indicateurs en fonction de leur activité, veiller à les publier dans des documents de reporting afin d’exposer leurs outils à l’évaluation scientifique externe pour améliorer leur pertinence ; plusieurs intervenants ont à ce titre souligné l’enjeu de soutenir les recommandations de la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD).

Les Fintechs vertes sont essentielles pour soutenir la transition du système financier.

Singapour est aujourd'hui souvent citée comme l'un des principaux hubs FinTech au monde. De nombreuses mesures ont été prises, sous l'égide de la MAS, pour concrétiser ses ambitions en matière de transition verte à travers le plan d'action pour la finance verte, le programme d'octroi de prêts liés à l'écologie et à la durabilité, et le travail mené depuis janvier 2021 sur la taxonomie au sein de la Green Finance Industry Taskforce pour classifier les activités économiques selon leur contribution à l'atténuation du changement climatique et proposer des critères ESG, i.e. des critères de durabilité, en réponse aux difficultés rencontrées par les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises. Les fintechs et la finance verte sont les deux principales forces motrices qui façonnent l'avenir des services financiers, selon la MAS. Certaines entreprises y voient des opportunités et d’autres anticipent les exigences des investisseurs dans le futur en matière de durabilité pour rester compétitives. L’instauration d’une taxonomie verte à Singapour nécessite de disposer d’un niveau minimal de données ESG, c’est pourquoi les Fintechs vertes jouent un rôle clé dans la transformation du système financier, en permettant, notamment grâce à l’intelligence artificielle, de collecter rapidement et efficacement des données de multiples sources. La conférence nous a offert quelques exemples d’innovations qui peuvent émerger de l'écosystème financier singapourien à travers Climate Impact X, plateforme d’échanges de crédits carbone reliée à la bourse de Singapour SGX, ou le projet Greenprint au carrefour de la Fintech et de la finance durable, dont l’objectif est de générer et de canaliser les données ESG.

Les acteurs privés insistent sur la nécessité d’harmonisation des standards à l’échelle internationale.

La tendance à la régionalisation des efforts en matière de transition verte est illustrée dans l’Union européenne par la taxonomie européenne, entrée partiellement en vigueur dans l’UE au 1er janvier 2022 pour plus de 11 000 organisations (institutions financières, entreprises et États). Du côté singapourien, la taxonomie mise en place par Singapour a vocation à être appliquée dans les pays de l’ASEAN du fait du rôle prescripteur joué par la place financière à l’échelle de la région. Des travaux de coopération à l’échelle internationale sont entrepris depuis 2017, la MAS étant l’un des membres fondateurs du Network for Greening the Financial System (NGFS) afin que les banques centrales et les superviseurs financiers élaborent des recommandations sur les pratiques à mettre en œuvre dans le domaine de la finance verte. Les intervenants ont souligné l’importance de trouver un équilibre entre les deux outils principalement utilisés pour soutenir la transition bas-carbone : les mesures visant à créer un frein au financement de certains projets et les mesures incitatives qui apportent un levier pour surmonter les obstacles rencontrés par les investisseurs. Deux axes clés de la transition verte ont été particulièrement mentionnés durant ce séminaire : 1) la décarbornisation, avec une tarification précise du carbone, permettant une intégration complète des risques climatiques dans les décisions des entreprises ; 2) et la transparence des données, en rendant progressivement obligatoires les reporting de durabilité, pour réduire les risques de greenwashing et favoriser les stratégies de long terme des entreprises. La nécessité d’avoir un vocabulaire commun, un cadre réglementaire à l’échelle mondiale, pour harmoniser les efforts et améliorer la transparence des données, est souhaitable, mais reste difficilement atteignable à ce jour.

Commentaire :

Alors que l’agenda de Singapour en matière de finance verte accélère fortement depuis 2 ans, cet évènement a permis de mettre en avant le savoir-faire et l’expérience internationalement reconnue des entreprises françaises, qu’il s’agisse des banques (BNPP, SG, CACIB et Natixis ont participé aux différents panels), des asset managers/owners (Amundi) ou des corporate (Engie) vis-à-vis des institutions singapouriennes, en premier lieu de la MAS, mais aussi des acteurs financiers et des grands groupes singapouriens.

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