L’économie hongroise a connu une forte croissance jusqu’au début de 2022. Mais la guerre en Ukraine a assombri les perspectives de croissance du PIB en raison, notamment, de la hausse du coût des importations, des perturbations dans les échanges commerciaux et du relèvement des primes de risque. Ce contexte aggrave par ailleurs une inflation à presque deux chiffres et contribue à détériorer la balance extérieure.

La dynamique d’une croissance forte va s’interrompre.

L’économie hongroise a rapidement retrouvé son niveau d’avant crise Covid, avec une forte croissance en 2021, +7,1%, qui s’est poursuivie au premier trimestre 2022 (+8,2% selon les chiffres du bureau des statistiques hongrois). Le secteur de la construction a été soutenu par l’investissement public dans le même temps où l’industrie bénéficiait des moindres perturbations des chaines d’approvisionnement. Les ventes au détail ont par ailleurs bénéficié des différentes mesures de soutien public comme la hausse de 20% du salaire minimum, des augmentations de salaire dans le secteur public, la réintroduction d’un treizième mois de pension, le remboursement de l’impôt sur le revenu pour certaines familles bien ciblées et  une prestation de service unique pour les militaires et les forces de l’ordre.

Mais le début de la guerre en Ukraine fin février 2022 et l’échéance électorale du 3 avril 2022 ont modifié le paysage hongrois du début d’exercice. En conséquence, la CE anticipe désormais un ralentissement de la croissance du PIB à 3,6 % pour 2022 et à 2,6 % en 2023. La consommation privée devrait perdre le bénéfice des mesures publiques préélectorales et l’inflation, en hausse continue, va éroder le pouvoir d’achat des ménages. L’investissement devrait par ailleurs être freiné, selon la Commission, par le ralentissement de la demande, l’incertitude géopolitique, la hausse des coûts de financement et les efforts d’assainissement budgétaire promis par les autorités.

La hausse de l’inflation va continuer, alimentée par une forte pression des coûts et de la demande sur les entreprises, dans un contexte de faiblesse de la devise nationale. La Commission anticipe son pic au T3 2022, après la fin du plafonnement du prix des carburants et des produits alimentaires actuellement en vigueur. L’inflation devrait passer de 5,2 % en 2021 à 9,0 % en 2022, avant de s’estomper quelque peu en 2023 lorsque les prix à la consommation se seront adaptés à des coûts de production plus élevés : la baisse de la demande devrait ainsi permettre de ramener l’inflation à 4,1 % l’an prochain.

Au plan du commerce extérieur, les exportations sont pénalisées par l’affaiblissement de la demande extérieure, et par les sanctions contre la Russie et les pénuries d’intrants. En parallèle, la hausse des prix des produits de base affecte aussi la Hongrie de manière négative, et les importations nettes d’énergie de la Hongrie devraient augmenter d’environ 3 points du PIB en 2022. Au total, le déficit de la balance des transactions courantes devrait se creuser à 5,5 % du PIB en 2022. Il pourrait se réduire à 3,5 % du PIB en 2023, grâce à une légère baisse des prix des produits de base et l’atténuation progressive des perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Cependant, ces perspectives sont fragiles en raison de la guerre et de la proximité géographique de la Hongrie et de ses liens commerciaux plus étroits, avec la Russie comme vis-à-vis de l’Ukraine, par rapport aux autres membres de l’UE. La Hongrie est aussi très fortement dépendante à l’égard des importations d’énergie.

En termes de finances publiques, la Commission anticipe le maintien d’un déficit budgétaire élevé, de l’ordre de 6% du PIB en 2022. Elle met en avant l’introduction de plusieurs mesures expansionnistes et de dépenses supplémentaires liées aux prix élevés de l’énergie. Les prévisions de la Commission tablent par ailleurs sur des injections de capitaux dans les entreprises à hauteur de 1,1 % du PIB en 2022 et de 0,7 % supplémentaire en 2023. Les autres mesures prises pour répondre aux prix élevés de l’énergie avoisineraient 0,1 % du PIB en 2022.

Au total, la Commission considère que l’objectif affiché par les autorités d’un déficit de 4,9% du PIB en 2022 ne pourra être atteint sans la prise de mesures (d’ajustement) supplémentaires. Ce n’est que l’année suivante que le  déficit reviendrait à 4,9 %, grâce à la persistance d’une croissance élevée du PIB nominal et de la limitation partielle des dépenses discrétionnaires.

Pour ce qui est de la dette publique, la Commission n’anticipe qu’une légère et progressive diminution. La dette publique hongroise passerait ainsi de 76,8 % du PIB en 2021 à 76,4 % en 2022, et 76,1 % en 2023. Elle considère que la croissance élevée du PIB nominal devrait soutenir la consolidation de la dette et permettra de compenser le maintien de déficits globalement élevés. La détérioration des conditions de financement et une maturité moyenne relativement faible de la dette publique devraient par ailleurs se traduire par une hausse sensible des coûts du service de la dette : ils passeraient de 2,3 % du PIB en 2020 à 3,0 % en 2023.

Au plan technique, les services de la Commission rappelle qu’en l’absence d’une décision du Conseil approuvant le PNRR de la Hongrie, cette prévision s’appuie sur des hypothèses qui incluent les dépenses à financer par des subventions du FRR, à hauteur de 0,6 % du PIB en 2022 et 0,8 % en 2023. Par ailleurs, les risques qui pèsent sur les perspectives budgétaires restent élevés en raison de l’évolution incertaine du PIB nominal, des pressions plus fortes que prévu sur les dépenses et de l’incertitude quant à la réponse politique du gouvernement à la hausse des prix de l’énergie.

 prévisions