En 2021, les échanges commerciaux entre la France et l’ASEAN se relèvent modérément (+8,8%, 30,4 Mds EUR), et représentent 4,3% de notre commerce mondial, mais ils ne rattrapent pas leur niveau pré-crise (85,6% de nos échanges de 2019)[1]. En hausse en 2021 (+7,9%), les exportations françaises demeurent nettement inférieures (-24,5%) au montant enregistré en 2019 et continuent de pâtir de la chute des ventes aéronautiques (14,2% du total exporté en 2021, contre 32% en 2019), dont la poursuite l’an dernier a été compensée par la progression de nos exports dans d’autres domaines, tandis que nos importations poursuivent leur tendance haussière (+9,4%, 18 Mds EUR). Parmi les 10 pays de l’ASEAN, la France n’est excédentaire en 2021 que vis-à-vis de Singapour (2ème excédent au niveau mondial en raison principalement du rôle de plateforme de réexportation de la cité-État) et de Brunei. Les principaux postes à l’export sont traditionnellement le secteur aéronautique et spatial (14,2%), les produits de luxe[2] (23,5%), les produits pharmaceutiques (10,9%) ainsi que les produits informatiques et électroniques (9,6%), et l’agroalimentaire (14,9% dont 8,6% de boissons). Deux pays se distinguent comme nos principaux partenaires commerciaux dans la région : Singapour, qui compte pour 57,5% de nos exportations, et le Vietnam, qui représente 30,6% de nos importations.

I. La reprise de nos exportations vers l’ASEAN (+7,9%,12,4 Mds EUR) n’est pas suffisante pour recouvrer le niveau d’avant crise (16,5 Mds EUR en 2019)

L’ASEAN reste l’an dernier le 6ème client de la France (2,6% des exportations totales françaises), après l’Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et la Suisse. Avec une hausse modérée de 7,9%, les exportations françaises vers l’ASEAN restent inférieures à nos résultats d’avant-pandémie (-24,5%). Comme les années précédentes, Singapour compte pour plus de la moitié de nos exportations totales dans la zone (57,5% du total, +1,9%), en raison notamment de son rôle de plateforme commerciale (d’après les douanes singapouriennes, 55% des exportations totales depuis la cité-État sont des réexportations), bien qu’il ne soit pas possible de mesurer l’ampleur exacte de ce phénomène. Dans le reste de l’ASEAN, les ventes françaises présentent des disparités marquées : les ventes vers la Thaïlande (+29,6% à 1,4 Md EUR), le Vietnam (+29,0% à 1,2 Md EUR) et le Laos (+25,9% à 12,1 M EUR) enregistrent une hausse significative, les exportations sont presque multipliées par deux (+89,4% à 217 M EUR) vers le Cambodge et augmentent quasiment de moitié (+49% à 741 M EUR) vers les Philippines. Dans le même temps, les exportations à destination de l’Indonésie (-12,6% à 893 M EUR), la Birmanie (-30,5% à 39,2 M EUR), et Brunei (-12,0% à 7,1 M EUR) poursuivent leur chute (cf. Annexes).

En 2021, nos principaux postes d’exportation vers l’ASEAN sont le secteur aéronautique, qui enregistre une reprise modérée (14,2% de nos exportations contre 32% en 2019), les produits de luxe (23,5% de nos ventes) et les produits pharmaceutiques, informatiques et électroniques:

  • Secteur le plus important à l’export malgré un niveau inférieur de deux tiers à celui de 2019, les ventes aéronautiques et spatiales enregistrent une hausse de 13,8% à 1,8 Md EUR et continuent ainsi de représenter une large partie de nos exportations totales vers l’ASEAN (14,2%). Les exportations reculent vers Singapour, notre plus gros client (−33,5%, à 800 M EUR) en raison du manque de visibilité du secteur à moyen-terme. Les Philippines, devenues le 2ème marché de la France dans la zone, enregistrent une hausse considérable de 489,9% atteignant 239 M EUR. Chez les autres clients de la France dans la région, cette tendance à la hausse se confirme, notamment au Vietnam et en Thaïlande, où les ventes retrouvent plus des deux tiers de leurs niveaux de 2019 après avoir chuté de plus de 90% en 2020, sauf pour la Malaisie (-33,3% à 46,7 M EUR) et l’Indonésie (-7,1% à 179,9 M EUR). À noter que l’Asie-Pacifique représente la part la plus importante des livraisons (30%) du constructeur Airbus, qui a fourni près d’une quarantaine d’avions commerciaux dans la région en 2021.
  • Deuxième poste à l’export, les ventes françaises de textiles, habillement, cuir et chaussures sont en légère hausse : +1,4% à 1,5 Md EUR et représentent 11,9% de nos exportations totales. Elles sont largement dominées par Singapour (1,2 Md EUR, en baisse de 2,4%) et composées à 80% de produits en cuir, bagages et chaussures. Plus des trois quarts des ventes de produits de luxes sont dirigées vers Singapour, confirmant son rôle de plateforme commerciale pour l’ASEAN. Bien que restant minoritaires, les exportations vers la Thaïlande (+38,7%, à 109,4 M EUR), le Vietnam (+28,9%, à 49,8 M EUR) et la Malaisie (+14,7%, à 37,8 M EUR) augmentent sensiblement ;
  • Les exportations de parfums et cosmétiques (3ème poste à l’export) connaissent une hausse de 10,0% à 1,4 Md EUR, et comptent pour 11,6% de nos exportations. Elles sont également fortement dominées par les exportations vers la cité-Etat (1,3 Md EUR, en hausse de 6,6% par rapport à 2020). Les ventes vers le Vietnam (+53,7%, à 87 M EUR), la Thaïlande (+32,8%, à 36,3 M EUR) et la Malaisie (+46,3%, à 24 M EUR) sont en hausse mais restent à des niveaux faibles ;
  • Les exportations de produits pharmaceutiques continuent de bénéficier du contexte de la crise sanitaire et augmentent de 6,9% à 1,4 Md EUR. Elles représentent en 2021 10,9% des ventes françaises vers l’ASEAN (contre 7,2% en 2019). Elles bénéficient en particulier de la forte croissance de nos ventes vers Singapour (+23,5%, à 671,0 M EUR), les Philippines (+5,8%, à 100,6 M EUR) et l’Indonésie (+15,9%, à 81,5 M EUR), même si elles reculent au Cambodge, en Malaisie, au Vietnam et au Laos ;
  • Les exportations de produits informatiques, électroniques et optiques reculent légèrement de 1,2% à 1,2 Md EUR, et comptent pour 9,6% de nos exportations totales. Elles sont composées à 64,0% de composants et de cartes électroniques, dans une région très intégrée aux chaînes de valeur de l’électronique. Les exportations vers Singapour, notre client le plus important de l’ASEAN, progressent de 2,8%, à 863 M EUR, à l’instar de la Malaisie (+1,5%, à 126,4 M EUR) et du Vietnam (+15,7%, à 46,6 M EUR). Les ventes vers nos autres grands clients dans la région sont plus affectées : -28,0% en Thaïlande (59 M EUR), -22,2% aux Philippines (48,1 M EUR) et -11,1% en Indonésie (44,1 M EUR) ;
  • Les produits agroalimentaires affichent une hausse des ventes de 27,4% (1,9 Md EUR, 14,9% du total exporté), tirées essentiellement par les ventes de boissons (+31,5%, à 1,1 Md EUR) qui représentent 8,6% de nos exportations totales. Singapour absorbe 86,3% des exportations de boissons vers l’ASEAN (921,2 M EUR, en hausse de 38,8%), mais seulement 56,0% des exportations agroalimentaires dans leur ensemble. La reprise des ventes de boissons se confirme en Malaisie (+7,2%, à 42,4 M EUR), en Thaïlande (+4,2%, à 34,7 M EUR), et aux Philippines (+48,4%, à 12,6 M EUR), à l’exception du Vietnam (-24,6% à 31,3 M EUR).
II. Les importations depuis l’ASEAN se redressent plus rapidement que les exportations vers la zone : +9,4%, à 17,9 Mds EUR

Les importations françaises depuis l’ASEAN, en augmentation de 9,4%, se sont élevées à 18 Mds EUR en 2021, ce qui fait de la zone notre 5ème fournisseur (3% de nos importations totales), après la Chine, l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni. Le Vietnam, dont les ventes à la France augmentent de 2,6% à 5,5 Mds EUR, demeure notre principal fournisseur dans la région (30,6% du total) en raison de sa spécialisation dans les téléphones portables et l’électronique, et dans le textile/habillement. Les importations depuis Singapour se contractent de 2,8%, entrainées à la baisse par la chute des importations de produits pétroliers (-68,4%, à 106,7 M EUR). Nos achats depuis la Thaïlande (+18,4%, à 3,2 Mds EUR), la Malaisie (+25,7%, à 3 Mds EUR), l’Indonésie (+12,0% à 1,9 Md EUR), le Cambodge (+3,3%, à 971,8 M EUR), les Philippines (+24,6%, à 947,2 M EUR) et le Laos (+30,0%, à 42,1 M EUR) augmentent sensiblement, tandis que les importations depuis la Birmanie (-17,5%, à 340,3 M EUR) chutent en raison du contexte politique.

Premier poste à l’import, nos achats de textiles, habillement, cuir et chaussures restent stables à 4,6 Mds EUR et constituent 25,6% de nos importations totales. Les importations en provenance de l’ASEAN comptent pour près d’un dixième de nos importations mondiales dans ce secteur.

Nos achats de produits informatiques, électroniques et optiques (2ème poste d’importation) se redressent de 1,8% à 4,3 Mds EUR après une contraction de 13,3% en 2020 et comptent pour 24,2% de nos importations totales depuis la région. Les importations de ce secteur en provenance de la zone comptent pour 8,5% de nos importations mondiales. Elles sont en hausse pour la quasi-totalité des pays de la région : +5,5% pour la Malaisie (1,2 Md EUR),+3,1% pour la Thaïlande (643 M EUR), +6,4% pour Singapour (600,9 M EUR) et +24,8% pour les Philippines (369,8 M EUR), à l’exception du Vietnam dont les importations poursuivent leur baisse (-8,2%, à 1,5 Md EUR).

III. Le déficit commercial vis-à-vis de l’ASEAN se creuse davantage, à 5,5 Mds EUR, faute d’une reprise suffisante à l’export et d’une hausse des importations

Notre déficit commercial vis-à-vis de l’ASEAN se creuse de nouveau (-626 M EUR) à 5,5 Mds EUR bien que plus modérément qu’en 2020 où il avait crû de près du double (de -2,6 à -4,9 Mds EUR). Il s’agit de la 7ème année consécutive de déficit commercial, qui représente 5,0% de notre déficit commercial mondial.

L’excédent bilatéral dégagé dans les échanges avec Singapour, le 2ème plus important au niveau mondial derrière le Royaume-Uni, ne suffit pas à compenser notre déficit commercial vis-à-vis de la plupart des autres pays de l’ASEAN. Au sein de la zone, la France enregistre un excédent commercial avec Singapour (+5,1 Mds EUR) et, dans des proportions plus limitées, avec le Brunei (+6,3 M EUR). Ces résultats ne permettent pas de compenser le déficit vis-à-vis des huit autres pays de la région, en particulier du Vietnam (-4,3 Mds EUR), de la Malaisie (-2,2 Mds EUR), de la Thaïlande (-1,8 Md EUR), de l’Indonésie (-1 Md EUR) du Cambodge (-754,8 M EUR), et des Philippines (-205,7 M EUR). Nos ventes au Vietnam, en Thaïlande et aux Philippines compensent cette année la baisse modérée de la part de la cité-État dans nos exportations vers l’ASEAN (de 61% à 57,5%), qui conserve tout de même son rôle de plateforme commerciale pour les réexportations vers les autres pays de l’ASEAN, vis-à-vis desquels la France accuse un fort déficit commercial.


[1] Les chiffres retenus sont ceux des douanes françaises (hors matériel militaire). À noter qu’ils peuvent différer de ceux publiés par l’ASEAN.

[2] Textile et maroquinerie, parfums et cosmétiques.