Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : La Banque africaine de développement annonce un investissement de 540 M USD pour le secteur agro-industriel ; Les fermes solaires peinent à trouver des financements dans le nord du Nigéria ; Le Nigéria se lance dans la production de bitume pour améliorer le réseau routier national ; Le budget militaire du Nigéria a augmenté de 56% entre 2020 et 2021.

 

- Ghana : Le FMI réduit son estimation de la croissance ghanéenne de 6,2% à 5,2% en 2022 ; Le Ghana inaugure la première usine de fabrication de vaccins sur le territoire.

 

Le chiffre à retenir:

+83,8% : C’est l’augmentation de la valeur des importations de champagne en un an, faisant du Nigéria le troisième plus gros consommateur en Afrique.

 

Nigéria

La Banque africaine de développement annonce un investissement de 540 M USD pour le secteur agro-industriel

Selon la Banque africaine de développement, l’équivalent de 10 Md USD de productions alimentaires en Afrique est menacé en raison de la guerre en Ukraine. Celle-ci a en effet provoqué une crise d’approvisionnement en engrais dont la Russie est l’un des principaux producteurs et exportateurs. En 2021, 84% des engrais importés au Nigéria provenaient de Russie.

La BAfD a donc annoncé l’introduction d’un plan alimentaire d’urgence, d’un montant de 1,5 Md USD, dont la première économie du continent pourrait bénéficier en priorité. Selon Akinwumi Adesina, président de l’institution, cette aide devrait permettre d’atteindre un volume de production de 9,5 millions de tonnes grâce au soutien apporté aux 5 millions d’agriculteurs que compte le Nigéria. Le secteur agro-industriel bénéficiera par ailleurs d’un plan d’investissement de 540 M USD, également financé pour partie par la BAfD. Il prévoit le développement de zones spéciales de transformation agro-industrielle dans 7 Etats fédérés, afin d’offrir de plus larges débouchés aux exploitants agricoles. Pour rappel, on estime que 44% de la population souffre d’insécurité alimentaire au Nigéria.

Les fermes solaires peinent à trouver des financements dans le nord du Nigéria

Alors que le Nigéria fait face à de nombreuses coupures d’électricité depuis le mois de mars, 14 projets photovoltaïques sont en attente de financement. Six ans après la signature des accords d’achat d’électricité par le gouvernement (PPA) pour une valeur totale de 2,5 Md USD, l’équivalent de 1 125 MW de puissance installée est toujours en attente du déblocage des fonds nécessaire à la construction des centrales. Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer ces retards, parmi lesquelles le manque de capacités techniques et financières des entreprises choisies, ou encore des désaccords sur le prix de vente de l’électricité.

Par ailleurs, le gouvernement fédéral a annoncé trois nouveaux contrats d’équipements électriques. D’un montant d’environ 52 M USD, ils prévoient l’achat de transformateurs ainsi que la construction de nouvelles lignes électriques. Ces équipements s’ajouteront à la livraison par l’entreprise allemande Siemens de près de 2 000 MW de capacités supplémentaires, prévue pour le mois de septembre.

Actuellement, seuls 55% de la population a accès à l’électricité au Nigéria, selon la Banque Mondiale, en raison du manque d’infrastructures et de leur vétusté.

Le Nigéria se lance dans la production de bitume pour améliorer le réseau routier national.

Le gouvernement fédéral a annoncé la mise en concession des réserves nationales de bitume en vue de leur exploitation. Les Etats de Lagos, Ogun et Edo détiennent 42,5 Md de tonnes de bitume, faisant du Nigéria la 6ème réserve mondiale. L’exploitation de ces ressources représente un enjeu de taille alors que le gouvernement fédéral ambitionne de rénover le réseau routier national. L’accélération de l’urbanisation – la part de la population vivant en ville atteint 52%, et la population urbaine connaît une croissance très rapide de 4% par an, nettement supérieure à la croissance démographique du pays (2,5% annuels) – augmente les besoins en infrastructures routières, et donc la demande de bitume. Faute d’en produire localement, le Nigéria importe chaque année l’équivalent de 300 Md NGN de bitume (643 M EUR).

D’après le Nigerian Infrastructure Integrated Master Plan (NIIM), le transport routier représente 90% du transport de personnes et de marchandises. Or, seulement 30% des 200 000 Km de réseau routier nigérian sont bitumés, ce qui complique la mobilité des biens et des populations. Afin d’améliorer la situation, le gouvernement fédéral a mis en place un plan de concession de 12 routes fédérales pour accélérer leur réhabilitation. La production locale de bitume permettra de réduire les coûts d’approvisionnement et la dépendance aux importations des entreprises en charge de la rénovation de ces axes majeurs.

Le budget militaire du Nigéria a augmenté de 56% entre 2020 et 2021

Le Nigéria a porté ses dépenses militaires en 2021 à 4,5 Md USD, soit une augmentation de 56% par rapport à 2020. Le pays représente désormais 11,3% des 39,7 Md USD dépensés sur l’ensemble du continent. C’est ce que souligne le SIPRI dans son dernier rapport annuel paru ce 22 avril. Ainsi, le Nigéria représente le premier pays d’Afrique subsaharienne en termes de dépenses militaires, mais demeure loin de l’Algérie, premier d’Afrique avec plus de 9 Md USD. Cette augmentation se distingue de l’évolution générale de dépenses militaires en Afrique subsaharienne (+4,1% pour 2020-2021) et dans le monde (+0,7%). Selon le président de la Commission des Finances de la chambre basse du Nigéria, les seuls salaires des forces armées représentent 80% du budget militaire annuel.

Les Etats-Unis restent l’un des principaux partenaires étrangers de l’armée nigériane, notamment après la signature en 2018 d’un contrat de 470 MUSD pour l’achat de 12 A-29 Super Tucano, ainsi qu’un autre contrat de près de 1 Md USD prévu pour 2022 – mettant fin à des années de réticences américaines pour ce type de contrat, qui craignaient qu’un usage abusif puisse en être fait. Le Nigéria est également un client du Pakistan pour la commande d’avions de chasse, et a récemment signé un accord de coopération militaire avec la Russie.

Il est à noter que malgré cette forte augmentation, le budget militaire du Nigéria représente toujours moins de 1% du PIB du pays, contre plus de 3% par exemple pour la Namibie.

Ghana

Le FMI réduit son estimation de la croissance ghanéenne de 6,2% à 5,2% en 2022

Le Fonds monétaire international (FMI) a réduit le taux de croissance du Ghana pour 2022 à 5,2%, alors qu’il avait estimé la croissance de l’économie ghanéenne à 6,2%. Ce chiffre reste néanmoins bien supérieur à la moyenne de 3,8% de l’Afrique subsaharienne et supérieur au taux de croissance ghanéen en 2021 (4,7%). Dans son dernier rapport sur les Perspectives de l'économie mondiale, le Fonds a indiqué que l'économie ghanéenne devrait connaître une croissance de 5,1% en 2023, soit 0,1 point de moins que les prévisions pour 2022, et ne reviendrait pas aux niveaux pré-pandémiques avant 2027, avec une croissance estimée à 7,5%. L’économie ghanéenne devrait bénéficier des prix élevés des commodités de base – comme le pétrole brut, puisque la demande mondiale de pétrole devrait augmenter en 2022 selon l’Agence internationale de l’énergie – et d’une augmentation de la production d’or.

Le Ghana inaugure la première usine de fabrication de vaccins sur le territoire

La société pharmaceutique indienne Atlantic Lifesciences Limited a inauguré dans le district de Ningo-Prampram – dans la région du Grand Accra – une usine de production à grande échelle de fluides intraveineux, d'antisérums et de vaccins pour le marché ouest-africain. Le Président de la République du Ghana était présent pour l’inauguration afin de féliciter l’entreprise de ce secteur stratégique : elle est la 107e entreprise à s’installer sur le territoire dans le cadre de l’initiative gouvernementale ghanéenne « Un district, une usine », qui encourage la mise en place d’une entreprise dans chaque district du pays.

L'usine spécialisée de 35 millions de dollars, dotée d'une installation pharmaceutique stérile pour la production de perfusions, de gouttes ophtalmiques, de vaccins, de sérums, d'injections et de médicaments d'anesthésie générale, a été financée par la Ghana Export Import (EXIM) Bank et la Standard Chartered Bank ainsi que par les ressources propres de l'entreprise. Atlantic Lifesciences Ltd ambitionne de fournir des médicaments de qualité mondiale localement et à des prix abordables pour répondre aux besoins médicaux du Ghana et plus généralement de l’Afrique de l’Ouest.