Veille mensuelle mars 2022 - secteur numérique
Le service économique de Budapest propose une veille mensuelle sur le secteur numérique.
Crise ukraine
Lutte contre la désinformation russe
Zsolt Németh, le président de la Commission des affaires étrangères du Parlement s'est joint la campagne de lutte contre la désinformation russe lancée par ses homologues des États baltes et soutenue par 15 responsables de commissions parlementaires des affaires étrangères de l'Union européenne.
Cependant, il n'a pas commenté la plainte de l'opposition qui accuse les médias d’Etat de diffuser de la propagande russe. Pour rappel, le LMP (La Politique peut être différente, parti écologique de l’opposition) a déposé le 26 février une plainte contre les médias publics (MTVA) auprès du Conseil des médias, car, selon le député du LMP, M. Péter Ungár, leur couverture médiatique de l’agression russe était inacceptable.
En outre, d’après la déclaration conjointe de l'Union des libertés civiles (TASZ) et l'institut politique Political Capital adressée à la Commission européenne, les médias publics hongrois continuent de diffuser sans entrave de la propagande russe, malgré l'interdiction de ce type de contenu par l'UE.
De faux ordres de mobilisation distribués en Hongrie
Des auteurs non identifiés distribuent de faux ordres de mobilisation par courrier et par voie électronique au nom du commandement des forces armées hongroises, a déclaré le ministère de la défense. Le ministère a ajouté qu'il prendrait les mesures juridiques nécessaires.
Rapport d'enquête sur le contrôle politique direct dans les médias publics
Le journal d’investigation Direkt36 a publié le 2 mars des correspondances internes de l’agence de presse hongroise (MTI) et d’autres documents qui prouvent que le gouvernement intervient journellement dans le fonctionnement de la MTI et déforme les informations selon son propre intérêt politique. D’après Direkt36, les agents de la presse des ministères ont plusieurs fois dicté mot à mot par téléphone ce qu’il fallait écrire.
La Hongrie suspend l’émission de Russia Today et Sputnik
Les émissions de Russia Today et de Sputnik sont désormais suspendues en Hongrie, conformément à la décision de l'Union européenne d’arrêter la réception des chaînes russes, a déclaré l'Autorité nationale des médias et des communications (NMHH).
Pour rappel, le Conseil européen a approuvé un règlement qui suspend l’émission de ces chaînes de manière uniforme dans tous les États membres de l'UE, en invoquant la campagne de désinformation menée par la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Les deux chaînes étaient proposées par un seul fournisseur de télévision en Hongrie, qui a été prévenue de cette mesure. RT et Sputnik sont rendus indisponible sur toutes les plateformes, y compris leurs contenus en ligne. Les médias en ligne font l'objet d'un contrôle constant de conformité par NMHH.
La Bibliothèque nationale (OSZK) a commencé à archiver la présence web et numérique de la région des Carpates en hongrois
OSZK a également souligné que la guerre russo-ukrainienne menace non seulement la vie quotidienne des citoyens, mais aussi la culture numérique.
La perception de la guerre ukrainienne chez les Hongrois dépend des sympathies de parti
Un sondage mené par l’Institut Publicus (proche de l’opposition) indique que deux tiers des Hongrois estiment que la cause de la guerre en Ukraine est l’agression russe. Ceci n’est toutefois le cas que pour 44 % des électeurs des partis au pouvoir Fidesz et KDNP. Par contre, plus de 90 % du camp de l’opposition condamnent l'attaque russe. Selon Publicus, « la propagande pro-Poutine, sans critique du gouvernement Orbán de ces douze dernières années, a gravement déformé le jugement de certains Hongrois. C'est la seule explication au fait que seulement 64 % de la population hongroise considèrent l'attaque russe contre l'Ukraine comme une agression, et qu'un cinquième des personnes interrogées ne veut pas se prononcer ou ne sait pas si le déclenchement des combats par la Russie était ou pas une intervention défensive. Cette attitude a été renforcée par le fait que le gouvernement Orbán a tardé à reconnaître l'attaque russe comme une agression. Lorsqu'il l'a fait sur la scène internationale, les médias publics hongrois ont continué à donner la parole à ceux qui banalisent les combats, voire évoquent la responsabilité de l'Ukraine. »
Secteur public
Rapport européen sur la lutte contre l'ingérence étrangère et la désinformation
Le Parlement européen a adopté un rapport appelant l'UE à faire davantage pour lutter contre l'ingérence étrangère et la désinformation, tout en soulevant des préoccupations liées à la Hongrie. Selon le rapport, "Une méconnaissance générale de la gravité de l'ingérence étrangère et de la manipulation de l'information est exacerbée par des lacunes dans la législation et une coordination insuffisante entre les pays de l'UE." En ce qui concerne la Hongrie, le rapport indique que le parti au pouvoir Fidesz et le parti d'opposition Jobbik ont entretenu des liens étroits avec le Kremlin. Il a également condamné des organisations étatiques pour avoir utilisé illégalement le logiciel d'espionnage Pegasus du groupe NSO afin d'écouter des journalistes, des militants des droits de l'homme et des hommes politiques. Le rapport accuse la Hongrie et la Serbie d'aider la Chine et la Russie à atteindre leurs objectifs géopolitiques, qualifiant cette situation d'"alarmante". Il condamne en outre la décision du gouvernement hongrois d'autoriser l'établissement d'un campus de l'université chinoise Fudan et de fermer l'université d'Europe centrale (CEU) de Budapest. Le rapport accuse également la Serbie et la Hongrie de "jouer un rôle dans une vaste diffusion de désinformation sur les pays voisins". L'eurodéputé du Fidesz, Balázs Hidvéghi a répondu au rapport en accusant ses auteurs d'attaquer la Hongrie avec des "mensonges". Il a qualifié d'"absurde" le fait que le rapport traite de l'intervention étrangère dans les processus démocratiques européens tout en "omettant de mentionner l'intervention significative" dans ces processus par "le réseau Soros".
Création d'une commission d'enquête européenne visant le logiciel Pegasus
Le Parlement européen a voté la création d'une commission d'enquête spéciale sur l'utilisation présumée dans l'UE, notamment en Hongrie et en Pologne, du logiciel espion israélien Pegasus ou d'autres logiciels de surveillance. La commission se penchera sur les violations supposées de la législation européenne concernant l'utilisation du logiciel de surveillance. Elle doit aussi analyser les législations nationales en matière de surveillance et vérifier "si le logiciel espion Pegasus a été utilisé à des fins politiques à l'encontre notamment de journalistes, de personnalités politiques ou d'avocats".
Les services de renseignement russes ont compromis l’ensemble du système informatique du ministère des Affaires étrangères hongrois
D’après le journal d’investigation Direkt36, les services de renseignement russes ont non seulement continuellement compromis l'ensemble du système informatique du ministère hongrois des Affaires étrangères et du Commerce extérieur jusqu'aux plus hauts niveaux depuis 2013, mais ils l'ont également utilisé pour lancer des cyberattaques contre des États membres de l'OTAN. Selon d'anciens officiers de renseignement, les traces numériques des cyberattaques suggèrent que les hackers travaillent pour le Service fédéral de sécurité (FSB) et pour le service de renseignement militaire russe (GRU). Les attaques intérieures russes étaient le plus souvent liées à des piratages contre d'autres pays de l'OTAN, et les membres de l'alliance occidentale coopéraient régulièrement afin de les identifier. L'attaque informatique a infecté le ministère hongrois des Affaires étrangères par le biais d'attaques de phishing et d'e-mails qui contenaient des virus, avant de se propager à l'ensemble du réseau interne. Les ordinateurs du ministère et plus de 150 sites répartis parmi plus de 90 missions étrangères, ont été touchés. La contamination russe est restée active avant et en partie après l'invasion de l'Ukraine.
Le ministre des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, n'a pas commenté les propos de Direkt 36. Le parti au pouvoir Fidesz a cependant annulé la prochaine réunion de la commission parlementaire de la sécurité nationale, au cours de laquelle le piratage des systèmes informatiques du ministère des affaires étrangères par les services secrets russes aurait dû être évoqué.
L'UE lance un appel d'offres pour des travaux de numérisation à hauteur de 300 M EUR
Le programme "Europe numérique" de l’UE a lancé un appel d'offres directement auprès des entreprises et des acteurs publics des États membres, afin de bénéficier d'un financement d'un montant total de 300 M EUR destiné à soutenir les capacités numériques stratégiques. Le programme, dont le coordinateur en Hongrie est le ministère de l'innovation et de la technologie, vise à promouvoir les superordinateurs, l'intelligence artificielle, la cyber sécurité, les compétences numériques avancées et à garantir une vaste utilisation des technologies numériques dans l'économie et la société.
OLAF enquête sur les cours d'informatique hors de prix
L'Office européen de lutte antifraude (OLAF) a ouvert une enquête sur les allégations de cours d'informatique hors de prix signalées par le député indépendant M. Hadházy en novembre 2021. Selon lui, les mêmes cours coûtaient 1 000 Ft (2,7 EUR) par heure si l'étudiant les payait, mais 4 000 Ft (10,8 HUF) par heure si l'État le faisait. La différence n'est pas justifiée, affirme M. Hadházy, même si de nouveaux supports pédagogiques ont dû être préparés, car le gouvernement avait débloqué 4 Mds HUF (10,8 M EUR) de fonds européens supplémentaires spécifiquement à cette fin. Selon les calculs effectués par M. Hadházy, un trop versé de 2,25 Mds HUF (6,1 M EUR) a été financé par le budget.
Des projets informatiques d'une valeur de 688 M HUF (1,9 M EUR) viennent d’être lancés
« La Hongrie développe des technologies d'intelligence artificielle de pointe ainsi qu'une économie de données grâce à l'utilisation de superordinateurs performants », selon le ministre de l'Innovation et de la technologie László Palkovics lors de la cérémonie d’inauguration à Szombathely (ouest du pays).
Secteur privé
4iG conclut une transaction en Albanie
Après avoir reçu l'approbation des autorités réglementaires, le groupe informatique 4iG, coté à la Bourse de Budapest, a finalisé l'acquisition d'une participation de 80,3 % dans ALBtelecom. 4iG a acheté les actions de la société albanaise à la société turque Calik Holding, pour un montant non divulgué. Dans une transaction séparée, Calik injectera 8 Mds HUF (20 M EUR) dans 4iG, acquérant ainsi une participation de moins de 5%. ALBtelecom est le premier fournisseur de services de téléphonie fixe, d'Internet et de télévision de l’Albanie, le propriétaire du plus grand réseau optique et le troisième opérateur mobile, avec 405 000 abonnés. Son infrastructure comprend notamment le plus grand réseau optique dorsal du pays, d'une longueur de 4 500 km.
Pour rappel, 4iG, dont le PDG (également actionnaire majoritaire), Jászai Gellért a des liens étroits avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, a entamé une expansion importante sur le marché de télécommunication en Hongrie et dans les pays voisins.
Plusieurs entreprises publiques et des leaders du marché de télécommunication ont accepté de fausses factures
L'une des plus vastes enquêtes menées par l'administration fiscale (NAV) sur le blanchiment d'argent a révélé que plusieurs entreprises publiques, le groupe 4iG et des leaders du marché de télécommunication tels que T-Systems, ont accepté de fausses factures d'une valeur qui pourrait atteindre plusieurs centaines de millions d'euros. Le 4iG est doublement concerné car, d'après des conversations téléphoniques enregistrées, ses cadres ont tenté d’influencer NAV pour mettre fin à l'enquête en cours contre les fraudeurs.
Le principal suspect de l’affaire a également déclaré qu'il avait versé de l'argent de la corruption à des politiciens socialistes entre 2017 et 2019, ce que ces derniers nient.
D’après une récente enquête, le marché hongrois s’oriente vers le travail flexible
Selon une étude de Randstad, menée en Hongrie auprès 400 professionnels en ressources humaines, 69% d’entre eux ont déclaré que leur entreprise avait adopté une méthode de travail hybride afin de protéger le personnel. 60 % des entreprises qui ont opté pour le modèle hybride ont demandé à leurs employés de passer 2 à 3 jours par semaine au bureau et 15 % leur ont offert la possibilité de choisir leurs propres horaires de travail. Parmi les défis auxquels les entreprises sont confrontées depuis qu'elles sont passées au travail hybride ou au télétravail, la difficulté de former de nouveaux collègues ; celle pour les managers de gérer le télétravail et d'assurer la collaboration entre les travailleurs à domicile et au bureau ; et le maintien de l'engagement envers l'entreprise ont été les plus cités. Les professionnels interrogés ont également souligné que les attentes salariales irréalistes constituaient le principal obstacle au recrutement, et qu'il existait un écart important entre les augmentations de salaire prévues par les employeurs et celles attendues par les travailleurs.
La part des magasins en ligne dans le CA de prêt-à-porter augmente en Hongrie
La part des magasins en ligne dans le chiffre d’affaires (CA) de prêt-à-porter a approché 20 % en 2021, indique le site glami.hu, la plus grande plateforme de recherche de mode en ligne. L’étude conduite s'inscrit dans le cadre du projet GLAMI Fashion (Re)search, dont le but principal est de comprendre la dynamique du e-commerce du marché hongrois en s’appuyant notamment sur les réponses de détaillants de mode, les données internes, ainsi que des rapports de tiers. D’après Glami, la valeur moyenne des commandes a légèrement augmenté, de 2,5 % en 2021. La croissance du nombre d'acheteurs en ligne s'est ralentie après le boom induit par la COVID-19. Par conséquent, l’augmentation du CA des magasins en ligne résulte principalement de la fréquence d'achat, plutôt qu'à de nouveaux clients, à des prix plus élevés ou à un panier de commande moyen plus important. Glami.hu s'attend à de nouveaux défis sur le marché en 2022, principalement en raison des retards d'expédition et de production, la hausse des coûts et les incertitudes géopolitiques.
Elections 2022
Des affrontements entre la Cour suprême et la Cour constitutionnelle avant des élections
Dans un premier temps, la Cour suprême (Kúria) a constaté que le gouvernement avait violé la loi électorale en faisant campagne contre l'opposition dans un bulletin d'information d'intérêt public, envoyée aux adresses électroniques collectées pour la vaccination contre la Covid-19. Dans le bulletin en question, le bureau du cabinet du Premier ministre a déclaré que l'opposition enverrait des troupes et des armes en Ukraine. Le gouvernement a néanmoins fait appel devant la Cour constitutionnelle, qui a jugé inconstitutionnelle l’arrêt de la Kúria.
Dans un second temps, la Kúria n’a pas validé, pour la deuxième fois, la question référendaire du gouvernement Orbán sur l'accès des mineurs aux traitements du changement de sexe, arguant que la question manquait de clarté et que plusieurs de ses interprétations possibles étaient inconstitutionnelles. Le premier jugement de la Kúria avait été annulé par la Cour constitutionnelle.
« Il n'y a pas de bataille entre la Kúria et la Cour constitutionnelle », a déclaré le département des communications de la Cour suprême dans un communiqué, en réponse à ces différends.
Ordinateurs portables, financés par des fonds européens, peuvent être offerts lors de la campagne
Selon l’arrêt de la Cour suprême, les députés en exercice peuvent distribuer des ordinateurs portables dans les écoles lors d'une campagne électorale. Les ordinateurs portables, livrés par les candidats du Fidesz, ont été achetés par le gouvernement avec des fonds européens.
Le candidat choisi de l’opposition a remporté un procès contre la chaîne publique
La chaîne de télévision publique d’information continue, M1 a perdu un procès contre le candidat choisi de l’opposition au poste de Premier ministre, Péter Márki-Zay. Le JT de M1 n'a pas pu prouver devant le Tribunal de Budapest que M. Márki-Zay avait effectivement affirmé qu’il fermerait en masse les services de maternité et d'urgences. Selon la décision en première instance, le chaîne publique devra faire amende honorable.
Un rapport intérimaire de l’OSCE sur les élections législatives vient d’être publié
Le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a publié un rapport intérimaire qui attire l'attention sur plusieurs abus importants relatifs aux élections législatives hongroises du 3 avril. Selon les observateurs, les médias publics sont systématiquement biaisés sur le plan politique, et les politiciens de l'opposition sont largement absents de leurs programmes. Il n'y a ni de restrictions légales à la campagne des agents publics, ni l'interdiction juridique de l'utilisation des fonds publics pour la campagne.
Le Centre pour les droits fondamentaux (proche du gouvernement) a qualifié le rapport, dans un post Facebook, de « politiquement biaisé » et de « fake news ».
Surveillance des élections législatives
Des centaines de bénévoles du programme « Vote intègre » ont surveillés les élections législatives afin d’empêcher l'influence illégale des électeurs, l'achat de votes, le vote en chaîne et les déplacements organisés des électeurs. L’initiative est née de la collaboration de la TASZ (Société pour les libertés civiles), Political Capital, aHang et Civil Kollégium Alapítvány (Fondation Collegium Civil).
Facebook a supprimé la page du parti d'extrême-droite Mi Hazánk
Le parti a reçu l'explication qu'il avait violé les principes de la communauté, mais Facebook n'avait pas mentionné de contenu ou de post spécifique.
Enquête sur l’omission de signaler la publicité politique du parti MeMo
L'Autorité nationale des médias et de la communication (NMHH) prend des mesures contre la chaine TV2 pour avoir diffusé la publicité pour le parti du deuxième homme le plus riche de Hongrie, György Gattyán, Megoldás Mozgalom (MeMo, Mouvement de Solution), sans signaler sa nature politique. Il semble en outre que la publicité en question comporte des éléments de publicité subliminale (interdite dans la plupart des pays européens) aptes à manipuler les spectateurs.