Actualités économiques du Nigéria et du Ghana - semaine 12 du 21 au 27 mars 2022
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillants:
- Nigéria : Le Nigéria retiré de la liste des pays à haut risque de piraterie ; Le FMI s’annonce prêt à aider les économies émergentes, dont le Nigéria ; Le Président Buhari inaugure un nouveau terminal international à l’aéroport de Lagos ; Le Président Buhari inaugure la deuxième plus grande usine d’urée au monde à Lagos.
- Ghana : Des mesures volontaristes de la banque centrale du Ghana pour lutter contre l’inflation ; Le Gouvernement du Ghana en séminaire fermé à Peduase pour identifier les pistes de relance de l’économie.
Le chiffre à retenir:
2,62 Milliards de mètres cubes : C’est la quantité de gaz naturel liquéfié exportée par le Nigéria en décembre 2021, un record sur les 15 derniers mois.
Nigéria
Le Nigéria retiré de la liste des pays à haut risque de piraterie
Le Bureau maritime international (IMB) a retiré le Nigéria de la liste des pays à haut risque de piraterie maritime. Le nombre d’incidents et de tentatives d’actes de piraterie a fortement diminué en 2021 : on en relève seulement 6 cette année, contre 35 en 2020. Alors que les attaques dans les eaux nigérianes représentaient 18% des actes dans le monde en 2020, leur part est tombée à 5%.
La recrudescence des attaques en 2018, +45% en un an (soit 48 incidents), avait conduit à la classification des eaux nigérianes comme zone à haut risque, notamment par la Lloyd’s Market Association, regroupement de grandes compagnies d’assurance mondiales. Cette inscription a entrainé une augmentation des primes sur les cargaisons, afin de couvrir les risques encourus, provoquant une hausse significative des prix des produits importés.
Face à la dégradation de la situation, les pouvoirs publics ont procédé à un déploiement militaire important en juin 2021. Dans le cadre de l’opération « Deep Blue », le gouvernement a notamment acquis une vingtaine de navires et deux drones. Un investissement de 195 M EUR, qui a permis de diviser le nombre d’attaques par six en 2021.
Pour rappel, selon le vice-président Yemi Osinbajo, les actes de piraterie coutent jusqu’à 26 Md USD par an au Nigéria.
Le FMI s’annonce prêt à aider les économies émergentes, dont le Nigéria
Dans un contexte économique mondial marqué par un retour de l’inflation, le FMI a rappelé son rôle de soutien financier aux pays émergents. Ainsi, des facilités de crédit pourraient être accordées à ces pays, dont le Nigéria, afin de préserver leur stabilité financière. La hausse des taux d’intérêt, notamment aux Etats-Unis, et les craintes suscitées par le conflit russo-ukrainien pourraient inciter les investisseurs à se détourner de la dette des pays émergents, provoquant une augmentation de son coût.
Cette annonce intervient seulement quelques jours après une nouvelle émission d’Eurobonds par l’Etat fédéral. Le Nigéria est ainsi devenu le premier pays africain à faire appel aux marchés internationaux en 2022. Les pouvoirs publics ont annoncé avoir levé 1,25 Md USD sur sept ans, à un taux d’intérêt de 8,375% – soit des conditions plus favorables qu’anticipées. Le taux de souscription a frôlé les 200%, soulignant la forte demande existante pour ce produit financier. Malgré l’augmentation de sa dette publique, le Bureau de gestion de la dette (DMO) ayant par ailleurs annoncé l’émission de 2,3 Md USD de titres de dette domestiques au premier trimestre 2022, le Nigéria reste attractif aux yeux des investisseurs nationaux et étrangers.
Le Président Buhari inaugure un nouveau terminal international à l’aéroport de Lagos.
Un terminal international supplémentaire de l’aéroport Murtala Muhammad de Lagos a été inauguré ce mardi 22 mars par le Président Buhari. Les nouvelles installations permettront d’améliorer la prise en charge des voyageurs (deux aires de restauration, quatre lounges, 22 chambres d’hôtes et un spa) et d’augmenter de la capacité d’accueil de l’aéroport. Celle-ci passera de 7 M de passagers à 14 M (cinq carrousels de bagages, six passerelles d’embarquements, 28 bureaux d’immigration). La mise en service du terminal devrait créer 3 000 emplois directs et indirects.
Les travaux ont été conduits par la China Civil Engineering and Construction Company et financés par un prêt de 500 M USD accordé par le gouvernement chinois au gouvernement fédéral nigérian via la Exim Bank of China. L’accord de prêt porte également sur la construction de nouveaux terminaux à Abuja et Port-Harcourt, tous deux déjà opérationnels, ainsi qu’à Kano et Enugu.
Pour rappel, 14,1 M de passagers ont transité par les aéroports nigérians en 2021 dont 8,4 M à Lagos, soit 60% des voyageurs internationaux. Ainsi, l’aéroport Murtala Muhammad est exploité au-delà de sa pleine capacité, ce qui rend son entretien d’autant plus difficile. Afin d’améliorer la qualité des services aux voyageurs sans alourdir les dépenses publiques, le gouvernement fédéral a décidé de concéder la gestion des terminaux au secteur privé. Le consortium sélectionné sera rendu public au deuxième trimestre 2022, d’après l’annonce du Président Buhari.
Le Président Buhari inaugure la deuxième plus grande usine d’urée au monde à Lagos
Ce mardi 22 mars, le groupe Dangote a mis en service son usine d’engrais à base d’urée et d’ammoniac sous forme de granulés, dénommée « Dangote Fertilizer ». L’inauguration a eu lieu en présence du Président Buhari. S’étendant sur 500 hectares à Lekki au Sud-Est de Lagos, et d’une capacité annuelle de 3 Mt d’engrais, l’usine est la plus grande d’Afrique et la deuxième au monde. Elle a été construite par l’italien Saipem et l’indien Tata, pour un investissement de 2,5 Md USD, et son alimentation énergétique sera assuré par l’américain Chevron et de la Nigeria Gas Company, pour 70 M de pieds cubes par jour (près de 2 M de mètres cubes).
Cet investissement revêt une dimension stratégique pour le Nigéria : 84 % des besoins en engrais du pays sont couverts par la Russie, alors que le secteur agricole représente le quart du PIB du pays. Or, l’usine pourrait permettre au Nigéria de passer du statut d’importateur à celui d’exportateur, surtout dans un contexte de limitation des exportations russes, permettant au passage l’entrée de devises étrangères. L’usine doit avant tout contribuer à améliorer la productivité du secteur agricole nigérian, afin de juguler l’inflation qui touche avant tout les produits alimentaires.
Pour rappel, le Nigéria consomme quatre fois moins d’engrais par hectare cultivé (17 Kg) que l’Afrique du Sud (70 Kg), et 23 fois moins que la Chine (400 Kg).
Ghana
Des mesures volontaristes de la banque centrale du Ghana pour lutter contre l’inflation
La Bank of Ghana a porté le taux de base bancaire de 14,5 à 17%. Le taux de refinancement des banques commerciales auprès de la banque centrale avait été abaissé à 13,5% après la pandémie pour relancer la croissance en abaissant le coût du crédit pour les entreprises et les particuliers. Il s’agit désormais de lutter contre l’inflation et de soutenir le cédi qui dévisse vis-à-vis du dollar (-14,6% la semaine dernière).
En même temps, la BoG a amendé deux autres mesures de stimulation de l’économie, potentiellement inflationnistes (abaissement du taux de réserve bancaire imposé aux banques en garantie des prêts qu’elles consentent et du taux de capital minimum exclu des prêts qui leur est imposé, qui ont donc été remontés à leurs niveaux antérieurs).
Le Gouvernement du Ghana en séminaire fermé à Peduase pour identifier les pistes de relance de l’économie
Conscient des difficultés économiques et financières du pays, le Président a souligné en fin de réunion la difficulté des nécessaires décisions à prendre pour le pays. A la suite des mesures annoncées par la Banque centrale, le gouvernement a décidé de baisser les rémunérations des fonctions nominatives (collectivités locales, agences, autorités et autres structures d’Etat hors administration) de 30%.
Rappelant l’impact de la pandémie et désormais de la guerre Russie-Ukraine sur les finances publiques, le Ministre des Finances a annoncé certaines mesures complémentaires, parmi lesquelles des coupes budgétaires. L’objectif est de contenir le déficit budgétaire pour 2022 à 7,4% du PIB. Des mesures de réduction du prix de l’essence et du diesel, et d’augmentation des impôts ont également été dévoilées lors de cette conférence de presse.