Le commerce bilatéral France-Canada en 2021
Après un recul substantiel en 2020 (6,2 Md €), les échanges de biens entre le Canada et la France ont progressé d’environ 16% en 2021, pour s’établir à 7,2 Md €, soit un niveau supérieur à celui observé en 2019 (6,8 Md €). Cette reprise des échanges apparaît toutefois en partie déséquilibrée, avec une progression des importations françaises (+23,5%) supérieure à celle des exportations (+9,3%), engendrant un creusement significatif du déficit de la balance bilatérale, estimé à 454 M €.
I/ Les exportations françaises vers le Canada ont rebondi, tout en restant inférieures à 2019
Selon les données des douanes françaises, les exportations françaises vers le Canada ont rebondi de 9,3% (15,2% pour les exportations totales) entre 2020 et 2021 (3,4 Md €), après une année 2020 marquée par une forte baisse (-16,9%). Les exportations françaises enregistrées au cours de l’année 2021 restent toutefois inférieures au record observé en 2019, à 3,7 Md € (Annexe 1). Premier poste d’exportations françaises vers le Canada en 2020, les produits de l’industrie agroalimentaire (868 M €, 25,5% des exportations, +12,5% vs. 2020) demeurent les produits les plus exportés au Canada en 2021, notamment grâce aux exportations de vins (468 M €, 13,7% des exportations, +19,2%), et connaissent une progression en ligne avec celle observée dans le reste du monde. Les secteurs traditionnels d’exportations françaises vers le Canada restent clairement identifiés (Annexe 2) et ont également profité du rebond du commerce bilatéral : la chimie, les parfums et cosmétiques (403 M €, 12% des exportations, +16,8%), les machines industrielles et agricoles (338 M €, 9,9% des exportations, +16,8%) ou encore le secteur de la métallurgie, qui a connu une hausse substantielle de ses exportations vers le Canada au cours de l’année 2021 (201 M €, 5,9% des exportations, +39,2%).
À l’inverse, plusieurs secteurs historiquement dynamiques à l’export ont vu leurs exportations se réduire au cours de l’année 2021. Porté l’année précédente par un contexte favorable (+25% d’exportations entre 2019 et 2020), le secteur pharmaceutique français a connu un léger recul en 2021 (324 M €, -1,5%). Une baisse significative des exportations de matériels de transport a également été observée en 2021 (267 M €, -15,2%). Il s’agit de la 2ème année de baisse consécutive, après la chute très brutale observée en 2020 (317 M €, -57%), du fait principalement de la fin d’un contrat de Renault Trucks et de la baisse substantielle des ventes d’aéronefs. Les ventes d’aéronefs et d’engins aérospatiaux ont de nouveau reculé en 2021, atteignant 185 M € en 2021 (-19,8%), tandis les exportations de véhicules automobiles ont progressé (+60,6%) mais restent limitées en valeur absolue (17,5 M € en 2021). Enfin le secteur du textile a également connu une baisse relative au cours de l’année (180 M €, -2,3%).
Malgré la hausse de ces exportations, La France a perdu une place au classement des pays fournisseurs du Canada (11ème contre 10ème en 2020), derrière le Brésil et Taïwan. Au total, les exportations vers le Canada représentent 0,71% des exportations françaises. À l’échelle régionale, l’Île-de-France demeure la première région exportatrice vers le Canada (748 M €, +2%), devant Auvergne-Rhône-Alpes (483 M €, +9,2%) et la région Grand Est, en forte progression (458 M €, +34%).
II/ Les importations en provenance du Canada ont fortement augmenté en 2021 dans le sillage du rebond de la demande en hydrocarbures
Les importations françaises en provenance du Canada ont atteint 3,9 Md € en 2021, en nette hausse par rapport à 2020 (+23,5%). Cette progression est légèrement supérieure à celle enregistrée par les importations totales de la France (+19%).
Si la plupart des secteurs ont connu une nette progression au cours de l’année, on observe des évolutions contrastées. Comme en 2020, les principaux secteurs d’importations françaises en provenance du Canada sont les hydrocarbures et l’industrie extractive (989 M €, +70%), portés par la reprise de l’activité et la hausse des prix, et les matériels de transport (909 M €, +38%), soutenus principalement par les ventes d’aéronefs (795 M€, +32,7%) avec notamment la première livraison d’Airbus A220 produits au Canada auprès d’Air France, même si le doublement des importations de véhicules automobiles est également à souligner (95 M €, +126,7%). Ces deux secteurs représentent près de la moitié du total des importations françaises en provenance du Canada (Annexe 3). Les importations dans les industries chimiques (222 M €, +52%) et pharmaceutiques (289 M €, +49%) ont également connu des progressions remarquables au cours de l’année 2021. À l’inverse, les importations de produits agricoles canadiens (céréales et oléagineux), qui représentent plus de 10% des importations totales, ont connu un recul substantiel en 2021 (406 M €, -24,3%). L’industrie métallurgique a également vu ses importations baisser de près de 38%, atteignant 124 M € en 2021.
Au niveau des importations, la France gagne deux places au classement des pays clients du Canada (8ème en 2021 contre 10ème en 2020). La France se place ainsi derrière les Pays-Bas et la Corée du Sud. À l’échelle régionale, les principaux importateurs de produits canadiens sont l’Île-de-France (1 Md €, +68,6%), les Hauts-de-France (786 M €, +52%) et l’Occitanie (382 M €, -18,5%).
III/ La dynamique des importations, engendrée en bonne part par la "facture énergétique", dégrade la balance commerciale bilatérale, qui était pourtant proche de l'équilibre en 2020
La hausse globale du volume d’échanges (7,2 Md €, contre 6,2 Md € en 2020) s’est accompagnée d’un creusement du déficit commercial de la France vis-à-vis du Canada. Conséquemment à la hausse rapide des importations, celui-ci s’est établi à 454 M € en 2021, contre seulement 9 M € l’année précédente. La France avait dégagé un excédent de près de 650 M € en 2019.
Au niveau sectoriel, la France présente un excédent de sa balance commerciale dans les grands secteurs exportateurs mais est pénalisée par le rebond de la demande en hydrocarbures. Avec un excédent de 701 M € (+11,2%), l’industrie agroalimentaire demeure en effet le secteur le plus compétitif à l’export, tandis que les excédents enregistrés par les industries chimiques (181 M €) et le secteur des machines industrielles et agricoles (178 M €) sont moins importants et ont d’ailleurs connu de légères baisses entre 2020 et 2021. À l’inverse, un déficit important a été enregistré dans le secteur des hydrocarbures (984 M €), dans les matériels de transport (641 M €) et dans le secteur agricole (395 M €). À l’image de la tendance du commerce bilatéral franco-canadien en 2021, certains de ces déficits se sont largement creusés au cours de l’année (+70% pour les hydrocarbures, +87,7% pour les matériels de transport). Le creusement du déficit sur les hydrocarbures et l’industrie extractive équivaut à près de 90% de la hausse du déficit global, soulignant l’impact déterminant des échanges de matières premières sur le résultat de la balance commerciale franco-canadienne. Hors hydrocarbures et industrie extractive, la balance commerciale franco-canadienne serait en effet en excédent d’environ 530 M €. Il n’est en revanche pas possible de déterminer ce qui, dans cette « facture énergétique », relève de la hausse des prix observés sur les marchés ou de l’augmentation des volumes. Les données compilées par Statistique Canada ne fournissent en effet qu’une vision parcellaire ; on observe ainsi une augmentation de 11% de la valeur (en CAD) des exportations canadiennes de minerais de fer vers la France, mais une baisse de près de 77% du volume (en tonnes métriques) exporté, soulignant ainsi l’importance de l’effet prix.
Les régions françaises présentent également des résultats contrastés en termes de soldes commerciaux. En effet, certaines régions dynamiques à l’export ont enregistré des excédents vis-à-vis du Canada ; c’est notamment le cas d’Auvergne-Rhône-Alpes (326 M €, +92%) et du Grand Est (361 M €, +38,8%), tandis que, dans le même temps, les Hauts-de-France ont vu leur déficit vis-à-vis du Canada augmenter substantiellement (526 M €, +58%). Enfin, il convient de souligner que l’Île-de-France, excédentaire au cours des dernières années, a enregistré en 2021 un important déficit commercial vis-à-vis du Canada (290 M €).