Suivant la tendance du commerce mondial, le commerce extérieur canadien a vigoureusement rebondi au cours de l’année 2021 (+16,7%). Le Canada a notamment profité du dynamisme du secteur énergétique pour enregistrer son premier excédent commercial depuis 2014 (18,3 Md CAD / 12,6 Md €). Le pays reste toutefois très dépendant du voisin américain, tant comme fournisseur que comme débouché, puisque ce dernier représente la moitié des importations et les trois-quarts des exportations du Canada.

I/ Après une année 2020 affectée par la crise sanitaire, le commerce de marchandises canadien connaît un rebond important et affiche son premier excédent depuis 2014

Selon les données des douanes canadiennes, l’excédent canadien pour le commerce de marchandises s’est établi à 18,3 Md CAD (12,6 Md €) pour l’année 2021, en écart important au déficit constaté en 2020 (19,5 Md CAD/13,4 Md €). Cet excédent de la balance des biens, le premier depuis 2014, s’inscrit dans un contexte général de reprise des échanges au cours de l’année (+16,7% au total), illustrée par une augmentation très rapide des exportations (+ 22%, soit 630,9 Md CAD/434,7 Md €), qui dépassent le niveau 2019 (592,1 Md CAD/409,8 Md €), ainsi que par une hausse moindre des importations (+12,2%, soit 612,6 Md CAD/422 Md €). Selon les estimations de l’OMC, au niveau mondial, le volume global de marchandises échangées devrait progresser d’environ 10% en 2021, situant ainsi le Canada dans la moyenne haute et ce malgré l’apparition de tensions sur les chaînes d’approvisionnement industrielles : pénurie de main-d’œuvre, raréfaction de composants ou de certaines matières premières, hausse des prix des produits énergétiques, etc.

Deux ans après le début de la crise sanitaire, les échanges de services progressent de nouveau, moins rapidement toutefois que les marchandises. Les exportations de services ont certes connu un redressement au cours de l’année 2021 (+3,4%), mais restent toutefois significativement inférieures au niveau observé en 2019 (130 Md CAD/89,5 Md € en 2021 contre 149,6 Md CAD/103 Md € en 2019), du fait notamment de la poursuite des restrictions sanitaires au Canada qui affectent le tourisme. La relative stabilité des importations de services entre 2020 et 2021 (132 Md CAD/90,9 Md €), notamment causée par la frilosité des Canadiens à voyager, a engendré une réduction du déficit de la balance des services au cours de la crise sanitaire : seulement 1,9 Md CAD (1,3 Md €) en 2021, après 18 Md CAD (12,4 Md €) en 2019 et 7,6 Md CAD (5,2 Md €) en 2020.

II/ Les secteurs de l'énergie et des biens de consommation dominent les échanges canadiens, tandis que les difficultés de l'industrie automobile soulignent les tensions sur les chaînes d'approvisionnement

La reprise des échanges de marchandises a été inégalement observée dans les différents secteurs de l’économie canadienne. Après une contraction sans précédent en 2020, liée au fort ralentissement de la demande mondiale et à l’effondrement des prix, les exportations de produits énergétiques ont atteint un niveau record en 2021 (+ 61,8%, soit 143,7 Md CAD/98,9 Md €) et confortent l’énergie en tant que premier poste d’exportations canadien, avec près d’un quart du total des exportations (Annexe 1). Les biens de consommation (13% du total, +14%) et les produits métalliques (11% du total, +19,2%) suivent en tant que 2ème et 3ème postes d’exportation. Autrefois secteur dynamique à l’export, l’industrie automobile canadienne poursuit le recul déjà observé en 2020, avec une baisse de 7,3% (60,9 Md CAD/41,8 Md €, soit 10% du total) au cours de l’année. Il s’agit du plus mauvais résultat à l’export depuis 2011 d’une industrie considérablement affectée par les pénuries de semi-conducteurs, la hausse du coût du fret maritime ou encore les pénuries de main-d’œuvre dans le secteur des transports, et qui a ainsi enregistré son niveau de production le plus faible depuis 1967 (1,1 million de véhicules contre 2 millions en 2019).

Les importations ont, au contraire, connu une évolution plutôt homogène d’un point de vue sectoriel. Les biens de consommation (135,1 Md CAD/92,9 Md €) demeurent le premier poste d’importations de l’économie canadienne (Annexe 2) et progressent de 7,3% en 2021. Malgré le contexte défavorable sur le marché automobile nord-américain, les importations de pièces et véhicules automobiles ont également progressé de 7,2%, probablement à des fins de stockage pour anticiper la poursuite des pénuries. Cette évolution de la balance commerciale du secteur automobile, sensible depuis 2016, souligne le recul structurel du Canada dans les chaînes de valeur de cette industrie, très intégrée à l’échelle du continent américain. Enfin, les importations de machines et pièces électroniques (74,3 Md CAD/51,1 Md €) ont progressé de 8,9% en 2021, retrouvant un niveau similaire à celui de 2019.

III/ Le commerce canadien reste fortement dépendant des Etats-Unis pour son approvisionnement comme pour ses débouchés, et de l'Ontario pour la production de marchandises 

Après un net recul (en valeur absolue) en 2020, le commerce avec les Etats-Unis a substantiellement progressé au cours de l’année 2021, rattrapant voire dépassant les niveaux observés avant la crise sanitaire. Les exportations vers les Etats-Unis (476,7 Md CAD/327,9 Md €, +24% par rapport à 2020) représentaient ainsi plus de 75% des exportations canadiennes en 2021 – aucun autre pays ne représente plus de 5% des exportations totales - tandis que les importations en provenance des Etats-Unis (297,6 Md CAD/204,7 Md €, +12,2%) ont représenté 49% des importations. La balance commerciale du Canada avec les Etats-Unis demeure donc largement excédentaire, et en nette progression par rapport à 2020 : 179,1 Md CAD (123,2 Md €, + 52%). Les produits énergétiques représentent notamment plus du quart des exportations canadiennes vers les Etats-Unis (129,1 Md CAD/88,8 Md €, +63,8%), suivis des biens de consommation et des produits de l’industrie automobile  (Annexe 3). Ces deux derniers secteurs concentrent par ailleurs plus de 35% des importations canadiennes en provenance des Etats-Unis (Annexe 4).

Comme en 2020, la Chine demeure le 2ème partenaire commercial du Canada (Annexes 5 et 6), tandis que les échanges avec l’Union européenne progressent légèrement mais demeurent inférieurs à ceux observés en 2019. Les exportations vers la Chine ont progressé (+13,8%, soit 28,8 Md CAD/19,9 Md €) et représentent près de 4,5% des exportations canadiennes, avec toutefois une balance très largement déficitaire puisque les importations en provenance de Chine représentent près de 14% des importations totales du pays, une proportion en constante progression depuis plusieurs années. Les autres principaux partenaires commerciaux du Canada sont le Mexique (3ème fournisseur, 5ème client), le Japon (5ème fournisseur, 4ème client), l’Allemagne (4ème fournisseur, 6ème client) et le Royaume-Uni (8ème fournisseur, 3ème client). L’Union Européenne est le seul marché en baisse pour les exportations canadiennes (46,4 Md CAD/32,1 Md €) avec un recul de 3,5%, tandis que les importations en provenance de l’Union européenne (75,2 Md CAD/52 Md €) ont progressé de 10,9%, retrouvant un niveau proche de 2019 et creusant l’excédent commercial européen vis-à-vis du Canada. La France est quant à elle le 9ème client et le 11ème fournisseur du Canada[1].

L’Ontario, qui représente 40% de la population et du PIB canadien, concentre 34% des exportations et surtout 61% des importations canadiennes, et reste le moteur principal du commerce canadien. L’Ontario s’appuie notamment sur les exportations de son industrie automobile (49,6 Md CAD/34,3 Md €, 25% des exportations de la province) et du secteur de la métallurgie (40,6 Md CAD/28,1 Md €, 21% des exportations de la province). Grâce au rebond du secteur énergétique (72% des exportations de la province), l’Alberta demeure le 2ème exportateur du pays, avec une hausse des exportations de plus de 50% par rapport à 2020, consolidant une balance commerciale largement excédentaire (107,8 Md CAD/74,5 Md €, +59,2%). Enfin le Québec reste un acteur important du commerce canadien, grâce notamment à ses produits métalliques et minéraux, à l’industrie manufacturière et au secteur forestier ; la Belle Province représente ainsi 17% des exportations et 14% des importations du pays.


[1] Les résultats du commerce bilatéral franco-canadien, bien qu’établis en base douanière des deux côtés, diffèrent sensiblement selon les estimations françaises ou canadiennes : selon les chiffres avancés par Statistique Canada, l’excédent français serait d’environ 3 Md CAD (2,1 Md €), tandis que les douanes françaises estiment le déficit français à près de 450 M € pour l’année 2021.