Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le gouvernement publie les chiffres définitifs de la croissance au Nigéria en 2021 ; Le Nigéria souhaite se concentrer sur la production de gaz naturel liquéfié (GNL) ; FMN, un des principaux conglomérats agroalimentaires nigérians, investira 170 M USD dans la filière sucrière ; Le britannique Savannah Energy signe un contrat de vente de gaz avec l’entreprise nigériane CHGC.

 

- Ghana : Le Ghana ne touche que 1,3% de la valeur de l’industrie mondiale du chocolat ; La Banque mondiale lance un nouveau cadre de partenariat pays de 4,5 Md USD pour le Ghana.  

 

 

Le chiffre à retenir:

+50,02%C’est la croissance des bénéfices enregistrée par les 19 principales entreprises au Nigéria ayant publié leurs comptes annuels. Elles représentent à elles seules 41,9% de la capitalisation boursière totale de la bourse de Lagos.

 

 

Nigéria

Le gouvernement publie les chiffres définitifs de la croissance au Nigéria en 2021

Le Nigéria a enregistré une croissance économique de +3,4% en 2021, le taux le plus élevé depuis 2014, d’après l’agence NBS. Le taux de croissance sur une année glissante au 4e trimestre 2021 s’établit à 4%. Le PIB réel a même augmenté de 9,6% entre T3 et T4, marquant un rebond net de l’activité économique au Nigéria.

L’année 2021 a notamment été marquée par un recul de la part de la production pétrolière dans le produit intérieur brut : elle recule d’un point pour s’établir à 7,2%, alors que la valeur ajoutée des secteurs pétrolier et gazier baissait de 8,3%. A l’inverse, les secteurs non pétroliers (92,8% du PIB) ont connu une croissance de 4,4%. Les services (53,6% du PIB) et l’agriculture (25,9%) ont été particulièrement dynamiques en 2021 avec des taux de croissance respectifs de +5,6% et +2,1%. Le secteur industriel connaît en revanche une légère baisse de son activité – de -0,5% - par rapport à l’année précédente.

Le Nigéria souhaite se concentrer sur la production de gaz naturel liquéfié (GNL)

Une semaine après la visite de Margrethe Vestager au Nigéria, lors de laquelle fut réitéré le principe selon lequel le gaz sera considéré, sous certaines conditions, comme une énergie de transition, le Président Buhari souhaite renforcer les capacités de production de GNL au Nigéria. Représenté à Doha lors du Forum des pays exportateurs de gaz par son Ministre des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, celui-ci a souligné que la loi sur l’industrie pétrolière (PIA) votée en 2021, en fixant un cadre législatif et fiscal plus explicite, devait permettre le renforcement du secteur gazier.

Le gouvernement compte également sur la mise en service d’un 7ème train de liquéfaction afin d’augmenter sa production annuelle à 30 millions de tonnes, mais aussi sur la construction du gazoduc Ajaokuta-Kaduna-Kano. Ce projet reliant le sud-est du pays à l’État de Kano au nord devrait permettre de transporter entre 100 et 140 millions de mètres cubes par jour. Une rencontre entre le ministre algérien de l’énergie et des mines et son homologue nigérian a de plus permis d’établir une feuille de route afin de prolonger à terme le gazoduc vers l’Algérie en passant par le Niger. Ce projet se trouverait toutefois en concurrence avec un autre gazoduc toujours à l’étude, qui ambitionne de relier le Nigéria au Maroc, en passant par 11 pays d’Afrique de l’ouest. 

Ces annonces sur le gaz interviennent dans un contexte de demande croissante pour le GNL, dont le commerce a augmenté de 6% en 2021 au niveau mondial selon un rapport publié par Shell.

FMN, un des principaux conglomérats agroalimentaires nigérians, investira 170 M USD dans la filière sucrière

Flour Mills Nigeria (FMN) a annoncé un investissement de 70 Md NGN (170 M USD) pour développer son domaine sucrier de l’État du Niger (Sunti Golden Sugar Estates, SGSE ; Ouest). La plantation de 22 000 hectares et l’usine SGSE, qui forment le domaine, peuvent fournir jusqu’à 1 million de tonnes de canne à sucre par an et 100 000 tonnes de sucre. Le conglomérat agroalimentaire est particulièrement actif dans ce secteur : en mai 2021, FMN a signé un accord d’une valeur de 300 M USD avec l’État de Nassarawa (Est) pour planter 15 000 hectares de canne à sucre et ouvrir une usine.

Le Nigéria est le deuxième marché sucrier du continent derrière l’Afrique du Sud, mais peine toutefois à atteindre l’autosuffisance. Depuis 2012, un Plan directeur national du sucre a été mis en place afin de stimuler la production nationale et ainsi réduire les importations grâce à des investissements locaux et étrangers. Si la capacité totale de raffinage a dépassé les 3,4 Mt en 2020, le pays ne produit que 75 000 tonnes de sucre par an.

En 2021, le Nigéria a importé 1,9 Mt de sucre brut, provenant à  85% du Brésil. Or, seuls les trois principaux raffineurs nationaux – Dangote Sugar (1er producteur), BUA Sugar et FMN – ont obtenu l’autorisation de la Banque centrale pour importer la matière première.

Le britannique Savannah Energy signe un contrat de vente de gaz avec l’entreprise nigériane CHGC

La Central Horizon Gas Company (CHGC), une co-entreprise entre l’État de Rivers et la compagnie nigériane Axxela, vient de signer un contrat de vente de gaz avec l’entreprise Accugas, filiale du britannique Savannah Energy. Celui-ci prévoit, pour une année renouvelable, la fourniture par Accugas de 5 millions de pieds cubes de gaz par jour (env. 141 000 mètres cubes) à CHGC. Une fois certains travaux réalisés par CHGC, le gaz pourra être acheminé depuis la station de réception de Ikot Abasi – propriété de Savannah Energy dans l’État d’Akwa Ibom – vers les infrastructures gazières de CHGC dans la région de Port Harcourt. Les premières livraisons devraient débuter au cours des douze prochains mois.

L’entreprise CHGC achemine du gaz naturel à ses clients présents à Port Harcourt grâce à 17 Km de gazoducs d’une capacité de 1,4 millions de mètres cubes par jour. Sa maison mère Axxela dessert, quant à elle, plus de 185 clients industriels et commerciaux dans tout le Sud du Nigéria, notamment à Lagos et Port Harcourt, via 260 Km de gazoducs. Savannah Energy opère notamment le champ Uquo, situé sur le bloc OML 13 dans l’État d’Akwa Ibom, qu’elle contrôle à 80% et qui a enregistré une hausse de 15% de sa production entre 2020 et 2021.

Pour rappel, début 2021, Savannah Energy avait déjà conclu un accord semblable avec l’égyptien Mulak Energy, pour une période de livraison de sept ans.

Ghana

Le Ghana ne touche que 1,3% de la valeur de l’industrie mondiale du chocolat

Le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, représente près de 30% de l’approvisionnement total des fèves de cacao – après la Côte d’Ivoire, qui représente 40% du marché mondial. Néanmoins, les données du Financial Times soulignent que moins de 2 Md USD sur un total de 130 Md USD provenant de l’industrie mondiale du chocolat vont au Ghana, ce qui ne représente que 1,3% de la valeur de l’industrie mondiale du chocolat.

Alors que la valeur du marché du chocolat au détail devrait atteindre 190 Md USD d’ici 2026, l’Autorité ghanéenne de promotion des investissements (GIPC) s’inquiète de la faiblesse des revenus du pays dans cette industrie. Celle-ci est notamment due à une industrie de transformation locale du cacao quasi-inexistante et un marché intérieur encore peu attractif. Si le Ghana tente d’instituer des pratiques de consommation de chocolat – célébration de la journée nationale du chocolat le jour de la Saint-Valentin depuis 2005 – la demande intérieure reste faible et les investissements dans la chaîne de valeur cacao insuffisants.

La Banque mondiale lance un nouveau cadre de partenariat pays de 4,5 Md USD pour le Ghana

Le conseil d'administration du groupe de la Banque mondiale a lancé un nouveau Cadre de partenariat pays (CPP) quinquennal pour le Ghana, de 2022 à 2026. Le CPP se concentrera en particulier sur les investissements relatifs à quatre grandes thématiques que sont le capital humain et la création d’emplois ; la diversification économique, la mise en place d’un système de santé résilient et la promotion d’une société plus verte et inclusive.

Lors du lancement du nouveau CPP, la Banque mondiale a souligné les progrès économiques et sociaux importants du Ghana sur les trente dernières années. Il a en effet atteint le statut de pays à revenu intermédiaire en 2011 grâce à une croissance économique supérieure à 5% en moyenne depuis le début des années 1990. De plus, la pauvreté a été réduite de moitié entre 1993 – elle touchait alors 52,7% de la population – et 2016 (23,4%). Néanmoins, le rythme de réduction de la pauvreté a ralenti ces dernières années et les inégalités ont même légèrement augmenté, en raison notamment de la crise de Covid-19.

Le CPP vise ainsi à soutenir un environnement économique plus diversifié et inclusif pour lutter contre ces dernières tendances.