Nouvelles économiques du Japon et de la Corée du Sud

 

 Lettre AGRO Japon – Corée

N° 59 - janvier - février 2022

 

  drapeau Japon

Sommaire

IMAGE DU MOIS :  Echouage de sardines congelées au nord de Hokkaido.

                                                Echouage de sardines congelées au nord de Hokkaido.

Source : Asahi TV News
Japon
  • Covid-19 : rétablissement du quasi-état d’urgence dans 34 préfectures face à la vague Omicron
  • Rebond des exportations agroalimentaires françaises vers le Japon en 2021
  • Entrée en vigueur du RCEP, premier accord de libre-échange associant le Japon et la Corée
  • Selon la Japan External Trade Organization (JETRO), les exportations sont essentielles pour accroître les revenus des agriculteurs
  • La sous-déclaration des captures de thon rouge serait une pratique répandue au Japon 
  • L’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène s’étend

 

Corée
  • Covid-19 : prolongement pour deux semaines des mesures de distanciation en Corée
  • Le candidat du parti au pouvoir aux élections présidentielles Lee Jae-Myung présente son programme dans le domaine agricole
  • Face à la hausse des prix des produits alimentaires, le gouvernement augmente les approvisionnements liés aux fêtes du nouvel an lunaire
  • La hausse des repas à domicile en 2021 dope les achats d’aliments en ligne, livraisons et plats préparés
  • Une dizaine de nouveaux foyers d’influenza aviaire hautement pathogène, toujours concentrés dans l’ouest du pays

 

 

Le chiffre du mois : + 13,8%

Augmentation des importations agroalimentaires en provenance de France en 2021, selon les douanes japonaises

 

Japon

a)Covid-19

Rétablissement du quasi-état d’urgence dans 34 préfectures face à la vague Omicron

 Alors que la 6e vague liée au variant Omicron continue sa progression (environ 100 000 nouveaux cas par jour la semaine du 7 février), le gouvernement a placé 34 préfectures sous le régime de « quasi-état d’urgence, qui permet aux gouverneurs d’instaurer des mesures de distanciation sociale renforcées (limitation des rassemblements, jauges dans la restauration). Afin de prévenir les perturbations sociales et économiques liées à l’absentéisme, la durée d’isolement des cas contacts est réduite de 10 à 7 jours, tout comme la quarantaine lors de l’arrivée au Japon. Les professionnels de certains secteurs jugés essentiels (police, santé, garde d’enfants) voient cette durée réduite de 6 à 5 jours. Le 13 février, le Premier ministre F. Kishida a toutefois indiqué que les règles de quarantaine et les restrictions d'accès au territoire pourraient être assouplies à compter de mars prochain. 

 

b) Actualité politique et économique

 

Rebond des exportations agroalimentaires françaises vers le Japon en 2021

 Selon les douanes japonaises, les importations en provenance de France progressent de 13,8% après avoir diminué de 13,6% en 2020 (soit une baisse globale de près de 2% par rapport à la situation d’avant COVID) et atteignent 2 043 MdY (1, 574 Md€) en 2021. Les effets de la crise sanitaire ont encore été perceptibles en 2021, avec une forte augmentation des ventes en commerce de détail mais une baisse drastique de la fréquentation des restaurants et des bars, des grands magasins ainsi que l’annulation des cérémonies. Le maintien, jusqu’en octobre 2021, d’un régime d’état d’urgence dans les principales agglomérations du Japon n’a pas permis un retour à la normale pour le secteur de la restauration hors domicile, important débouché des exportations françaises.

Le secteur des boissons, qui représente 62% des importations japonaises de produits agricoles et agroalimentaires français, progresse de 13,7% et atteint 126 MdY (971 Mds€), proche de son niveau record atteint en 2019. Les ventes de vins pétillants, qui avaient chuté de 25% en 2020, progressent de 26% en valeur, pour 11% en volume, indiquant une forte hausse du prix moyen ; celles des vins tranquilles augmentent de 15% en valeur et diminuent de 1% en volume. La France reste le premier fournisseur du Japon en valeur (59% de parts de marché, +4 points). Les parts de marché françaises progressent également en volume (25%, +2 points), désormais proches de celles du Chili (26%, -4 points), qui reste le 1er fournisseur en volume, bien qu’en net recul sur un an. Les eaux minérales (-33%) comme les alcools distillés (-16%) sont en revanche en baisse pour la deuxième année consécutive.

L’alimentation pour animaux, deuxième poste du secteur, recule fortement en volume (-15%) mais progresse de 2% en valeur, à 13 MdY (100 M€).

Les ventes de produits laitiers progressent de 8% sur un an et atteignent 12,8 MdY (98,6 M€), en raison d’une forte progression des ventes de fromages (+14%, après -4% en 2020) ; les importations de beurre français diminuent de 14% en valeur sur la période.

Les produits de boulangerie, viennoiserie, pâtisserie et biscuits enregistrent une hausse de 42% en valeur, pour atteindre 11,8 MdY (91) M€.

Les ventes de viandes et de produits à base de viande, qui avaient reculé de 15% en 2020, augmentent de 15% et atteignent 80 M€. La viande de porc, notamment, affiche une hausse de 10% (60 M€) et les exportations de volailles, fortement affectées par les épidémies d’Influenza aviaire en 2020 et 2021, se redressent néanmoins de 8% (8M€). Source : Douanes japonaises

 

Entrée en vigueur du RCEP, premier accord de libre-échange associant le Japon et la Corée

 Déjà en vigueur depuis le 1er janvier pour la plupart des pays signataires, le Regional comprehensive economic partnership (RCEP), associant 11 pays d’Asie dont la Chine, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, s’applique également en Corée depuis le 1er février.

La diminution des droits de douane sur les produits agricoles, forestiers et de la pêche entre le Japon et la Corée s’établit à 49%, soit un niveau plus faible que celui consenti par le Japon dans le cadre du Partenariat Trans-Pacifique (TPP) et de l'APE UE-Japon (82% dans les deux cas). La baisse de droits entre le Japon et la Chine dans le cadre du RCEP est quant à elle de 56%.

Ce niveau de réduction limité s’explique par la demande du Japon d’exclure du RCEP les "cinq produits essentiels " (riz, blé, viande de bœuf et porc, produits laitiers et « produits sucrés »), ainsi que la volaille. Dans le cas de la Corée en particulier, les légumes ont été exclus en raison de la concurrence avec les produits nationaux (cf. lettre agro de décembre 2021). Certains fruits, tels que les poires et les pêches, verront leurs droits de douane éliminés mais le ministère de l’agriculture japonais  précise que les importations de ces produits, aujourd’hui nulles, ne devraient pas augmenter sensiblement. Source : AgrinewsNHK World

 

Selon la Japan External Trade Organization (JETRO), les exportations sont essentielles pour accroître les revenus des agriculteurs

 Selon Mitsuhito Sendai, vice-président exécutif de JETRO, il est possible pour le Japon d’atteindre l’objectif fixé par le gouvernement d’exporter des produits agroalimentaires pour un total de 5 000 MdY (38 Md€) en 2030, voire doubler cet objectif compte tenu de l’augmentation générale des exportations en 2021 (+28%).

Pour ce faire, M. Sendai propose de lancer un programme permettant aux petits exportateurs de se concentrer davantage sur les marchés étrangers, la participation aux salons, et le développement de projets numériques pour faciliter les transactions à distance. JETRO prévoit d’allouer 4 milliards de yen à la réalisation de ce programme en 2022.

Pour mémoire, le Japon s’est doté d’objectifs ambitieux en matière d’exportations agricoles : 1 MdY en 2020 (finalement atteint en 2021), 2 MdY en 2025 et 5 MdY en 2030. La stratégie de soutien aux exportations repose sur quelques productions ciblées à haute valeur ajoutée (bœuf Wagyu, saké, thé, fruits). Elle implique un soutien financier aux producteurs, un effort d’ouverture de marchés et d’adaptation aux normes internationales, ainsi qu’une réorganisation des services de soutien à l’exportation au sein du ministère de l’agriculture japonais et des services à l’étranger (Cf. lettre agro de décembre 2021). Source : Agrinews

 

La sous-déclaration des captures de thon rouge serait une pratique répandue au Japon

 En vertu des règles internationales imposées par la Western and Central Pacific Fisheries Commission dont le Japon fait partie, la pêche des thons est soumise au respect de quotas établis par l’Agence des pêches du Japon et répartis par préfecture.

10 tonnes de thon rouge d’Oma, pêché au large de la préfecture d’Aomori, ont cependant été expédiées sans être signalées en novembre dernier et ce cas serait, selon un officiel du gouvernement, « la pointe de l’iceberg ». Les professionnels craignent que ce cas nuise au thon en provenance d’Oma, parmi les plus réputés au Japon.

Pour empêcher les produits illégaux d’entrer sur le marché, l’Agence des pêches a introduit en décembre un système qui obligera les opérateurs à tenir des registres de leurs transactions. Toutefois, le nouveau système ne couvrira pas les registres relatifs au thon rouge, mais uniquement ceux relatifs à l’ormeau et aux autres espèces présentant un risque élevé de braconnage, en dépit des critiques croissantes de la part de la communauté internationale et de certains acteurs japonais. Source :  Japan Times

 

c) Actualité sanitaire et phytosanitaire

L’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène s’étend

 Neuf nouveaux foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), répartis dans quatre régions différentes, ont été notifiés en janvier par le Japon (souche virale H5N1). Trois foyers concernent la préfecture d’Ehime (à l’ouest de l’île de Shikoku) et sont reliés épidémiologiquement à un quatrième élevage. Un foyer est localisé dans la préfecture de Kagoshima (au sud de l’île de Kyushu). Deux foyers ont été détectés dans la préfecture de Chiba, un dans la préfecture d’Ibaraki et deux enfin dans la préfecture de Saitama. Ces trois derniers foyers d’Ibaraki et Saitama sont par ailleurs liés à l’un des foyers de la préfecture de Chiba. Le Japon compte désormais 20 foyers d’IAHP dans des élevages et plus d’1 million de volailles ont été abattues. A noter qu’Ibaraki,  Kagoshima et Chiba sont, par ordre décroissant, les trois premières préfectures en terme de production d’œufs, et que Kagoshima se classe au second rang pour la production de viande de volaille (derrière Miyazaki). Côté faune sauvage enfin, 24 oiseaux ont été retrouvés un peu partout dans le pays, contaminés par plusieurs types de souches d’IAHP : H5N1, H5N3, H5N8 et H7N7. Source : OIE, MAFF

 

Corée du Sud

a)Covid-19

Prolongement pour deux semaines des mesures de distanciation en Corée

 Le nombre de nouveaux cas quotidiens de COVID-19 a atteint 50 000 le 9 février et les autorités, qui craignent une accélération suite aux festivités du nouvel an lunaire, ont annoncé prolonger les mesures de distanciation sociales de deux semaines, jusqu’au 20 février. Le gouvernement prévoit néanmoins d’alléger graduellement les restrictions après cette date même si les contaminations poursuivent leur hausse, sous réserve que les capacités hospitalières soient suffisantes et que le nombre de morts reste stable. Les autorités sanitaires ont annoncé que le nombre quotidien de contaminations pourrait atteindre 170 000 d’ici la fin du mois de février.

 

b)Actualité politique et économique

Le candidat du parti au pouvoir aux élections présidentielles Lee Jae-Myung présente son programme dans le domaine agricole

 Lee Jae-Myung a annoncé vouloir « reconnaître limportance de lagriculture en Corée et œuvrer activement à son développement en lincluant dans la stratégie de croissance nationale ». Le développement du secteur agricole doit permettre de renforcer l’autonomie alimentaire du pays, en visant un taux d’autoapprovisionnement de 60%. A l’heure actuelle, la Corée ne produit que 46% de sa consommation de produits alimentaires et le ministère coréen de l’agriculture s’est fixé un objectif de 55% en 2022 (cf. lettre agro de septembre 2021).

Pour ce faire, le candidat promet de mettre en place un revenu minimum allant jusqu’à 1 million de won (730€) destiné aux « résidents des villages d’agriculteurs et des pêcheurs ». Le programme complet de soutien au secteur agricole pourrait représenter 5% du budget gouvernemental et des travaux seraient réalisés pour améliorer la qualité de l’immobilier, de l’éducation et des soin aux personnes âgées dans les zones rurales.

Lee Jae-Myung s’est également engagé à créer des « villages énergétiques » dont l’objectif serait de produire et vendre des énergies renouvelables, et de reverser l’intégralité des recettes aux agriculteurs sous la forme d’une pension. Les élections présidentielles se tiendront le 9 mars 2021. Source : Yonhap

 

Face à la hausse des prix des produits alimentaires, le gouvernement augmente les approvisionnements liés aux fêtes du nouvel an lunaire.

 En 2021, les prix à la consommation en Corée du Sud ont augmenté de 2,5%, rythme inédit depuis 10 ans. Les prix sont tirés par la hausse des coûts de l’énergie mais également des produits de l’agriculture et de la pêche, qui s’établit à 8,7% sur un an. Les plus fortes hausses concernent les œufs (+41%, en raison de l’épizootie d’influenza aviaire), ainsi que les oignons (+38%). Le porc augmente de 11% sur l’année, le bœuf de 8%. La hausse des cours des matières premières, des produits importés (viande notamment) et le dynamisme de la demande intérieure expliquent cette accélération de l’inflation. Les prix de plusieurs produits de la mer sont également en forte hausse en raison de prises en recul en fin d’année et d’une diminution de la production piscicole dont les acteurs n’ont pas anticipé le rebond de la consommation.

Afin de maîtriser la pression inflationniste, le gouvernement a prévu d’augmenter l’approvisionnement en produits alimentaires clés nécessaires à la préparation des vacances du Nouvel An Lunaire se déroulant du 31 janvier au 2 février, en s’engageant à fournir une quantité record de 204 000 tonnes de denrées alimentaires liées à ces festivités (choux napa, bœuf, porc…).

Malgré une inflation des prix à la consommation dépassant 3% pour le troisième mois consécutif en décembre, la Banque de Corée vise à maintenir l’inflation annuelle à 2% à moyen terme. Le ministère des finances s’attend pour sa part à ce que les prix à la consommation augmentent de 2,2% en 2022. Source : Yonhap

 

La hausse des repas à domicile en 2021 dope les achats d’aliments en ligne, livraisons et plats préparés.

Tirées par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19, les ventes en ligne de produits alimentaires ont atteint 58,5 trillions de KRW (43 Md€). Les ventes réalisées via smartphone ont progressé de 40% et représentent 84% du marché, les commandes sur internet augmentant de 13%.

Les livraisons à domicile progressent de 48% sur un an et atteignent 25,7 trillions de KRW (18 Md€), soit un niveau multiplié par neuf en quatre ans.

Le marché des plats préparés achetés en magasins, enfin, est également en forte croissance depuis quatre ans. Les ventes de « plats de remplacement à domicile », selon la terminaison coréenne, ont représenté 2 trillions de KRW (1,46 Md€) en 2020, en hausse de 18,7% par rapport à 2019 et en hausse de 145% depuis 2016, tirées par la pandémie de COVID-19 et le développement du réseau de magasins de proximité (« convenience stores »). Source : Yonhap, Yonhap, Korea Herald

 

c) Actualité sanitaire et phytosanitaire 

Une dizaine de nouveaux foyers d’influenza aviaire hautement pathogène, toujours concentrés dans l’ouest du pays

 Ces nouveaux foyers en élevage, qui portent le total à 26 depuis le début de l’épizootie en novembre 2021, ont été détectés à Hwaseong (40 km au sud de Séoul) Cheonan (92 km au sud de Séoul) et Buan (280 km au sud de Séoul) et sont tous reliés à la souche virale H5N1. Les cas en faune sauvage se concentrent aussi à l’ouest mais certains ont été détectés dans le sud-est du pays. Ils sont tous reliés à la souche virale H5N1, à l’exception d’un oiseau sauvage porteur de la souche H5N8.

Le cheptel de poules pondeuses, qui s’était effondré suite à l’épizootie d’IAHP de 2020-2021, a été reconstitué et a même dépassé au dernier trimestre 2021 les chiffres enregistrés pour le même trimestre de 2020 (72,61 millions de poules pondeuses, soit une hausse de 33 000 têtes), ce qui devrait permettre d’éviter la flambée des prix des œufs enregistrée en 2021. Le cheptel de palmipèdes est lui en baisse (6,75 millions au T4 2021, soit une baisse de 1,17 million). Le cheptel bovin enregistre enfin une augmentation de 160 000 têtes (3,55 millions en tout), tout comme le cheptel porcin (+139 000 têtes, soit 11,2 millions en tout). Source : Yonhap, OIE, MAFF

 

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Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

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