Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le montant des prêts bancaires au secteur public triple en seulement 5 ans ; La Banque Centrale poursuit sa politique de soutien à la production locale de riz ; La Nigerian National Petroleum Corporation reçoit un prêt de 5 Mds USD de l’Afreximbank pour soutenir l’industrie pétrolière ; L’usine Dangote débute l’assemblage de véhicules Peugeot dans le Nord du Nigéria.

 

- Ghana : Le Ghana reçoit une subvention de 27,39 M USD pour investir dans les énergies renouvelables ; La Banque de développement du Ghana a été officiellement lancée avec un capital initial de 750 M USD.

 

 

Le chiffre à retenir:

694 000 : C’est le nombre de téléchargements, en seulement 95 jours, de l’application d’utilisation de la eNaira, crypto-monnaie officielle créée par la Banque Centrale du Nigéria.

 

 

Nigéria

Le montant des prêts bancaires au secteur public triple en seulement 5 ans

Les crédits bancaires au secteur public ont augmenté d’environ 182% en valeur entre décembre 2016 et décembre 2021. L’encours de l’exposition bancaire au public est donc passé de 4 880 Md NGN (11,7 Md USD) à 13 720 Md NGN (33 Md USD) à la fin de l’année dernière, selon les données de la Banque Centrale du Nigéria.

Si les banques commerciales nigérianes prêtent toujours majoritairement au secteur privé (70% des crédits distribués en 2021), leur progression reste moins forte, de 62,5% entre 2016 et 2021.

Cette évolution en faveur de la dette publique traduit l’appétence du secteur financier pour les obligations souveraines, au rendement élevé. Cette tendance traduit également le souhait des autorités de confier de manière croissante au secteur privé la conduite de projets d’investissements publics. Enfin, le gouvernement entend privilégier les emprunts en nairas par rapport à ceux en devises, compte tenu du risque de change. Le recours aux emprunts en devises reste néanmoins indispensable, compte tenu des besoins particulièrement élevés en financements et de la nécessité de maintenir les réserves de change à un niveau suffisant. Toutefois, si la dette publique nigériane reste maîtrisée (36% du PIB), le poids du service de la dette sur les finances publiques, environ 76% en novembre 2021, suscite quelques inquiétudes.

La Banque Centrale poursuit sa politique de soutien à la production locale de riz

La Banque Centrale du Nigéria a inauguré ce 2 février, une usine de traitement de riz dans l’Etat de Kano. Cette usine, d’un coût de 15 Md NGN (36 millions USD) a été construite dans le cadre du programme Anchor Borrowers Program (ABP) de la CBN, lancé en 2015. Pour rappel, ce programme a pour but de soutenir certaines productions agricoles locales afin de diminuer les importations et ainsi de réduire le déficit commercial tout en soutenant la Naira.

Cette usine, d’une capacité de production de 420 tonnes par jour, est la première d’une série de 10 inaugurations similaires prévues pour cette année. L’augmentation du nombre d’usines de traitement de riz, passant de moins de 10 en 2015 à 68 aujourd’hui, a permis au Nigéria de multiplier sa capacité de production par plus de 8, de 350 000 tonnes à 3 millions, selon le gouverneur de la CBN.

Le Nigéria est le premier producteur de riz du continent, mais reste également, malgré cette politique de la banque centrale, le premier importateur de céréales en Afrique, parmi lesquelles 2 millions de tonnes de riz blanchi par an.

La Nigerian National Petroleum Corporation reçoit un prêt de 5 Mds USD de l’Afreximbank pour soutenir l’industrie pétrolière

La Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) a annoncé avoir obtenu de l’Afreximbank un prêt de 5 Mds USD, qui doit lui permettre d’accroître significativement ses investissements avec l’acquisition d’actifs de qualité (en particulier par l’exercice de son droit de préemption lors du désengagement de partenaires). Cet accord a été rendu possible par le changement de statut de la NNPC, devenue une société commerciale dans le cadre du Petroleum Industry Act d’août 2021, dont la mise en œuvre a toutefois été reportée de 18 mois.

Les investissements auxquels la NNPC pourra procéder devraient permettre de stimuler la production pétrolière et gazière locale. En décembre 2021, le Nigéria, qui disposait d’un quota OPEP de 1,7 millions de barils/jour, n’en a produit que 1,2 millions.

L’usine Dangote débute l’assemblage de véhicules Peugeot dans le Nord du Nigéria

Détenue en majorité par le groupe Dangote, associé au groupe Stellantis, maison-mère de la marque Peugeot, et aux Etats fédérés de Kaduna et Kebbi, la co-entreprise Dangote Peugeot Automobile Nigeria (DPAN) a débuté l’assemblage de ses premiers véhicules.

Racheté à la Asset Management Corporation of Nigeria en 2017 et renommé Green Field Ultima Assembly Plant, le site de production, situé à 130 Km au Nord d’Abuja, dans l’Etat de Kaduna, dispose d’une capacité de 120 véhicules par jour sur deux rotations quotidiennes. Il produit pour l’heure les modèles Land Trek (pick-up), 3008 (tout terrain), 5008 (SUV) et le nouveau modèle 508 (berline).

La marque dispose d’une image positive au Nigéria, héritée de sa présence historique : l’usine de Kaduna a été construite en 1972, et a produit jusqu’à 90 000 unités par an au début des années 1980, avant que les avantages fiscaux accordés à l’activité d’assemblage local et la conjoncture économique ne donnent définitivement la priorité à l’importation de véhicules assemblés. Aujourd’hui, le marché est dominé par les véhicules d’occasion, les véhicules neufs ne dépassant pas 20 000 immatriculations par an sur un marché dont la demande reste très faible au regard de la population (720 000 unités). Le Nigéria compte actuellement moins de 12 millions de véhicules, soit 57 véhicules pour 1 000 habitants, taux trois fois inférieur à celui observé en Afrique du Sud.

Ghana

Le Ghana reçoit une subvention de 27,39 M USD pour investir dans les énergies renouvelables

Le Fonds africain de développement (FAD), guichet concessionnel de la Banque africaine de développement, a approuvé une subvention de 27,39 M USD au Ghana afin d’investir dans la production et le stockage d’énergie renouvelable. Ce projet prévoit le développement de 35 mini-réseaux ainsi que de systèmes solaires photovoltaïques autonomes dans des écoles, des centres de santé et des centres de services énergétiques communautaires dans la région du lac Volta. Il permettra également de déployer jusqu'à 12 000 unités de systèmes solaires photovoltaïques sur les toits d'institutions publiques, de PME et de certains ménages.

Ce projet est cofinancé par Scaling Up Renewable Energy Program, programme de financement du Fonds d’investissement climatique, à hauteur de 28,49 M EUR et par la Suisse à hauteur de 13,30 M USD. Il contribue à soutenir les objectifs du Ghana d'accès universel à l'électricité et d’atteindre 10% d'énergies renouvelables d'ici 2030. Ce taux de renouvelables dans le mix énergétique ghanéen est actuellement de 1%.

La Banque de développement du Ghana a été officiellement lancée avec un capital initial de 750 M USD.

Après deux reports de son lancement en 2021, la Banque de développement du Ghana (DBG) est opérationnelle. Ce nouvel établissement financier s’inscrit dans le cadre de la volonté du Ghana de financer son propre développement et de s’autonomiser de l’aide extérieure – via le programme Ghana Beyond Aid. Le lancement de la DBG vise à remédier aux carences en matière de financements des PME et ETI ghanéennes, à travers des lignes de crédits à long-terme et des garanties (individuelles ou de portefeuille) auprès des banques commerciales. Pour rappel, les taux d’intérêts sont extrêmement élevés au Ghana, le taux moyen pour un crédit bancaire étant de 21%.

La DBG a une capacité d’investissement de 750 M USD, avec des fonds provenant du gouvernement ghanéen ainsi que d’institutions partenaires, dont la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, la KfW et la Banque africaine de développement. Alors que la Banque africaine de développement siégera au conseil d’administration, la Banque mondiale et KfW auront le statut d’observateur.

Par le biais de processus de sélection ouvert et compétitif coordonné par PwC Ghana, le gouvernement a nommé d’une part un conseil d’administration de sept membres et d’autre part M. Kwamina DUKER comme PDG de la Banque.