Le Qatar s’est engagé, depuis 2009, à développer son réseau de transports urbains : réseau routier, métro, tramways et réseau de bus. Ces projets, qui s’inscrivent dans le cadre de la Coupe du Monde de Football 2022, constituent un enjeu majeur pour le Qatar, lequel n’avait, jusqu’alors, qu’un réseau réduit de bus pour moyen de transport en commun. Ces projets participent à mettre en lumière l’expertise française dans le domaine des transports urbains.

1) L’avancement des projets de transports urbains constitue une priorité en amont de la Coupe du monde

La mobilité urbaine constitue un enjeu important pour le Qatar, où les systèmes de transports urbains demeuraient jusqu’à récemment encore peu développés. Dès 2009, le Qatar a lancé un projet de développement du réseau ferroviaire afin de combler le manque de moyens de transports publics. C’est néanmoins surtout dans le cadre de la préparation de la Coupe du Monde de Football 2022, que le Qatar a fait l’objet de nombreux projets de modernisation dans les transports et de développement de nouvelles mobilités.

Les investissements dédiés aux projets de transports sont conséquents. Parmi les projets emblématiques, certains estiment le coût du métro de Doha et le Tramway de Lusail à près de 40 Mds USD. Ces dépenses sont à la mesure du défi qu’entend relever le Qatar : la création ex nihilo d’un réseau urbain multimodal intégré, adapté au climat et reposant sur les technologies les plus récentes.

Une multitude d’acteurs rend difficile l’interopérabilité du réseau. Les projets routiers sont supervisés par l’Autorité des travaux publics Ashghal, rattachée au ministère des Municipalités alors les autres projets sont eux placés sous l’autorité du ministère des Transports et des Communications. Trois acteurs publics contribuent au développement de ce réseau. L’entreprise d’Etat Qatar Rail supervise et commandite deux projets emblématiques, le métro de Doha et le tramway de Lusail. Les tramways d’Education City et de Msheireb font par contre l’objet d’une gestion indépendante par la Qatar Foundation, propriétaire de ces développements. Enfin, le réseau de bus est quant à lui supervisé par l’entreprise publique Mowasalat. Un plan directeur pour les transports urbains reste nécessaire afin d’accroitre l’interopérabilité notamment en vue de la Coupe du Monde.

 2) Principaux investissements du Qatar dans les transports urbains

Le Qatar a massivement investi dans son réseau routier par la construction d’un réseau routier moderne, dense et complexe. Le Qatar a notamment mis au point deux programmes complets, intitulés « Doha Expressway Programme » et « Local Roads » visant à faciliter grandement les transports à l’intérieur comme à l’extérieur de Doha (le premier projet prévoyait ainsi la construction de 800 km de routes). La construction des principales =infrastructures routières est aujourd’hui achevée et il faut s’attendre à un ralentissement net de nouveaux projets routiers. Les principales réflexions portent désormais sur la maintenance du réseau actuel, et l’amélioration du trafic à Doha. Dès lors, des opportunités dans l’exploitation et l’opération du réseau routier sont à envisager dans les années à venir.

Le métro de Doha, un ouvrage déployé en peu de temps et qui bénéficiera de nouvelles extensions : le métro est opérationnel depuis fin 2019 la phase 1 du projet de métro portait sur la construction de 3 lignes automatiques (rouge, verte et or) d’une longueur totale de 84 km (surface et souterrain) et comprenant 37 stations. Ces trois lignes desservent les stades de la Coupe du monde.  La fréquentation du métro progresse, même si elle a été affectée par les mesures sanitaires mises en œuvre dans le cadre de la pandémie de covid-19. Les autorités qatariennes envisagent d’ores et déjà une extension de ce réseau de métro.

Un premier tronçon du tramway de la ville nouvelle de Lusail a été mis en service le 1er janvier 2022 (six arrêts souterrains sont d’ores et déjà utilisables). Au final, ce tramway comprendra 4 lignes et 25 stations, d’une longueur de 28 km (dont 10 en souterrain). L’ouverture intégrale du tramway est espérée d’ici le lancement de la Coupe du Monde, fin 2022. 28 tramways devraient circuler.

Deux tramways plus modestes ont également été déployés et en activité depuis fin 2019 : sur le campus d’Education City (propriété de la Qatar Foundation), une ligne de 12 km devrait relier 25 stations au métro en deux points. Par ailleurs, la smart city de Mshreieb, est traversé par un tramway long de 2 km et comprenant 9 stations. Le projet est développé par Mshreieb Properties, également une filiale de Qatar Foundation.

La compagnie en charge du réseau de bus, Mowasalat, prévoit de monter en puissance en déployant sa nouvelle flotte de plusieurs milliers de bus, qu’elle a en partie électrifiée en prévision de la Coupe du Monde.

Ces projets mobilisent plus d’une dizaine d’entreprises françaises et participent ainsi à mettre en lumière l’expertise française dans les domaines des transports urbains, que ce soit dans l’ingénierie (Egis, Systra, Arep), dans la construction (Vinci), dans la fourniture de matériel roulant (Alstom), dans la signalisation (Thales) mais aussi dans l’opération d’actifs. En effet, le consortium RKH Qitarat, Joint-venture de RATP Dev/Keolis (groupe SNCF) et Hamad Group a remporté le contrat d’exploitation du métro de Doha et du tramway de Lusail en décembre 2017.

Au-delà des extensions du réseau de transports en commun ferré, les solutions de « dernier kilomètre » constituent des opportunités. Le transport des usagers de la station de transports en commun jusqu’à sa destination finale est un sujet stratégique dans un pays où le climat et les infrastructures découragent la marche à pied.

A la suite de la réconciliation entre le Qatar et les pays du Quartet début 2021, les pays du CCEAG ont relancé les discussions relatives à la construction d’un réseau de chemin de fer entre le Qatar et ses voisins (annonce en janvier 2021 de la création d’une « GCC Railways Authority » ).